jeudi 28 juillet 2011

[Critique] La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli



guerre est declaree



La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli
(France, 2011)



Sortie nationale le 31 août 2011



Note :
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Prix du Jury, Prix des blogueurs et du web, Prix du public au
Festival Paris cinéma
2011



 



Avec le sujet de ce second film (après la ludique et électrique « Reine des pommes »), qui touche d’ailleurs à l’intimité du couple qu’elle
forme avec Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli avait quand même de quoi complètement plomber l’ambiance.
Elle y évoque la longue traversée de l’enfer d’un jeune couple confronté à la tumeur au cerveau de leur enfant : un combat de longue haleine, qui s’étale sur des années, d’hôpitaux en fins
de mois difficiles, de crises de larmes en coups de colères… Pourtant, la réalisatrice parvient à insuffler une telle pulsion de vie à son film que la morbidité de son thème en est comme évacuée,
voire annihilée. C’est beau et touchant, et bien plus que cela encore…



 



L’étonnement jubilatoire de sortir de ce film le sourire aux lèvres et le cœur empli de joie
vient principalement de sa forme, à la fois dynamique et inventive… La mise en scène est constamment sur le fil, dans la recherche permanente d’un renouveau et crée ainsi la surprise à la surface
de chaque plan. Il y a une liberté éminemment « nouvelle vague » dans le geste de Donzelli, mais il y a aussi une fraicheur et une sincérité qui le porte bien au-delà du seul principe
de citation ou d’imitation. Il y a à la fois de l’audace et une réelle volonté de divertir et de rassembler… A l’aide d’une caméra légère et libre, la cinéaste montre qu’elle n’a pas froid aux
yeux et « ose » tout : scènes vibrantes et mélodramatiques (tous les personnages s’effondre littéralement sur une musique lyrique puissante à l’annonce de la tragique nouvelle),
séquences burlesques (le couple d’amoureux se baladant dans Paris, les personnages repeignant énergiquement un appartement…), intermèdes chantés, multiplications de petites trouvailles formelles…
« La guerre est déclarée » enchaîne ses effets sans temps morts, semble courir en permanence après la vie et donne raison à sa réalisatrice qui avoue avoir voulu « faire un film
d’action ». Tout n’est certes pas toujours réussi, mais certaines maladresses se révèlent justement parfois la force même du film, qui devient, par ces petites touches d’intention inabouties
mais spontanées, bien plus attachant encore !



 



Mais outre l’envolée de sa forme, le film émeut par la force de son sujet, éminemment
poignant, d’autant qu’il s’inspire de l’histoire véritable de ses auteurs / acteurs principaux, qui n’hésitent d’ailleurs pas à le dédier à leur fils « survivant », que l’on voit
apparaître dans les derniers plans, vision idéalisée d’une famille enfin réunie, puisqu’après la peine le bonheur ne peut être que plus fort encore… On ne peut alors qu’admirer l’incarnation
parfaite et émouvante des personnages par ce duo presque rêvé, complice en toute circonstance : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm. Leurs petits gestes, leurs expressions, leurs
réactions : tout sonne juste et vrai… L’humanité recouvre tout dans ce long métrage où les êtres s’évertuent toujours à transformer la pire des galères en force vitale ! C’est à la fois
simple et fou, mais ça fonctionne extraordinairement bien… « La guerre est déclarée », oui, le combat est long et douloureux, c’est vrai, mais la puissance de cœur remporte tout… C’est
parfois beau et pur comme dans un conte ou dans une histoire d’amour fou : les prénoms des personnages (Roméo et Juliette pour le couple d’amoureux, Adam pour l’enfant) sont suffisamment
symboliques pour nous laisser prendre ce chemin-là… Jérémie Elkaïm le confirme lui-même : « On adore que le film trimballe un idéal. On l’a fait les doigts dans la prise, juste à l’énergie,
avec l’idée de transmettre une pulsion de vie très forte. » Voilà bien de la belle ouvrage : du cinéma populaire, sincère et intelligent, qui devrait mettre tout le monde
d’accord !



