dimanche 10 juillet 2011

[Festival] Inside Paris Cinéma 2011 # 5


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Vendredi 8, l’avant-première de « Michael », pourtant auréolé d’un parfum de souffre depuis sa
projection cannoise, montrait des rangs très clairsemés dans la salle 12 du MK2 Bibliothèque… Pour raconter le quotidien d’un pédophile avec sa jeune victime à domicile, le cinéaste autrichien
Markus Schleinzer utilise un style froid et clinique. On a certes un peu l’impression d’assister à du sous-Haneke, à une forme d’imitation bien moins puissante et signifiante dans le geste, mais
le film a pourtant le mérite (ou le malheur ?) de poser la question des limites du geste cinématographique, notamment à travers une scène dont on ne sait pas s’il faut rire ou être horrifié,
lorsque l’acteur présente son sexe à l’enfant ainsi qu’un couteau et lui demande ce qu’il préfère qu’il lui « enfonce »… L’enfant répond qu’il préfère le couteau. Inconfort ou éclat de rire :
difficile de prendre parti…

La compétition était décidément placée sous le signe de la lesbienne cette année, puisque après « La ballade de Genesis et Lady Jaye », « Voltiges » et dans une moindre mesure « Sur la planche »
(mais là, c’est un peu comme un film lesbos qui ne s’assumerait pas vraiment, dans la mesure où les scènes de sexe ont probablement été coupées au montage…), c’est encore une histoire de filles
que « En secret » nous offrait à mater… Une très jolie histoire, d’ailleurs, même si le spectacle ce soir là se situait plutôt
dans la salle après la projection, avec un débat quasi surréaliste avec la réalisatrice et l’actrice principale… Les questions du public avaient en effet de quoi déstabiliser : entre un monsieur
accusant presque l’actrice d’être une mauvaise musulmane en jouant un tel rôle et un autre voulant visiblement obtenir son téléphone (il faut dire, c’est vrai, qu’elle est plutôt mignonne…), même
le petit propriétaire d’habitude rigolo de la Filmothèque s’y est mis en remettant en cause avec véhémence la connaissance de l’Iran par la
réalisatrice… Ahurissant !

Le samedi 9 fut une drôle de soirée aussi, dans la mesure où j’ai enchaîné deux films tellement différents, pour ne pas dire opposés, que j’en suis ressorti dans un drôle d’état
! Le premier film (et dernier de la compétition), « La guerre est déclarée », est passé comme une lettre à la poste… Une pure
merveille de mise en scène, un sujet grave traité avec humour et intelligence, et surtout un couple d’acteur-réalisateur-scénariste dont on ne peut qu’être ému ou même tomber littéralement
amoureux ! Après la trépidante « Reine des pommes », la pétillante
Valérie Donzelli et l’attachant Jérémie Elkaïm reviennent avec un film très personnel, mettant en scène
le combat de jeunes parents contre le cancer de leur enfant… Rempli d’émotions et de trouvailles formelles, le film sera certainement un des grands évènements de la rentrée. Les deux
protagonistes étaient d’ailleurs présents et en grande forme pour parler de leur long métrage (Jéréminou s’était même coupé les tifs pour l’occasion, une idée de Valérie pour laquelle je vote
d’ailleurs "pour", puisqu’elle nous a demandé notre avis…)

