dimanche 24 juillet 2011

[Critique] Hostel : chapitre II, d’Eli Roth


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Hostel : chapitre II, d’Eli Roth (Etats-Unis, 2007)



Note :
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« Hostel 2 » débute comme s’il s’agissait de la suite directe du premier opus : on y retrouve le
héros survivant du précédent film, complètement parano après son horrible expérience… et sa décapitation rapide nous démontrera que sa peur était parfaitement justifiée ! Si elle permet d’offrir
au film d’horreur sa traditionnelle scène d’ouverture gore, cette introduction n’est pas non plus parfaitement innocente : elle est aussi l’occasion de rappeler d’emblée au spectateur ce qui
l’attend, soit une histoire d’hommes qui torturent de jeunes gens pour le plaisir, ce que l’on découvrait (et comprenait) progressivement la première fois, au même rythme que les personnages… Du
coup, le film a beau partir ensuite sur la version « filles » du long métrage d’origine (trois jeunes femmes prennent en effet ici la place des trois garçons faisant du tourisme sexuel dans le
premier volet), Eli Roth peut se permettre d’ouvrir son film vers d’autres horizons et d’explorer son sujet à fond ! Car non seulement il suit le tragique parcours des jeunes demoiselles, qui se
laissent piégées pour être ensuite consciencieusement torturées dans une sorte d’« hôtel » désaffecté pour sadiques, mais il propose en contrepoint le regard et les motivations des « bourreaux »,
les fameux clients de l’« hôtel » qui paient des sommes faramineuses pour pouvoir tuer de jeunes américaines en vacances…

Une étrange critique sociétale s’engage alors dans ce film gore un peu hors norme… On voit notamment de riches personnes enchérir cyniquement (et sinistrement) sur internet à partir de photos des
jeunes filles qu’ils pourront torturer s’ils y mettent le prix… Eli Roth nous décrit un monde ignoble où l’argent est roi, capable de tout acheter et de pourvoir aux pires désirs ! En choisissant
à chaque fois des touristes américains, sur lesquels des gens sont capables d’investir des sommes colossales juste pour avoir le plaisir de les massacrer, il renvoie également un miroir sans fard
au peuple américain, probablement le plus méprisé de la planète, sur lequel le reste du monde rêve d’avoir le dessus ! L’arrogance de l’impérialisme typique de l’image que véhicule les Etats-Unis
s’en prend tout à coup plein la gueule ! Sauf que la critique demeure vaguement ambiguë en regard du retournement de situation final : l’une des touristes torturées reprend en effet le dessus
grâce à son argent… Si le film démontre efficacement l’ignominie et le cynisme de l’idéologie capitaliste et libérale américaine, selon laquelle l’argent achète absolument tout, et tout
spécialement la liberté, la toute puissance de ce pays dominateur, elle, n’est ainsi pas complètement remise en doute.

Mais au fond, peu importe ces quelques aléas idéologiques ! « Hostel 2 » se révèle avant tout une magnifique réussite dans le domaine des « torture porn movies », tellement à la mode des années
2000… D’ailleurs, une séquence véritablement dérangeante illustre ironiquement et judicieusement cette notion de « pornographie » du film d’horreur : on y voit une femme prendre littéralement son
pied en saignant une jeune fille placée au-dessus d’elle afin que tout son sang se déverse sur son corps nu… Torture et jouissance s’épousent ainsi dans des images à l’érotisme sanglant, qui si
elles peuvent perturber et dégoûter le spectateur n’oublient pas non plus de le divertir délicieusement… Car un certain humour noir, souvent discret mais bel et bien présent, parcourt ce long
métrage sournoisement pervers et provocateur : en atteste sa dernière scène, dans laquelle un groupe d’enfants dénués d’émotions se met à jouer au foot avec une tête tout juste tranchée, comme si
de rien n’était… Voilà peut-être la métaphore parfaite de ce que le monde moderne fait à ses enfants ?



 



Au cours des précédents jours du Saigneur



 



Mise en perspective :



- Hostel, d’Eli Roth































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6 commentaires:

  1. Ah nan, il est so pourri ce numéro 2 ! C'est faussement dérangeant, Eli Roth n'y tourne même plus des scènes mais des prétendus moments de buzz (un peu de gore, un peu de pornosoft, un peu de
    trash)

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  2. excellente critique cinématographique ! Bravo, je tweete

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  3. Joli article. Je me demande s'il y a une raison d'avoir pris deux mecs de la série Desperate Housewives ? Ca crée un pont direct avec cette série TV qui, à ce que je sache, n'a rien à voir avec
    l'univers d'Hostel.

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  4. Une suite qui ne démérite pas face à son modèle et même meilleure selon certain. Pas fan des torture porn mais c'est ce qu'il y a de mieux avec le premier Saw !

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  5. Je préfère largement le premier. Cette suite est totalement moisie, avec des rebondissements tirés par les cheveux, des scènes gore sans intérêt... 

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  6. roh, mais c'est pas vréééé !!

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