 



Mise en perspective :



- La reine des pommes, de Valérie Donzelli (France, 2010)



- Jérémie Elkaïm (acteur)



- Festival Paris Cinéma 2011 # 5



- Festival Paris Cinéma 2011 # 6































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11 commentaires:

  1. Le film est très réussi c'est clair. Innovant dans la forme et émouvant sur le fond, il est pourtant jamais plombé comme tu le dis. Malgré tout c'est marrant, moi je suis sorti de la séance
    complètement vidé de toute énergie...

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  2. "qui devrait mettre tout le monde d'accord" j'espère ! en tout cas moi je suis d'accord !!!

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  3. Mince ! Nous voici en désaccord !!!!   En effet, ta critique est dithyrambique mais notre avis est beaucoup plus réservé... Entièrement d'accord avec toi sur la sincérité touchante et émouvante qui émane du film, sur l'énergie positive qui s'en
    dégage ! Mais nous, on est restés sceptiques sur la qualité de la réal, qui touche DE LOIN l'esprit nouvelle vague... A suivi entre nous un long débat sur ce qu'est une oeuvre d'art au cinéma :
    le simple témoignage et la seule sincérité d'un témoignage qui ne peut évoquer chez le spectateur qu'émotion et compassion font-ils d'un film une réussite, une oeuvre ?


    (PS : je suppose qu'il faudrait environ 2h30 dedébat chez Taddei pour pouvoir répondre à cette question mais bon...)

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  4. Je suis donc le deuxième grincheux à apporter un bémol à l'emballement général pour ce film, il est vrai audacieux et enlevé, mais qui se laisse déborder par un trop plein de stylisation qui
    devient irritant.

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  5. Voilà le film tant attendu... Un BB qui a une tumeur au cerveau touche le plus grand nombre déjà même avant de voir le film ! Heureusement le film évite justement les écueils habituels du genre
    comme le patho et la mièvrerie. Non ici les parents se battent et combattent ensemble avec optimisme. Les idées de mise en scène (la pause cigarette, la voix off, les parallèles familiales...)
    sont parfois maladroite mais appuie de façon sympa l'optimisme ambiant. Un très beau film donc, pas aussi splendide qu'on peut l'entendre par ci par là mais à conseiller. Une belle leçon
    d'humanité sans être moralisateur.3/4

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  6. Merci pour la place gagné sur ton blog :)
    Je ne sais pas si tu as vu ma chronique mais je n'ai pas apprécié le film, comme tu dis dans ton premier paragraphe, la gravité du sujet est écarté, et je trouve ça assez malsain, surtout avec le
    cancer ; tu peux nuancer, mais je doute que tu puisses "ne garder que le positif", c'est se voiler la face de façon morbide justement.
    Mais c'est surtout le jeu d'acteur et la photographie qui m'ont empêché de pénetrer au coeur de l'histoire, l'un sonne trop souvent faux - dialogues trop didactiques, comme si le spectateur était
    un enfant - et l'autre est tout simplement bâclé.
    Bref, cette guerre, c'est pas la mienne :(

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  7. C'est justement ce traitement de biais, enfin, tel qu'il a été fait plutôt qui m'a dérangé et que je qualifierai de malsain. Quant au couple, il n'évolue qu'à coup d'ellipse, soudain, on apprend
    qu'ils ne sont plus ensemble. Ah bon... !
    Peut-être que tu l'as vu, je n'ai pas encore publié ma critique, mais mercredi 12 sort Oxygène, un film qui traite de la mucoviscidose. Eh bien j'y ai trouvé tout ce qu'il me semble manquer à La
    Guerre est Déclarée.

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  8. La "pulsion de vie" qui traverse ce film est épatante; c'est ce que je retiens de ce film à l'énergie débordante.

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  9. Ils racontent leur propre histoire, donc forcément, ça touche ... La maladie d'un enfant ne laisse pas indifferent, surtout quand on la vis au quotidien. Le film est bon, pas trop larmoyant. On
    passe un bon moment, mais on en sort qq peu secoué. 

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