Je n’ai malheureusement pas pu assister à l’intégralité du débat puisqu’il me fallait rejoindre l’avant-première du nouveau film de Lars Von Trier. Séance complète depuis mercredi (jour de
l’ouverture de la billetterie !), j’ai pourtant pu observer autour de moi des sièges vides par dizaines : honte à tous ces gens qui réservent sans savoir s’ils viendront finalement, prenant alors
la place à tous les pauvres hères qui n’ont pas pu rentrer le jour même… Quoi qu’il en soit, je suis sorti de la séance complètement vidé, pour ne pas dire déprimé : « Melancholia » inciterait à la dépression, ça ne paraît en effet pas incohérent… Je reviendrai bien sûr plus largement sur le
film prochainement (quand je l’aurai un peu mieux digéré), mais le voir juste après « La guerre est déclarée » fut une expérience très étrange, comme si à la force combattive et pleine d’espoir
du film de Donzelli répondait cette poche pleine de pénombre et de désespérance qu’est le film de Lars Von Trier… Ma soirée fut comme un grand mouvement d’abord ascendant puis descendant. Je ne
dirai pas que j’ai été déçu d’un cinéaste qui gardera toujours une grande place dans ma cinéphilie, mais je conserve pour l’instant une drôle d’impression et une boule de « mélancolie » au fond
de moi, qui grossit d’heure en heure et finira peut-être par me révéler des choses incroyables… Un film qu’il conviendra sûrement de revoir loin de la boulimie d’images que m’impose le festival
!

Dimanche 10 au petit matin, j’ai délibéré avec tous mes petits camarades du Jury des
blogueurs et du web
: Thomas (from "Independencia", c'est marqué sur son t-shirt !), Mathieu,
Nicolas (l'éternelle "star" number one sur Wikio !), Sylvain, Medhi
(enfin, je crois…) et Fabien (à la moustache évanescente). Je ne vous dirai bien sûr rien des vifs débats auxquels nous nous sommes livrés pour élire le
film qui recevra le prix lors de la cérémonie de clôture lundi soir, ni du véritable pugilat dans lequel nous nous sommes vautrés pour nous mettre d’accord : sept garçons virils comme nous, toute
cette testostérone, vous vous doutiez bien que ce ne serait pas sans un peu de violence… C’est les visages en sang et le rein de Medhi sur la planche que l’on a échangé quelques mots avec
Charlotte Rampling après ça (elle était là pour influencer aider à délibérer le Jury des étudiants), et c’était rudement chouette !

Rendez-vous maintenant lundi 11 à 20h pour la clôture du festival Eh oui, déjà ! Moi qui commençais pourtant à bien m’habituer à avoir
mon fauteuil réservé dans les salles de cinéma… Le rêve commence déjà à s’évaporer, c’est trop triste tout ça !



 



Les étoiles du Festival :



- Michael, de Markus Schleinzer (Autriche, 2011)
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- J’ai rencontré le Diable, de Kim Jee-woon (Corée du Sud, 2011)
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- Melancholia, de Lars on Trier (Danemark, 2011)
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- Polisse, de Maïwenn (France, 2011)
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Précédemment :



- Inside Paris Cinéma 2011 # 0 : la conférence de presse



- Inside Paris Cinéma 2011 # 1 : la soirée d'ouverture (avec le film "Polisse")



- Inside Paris Cinéma 2011 # 2 : la Nuit du cinéma et les débuts de la compétition



- Inside Paris Cinéma 2011 # 3 : Toujours la compétition et Gael Garcia Bernal



- Inside Paris Cinéma 2011 # 4 : Charlotte Rampling, du bis, "Plastic man" et un superbe
"Absent"































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3 commentaires:

  1. Euh, Voltiges est un film lesbien comme moi je suis arabe quand je mange un couscous !

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  2. C'est marrant ta réaction vis à vis de Melancholia, j'ai eu un peu la même en plein festival de Cannes. Ai-je apprécié le film à sa juste valeur ? Après plusieurs semaines, j'ai tranché : non, je
    n'aime pas le nouveau LVT qui impose son mal être dans les moindres recoins de son cinéma. Il faut un jour passer à autre chose, donner une autre vision du monde, même s'il est doit être
    pessimiste.

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  3. ben je l'aime, hein, mais moins que du lars von trier d'habitude, c'est ça qui me perturbe... et d'avoir vu un truc aussi dépressif juste après un film qui donne du peps ça fait très bizarre...
    mais je retournerai le voir pour etre sur ! :)

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