dimanche 3 juillet 2011

[Critique] La fiancée de Dracula, de Jean Rollin


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La fiancée de Dracula, de Jean Rollin (France, 2000)



Note :
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Rare représentant de la série Z en France, on peut dire que le cinéma de Jean Rollin, à mi-chemin entre le gore fauché et l’érotisme grossier, ne manque pas de superbe ! A l’orée des années 2000,
il signe un film à la hauteur de sa réputation sur le mythe du vampire : « La fiancée de Dracula »… On y suit les folles mésaventures d’un professeur et de son jeune disciple partis à la
recherche du Comte Dracula, que l’on dit encore vivant. Ayant eu vent par une « parallèle » (?!) de la présence de sa future promise dans un couvent de bonnes sœurs en furie, ils comptent se
servir d’elle pour retrouver et tuer le maître des ténèbres…

Filmé à la va comme je te pousse, interprété par des acteurs joyeusement exécrables, « La fiancée de Dracula » est un pur festival pour tout amateur de série B digne de ce nom ! Nos deux « héros
» pénètrent un monde plein de personnages fantastiques complètement excentriques (un nain « fou », une bonne sœur jouant du bilboquet, d’autres fumant le cigare ou la pipe, une « ogresse »
hystérique…) et vont vivre sur leur route des épisodes absolument délirants… On pense à la mère supérieure des nonnes de « l’ordre de la vierge blanche » qui allume sa cigarette avec un briquet
crucifix musical et clignotant (très conceptuel, vous conviendrez…), à une bonne sœur se transformant en sœur « bonne » lorsqu’elle se met à se pavaner en robe sexy pour chasser les démons, à
l’ogresse dévorant un nourrisson dans un landau, ou encore à ces squelettes devant un échiquier, dont le prochain coup permet de faire « échec et mat » et d’ouvrir un passage secret donnant accès
aux appartements de Dracula « himself »…

Mais le film de Jean Rollin ne se cantonne pourtant pas à une simple énumération ludique de potacheries déviantes et risibles : le cinéaste sait y imposer son style et un univers tout à fait
unique et fascinant… Bien sûr, il y a cet érotisme décalé et diffus comme une marque de la « patte » Rollin : on note la présence éclair de Brigitte Lahaie (actrice porno fidèle au cinéma du
réalisateur), le lesbianisme latent des bonnes sœurs ou encore l’étalage à l’écran de nichons en veux-tu en voilà ! Le cinéaste de l’étrange avouera lui-même ne pas avoir choisi le thème de
Dracula par hasard pour ce film : "Le vampire est un personnage romantique et surtout séduisant. La morsure sanglante est un symbole érotique. Le vampire provoque la passion et la sensualité.
Tout ce qui l'entoure peut-être un véhicule poétique".

« Poétique » : le mot est lâché ! Car de la poésie, certes très particulière et « underground », il y en a en nombre dans cette « Fiancée de Dracula »… A travers des décors macabres et désolés,
un montage des plus surprenant ou encore des effets spéciaux approximatifs, Rollin nous plonge dans une atmosphère inspirée et souvent proche du surréalisme… Alors on pourra penser (avec un peu
d’audace) à un cinéaste comme Bunuel, certes, mais peut-être plus encore à un poète comme Cocteau : la séquence de l’apparition de Dracula dans une horloge est à ce titre une pure merveille comme
on n’en voit plus !

Bien au-delà du simple cinéma bis peu glorieux, le film de Jean Rollin sait ainsi imposer une originalité sans faille qui lui confère un cachet indéniable et surtout une identité visuelle que
l’on peut sans hésiter qualifier de « culte »… En regardant « La fiancée de Dracula », on peut avoir l’image étonnante et absurde d’un film de David Lynch qui aurait été revu et corrigé par le
franchouillard Max Pécas. On pense aussi beaucoup à un
Bernard Launois lorsqu’il devient un génie malgré lui en réalisant « Il était une fois le diable »
… On se retrouve alors dans une zone d’incertitude assez déstabilisante et pourtant plutôt
excitante, à savourer un film vénéneux, dont on ne saura jamais vraiment avec certitude s’il tient du navet le plus déplorable ou du chef-d’œuvre le plus absolu : on ne pourra en aucun cas le
situer entre les deux, mais on aura bel et bien le devoir de le classer dans les deux à la fois !



 



Mise en perspective :



- Le jour du Saigneur































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4 commentaires:

  1. Filmé à la "va comme je te pousse", on peut reprocher mille chose à Rollin mais certainement pas de bacler sa mise en scène... Même dans ses films les plus fauchés et/ou ratés, ce qui me frappe
    le plus c'est son sens du cadre et de la lumière... Sur tout le reste et notamment la poésie surréaliste... Bon en même temps, je parle sans savoir car je n'ai jamais vu ce film, je l'ai en DVD
    mais pas encore regardé... Et j'ai acheté l'affiche que je trouve absolument sublime !!!

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  2. Je te recommande chaleureusement La rose de fer et Lèvres de sang... Magnifiques tous les deux...


    Lèvres de sang


    Et dans la catégorie vrai nanard, Le Lac des morts vivants mais avec des scènes sub aquatiques de toute splendeur !!

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  3. eh bien pareil pour moi, du coup...

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