dimanche 31 juillet 2011

[Critique] Stuck, de Stuart Gordon


jour du saigneurstuck



Stuck, de Stuart Gordon (Etats-Unis,
2007)



Note :  
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Stuart Gordon : la résurrection ! L’un des maîtres incontestés de « l’horreur
qui dérange » dans les années 80 (« Re-Animator », « Aux portes de l’au-delà »…) est de retour avec un film dans lequel le mal n’est plus le fruit d’un élément
fantastique extérieur mais bel et bien celui d’un comportement parfaitement humain… Avec « Stuck », il livre un thriller anxiogène et morbide étonnamment réaliste, peignant notamment le
portrait d’une société contemporaine en pleine déroute.



 



Inspiré d’un véritable fait divers, le récit de « Stuck » est suffisamment
démonstratif et symbolique pour s’imposer très vite comme une pertinente et terrible analyse sociétale. A l’aide d’un montage alterné, on y voit deux personnages opposés qui finiront par se
rencontrer dans la tragique et percutante circonstance d’un accident automobile. D’un côté, il y a Tom, un pauvre type au chômage que l’on voit perdre son logement, expulsé par un ignoble
proprio, puis repartir désespéré d’un rendez-vous avec un conseiller pour l’emploi, qui n’a rien donné malgré les heures d’attente, pour le simple motif que son dossier s’est sans doute perdu et
que Tom n’apparaît pas dans le fichier informatique… Ainsi « clochardisé » en moins d’une journée, Tom se retrouve à dormir sur un banc public, parmi les SDF et les marginaux. De
l’autre côté, il y a Mandi, une aide-soignante sur le point d’être promue, qui se drogue et s’encanaille avec la racaille aussitôt sortie de l’hôpital où elle bosse. Idiote mais pas méchante,
elle percute alors Tom avec son auto, alors qu’elle est sous ecsta : terrifiée à l’idée de se rendre à la police ou de passer à côté de sa misérable promotion professionnelle, elle préfère
cacher son auto dans son garage, alors que Tom agonise encastré dans son pare-brise… Par cet enchaînement de comportements déstabilisants et a priori invraisemblables, Stuart Gordon sonde
pourtant avec une acuité troublante les petites bassesses et l’individualisme forcené qui règnent en maître dans nos sociétés actuelles. Non seulement les faibles peuvent se retrouver au plus bas
de l’échelle sociale du jour au lendemain, mais d’autres individus un peu plus arrivistes qu’eux, guidés par une logique de petit profit égoïste, peuvent les écraser un peu plus et les laisser
dépérir seul dans leur coin afin de servir leurs propres intérêts individuels… Ignominie d’un monde écoeurant et déshumanisé, où seul règne l’argent, la peur et le chacun pour
soi !



 



Mais si « Stuck » réussit une description pertinente du misérabilisme de notre
civilisation « moderne », il n’en reste pas moins un excellent film d’angoisse, dont la faiblesse de moyens n’a d’égal que l’habileté de sa réalisation. Gordon met en scène avec une
belle efficacité cette relation ambiguë entre une pauvre victime et un bourreau malgré elle, qui plonge graduellement dans une violence qu’elle n’aurait pourtant pas imaginé connaître un jour…
Malgré sa construction en huis-clos étouffant, le film multiplie les aléas et maintient un beau suspens quant au dénouement final. Celui-ci viendra littéralement « enflammer » l’écran
avec force, non sans avoir enchainé avant ça un déluge de cruauté et d’atrocités que les amateurs de genre sauront particulièrement apprécier !



 



Au cours des précédents jours du
Saigneur































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samedi 30 juillet 2011

[Critique] Les hommes libres, d’Ismaël Ferroukhi



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Les hommes libres, d’Ismaël Ferroukhi (France,
2010)



Sortie nationale le 28 septembre 2011



Note :
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« Les hommes libres » est un très beau film, à la fois touchant et passionnant,
sur une part de l’Histoire de la seconde Guerre mondiale restée dans l’ombre. Sous le Paris occupé par les Allemands de 1942, on évoque en effet rarement l’engagement de certains musulmans pour
aider des juifs ou des membres de la résistance… Le film se concentre ici sur le personnage emblématique (et ayant réellement existé) de Si Kaddour Ben Ghabrit, alors recteur de la Mosquée de
Paris, soupçonné notamment de fournir de faux papiers aux personnes menacées. Autour de lui gravite toute une série d’autres figures, à commencer par celle de Younes, un jeune algérien un peu
paumé qui va se transformer en militant de la liberté au contact de Ben Ghabrit et d’un jeune et troublant chanteur arabe, juif et homosexuel (ça fait beaucoup pour un seul homme !), qui
deviendra son ami…



 



On admire d’abord le soin accordé à la reconstitution historique, visiblement travaillée,
documentée et précise. Si la mise en scène et le scénario s’avèrent de facture très classique, on ne peut pourtant que reconnaître leurs qualités : image élégante, histoire parfaitement
construite, dramaturgie efficace… On se laisse prendre au jeu romanesque et presque… romantique ? Car si l’on admire le jeu d’acteurs que l’on prend plaisir à retrouver, tel que Michael
Lonsdale ou Lubna Azabal, on reste surtout joliment troublé par l’intensité vaguement homo-érotique qui se joue entre les très beaux Tahar Rahim et Mahmoud Shalaby. Les destins de leurs
personnages, Younes et Salim, sont en effet passionnément liés, et même si leur relation demeure désespérément platonique à l’écran, on ne peut s’empêcher de voir dans le profond échange de
regards qu’ils se lancent à la fin du film la promesse d’une grande et belle amitié… des plus particulières !































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vendredi 29 juillet 2011

[Carte blanche] Le déjeuner du 15 août, de Gianni Di Gregorio (vu par JM)


Tous les matins à 9h09 très précise, JM se prend en photo et nous offre le résultat quotidiennement sur son blog… Une démarche à la fois amusante et
étonnante, et d’autant plus intéressante qu’elle dure depuis… 2002 ! On peut ainsi suivre ses activités matinales au jour le jour, parfois savoir avec qui il est à ce moment-là (toute une série
de « guest » sont ainsi indexés dans la colonne de droite du site), ou encore observer assez ludiquement l’éventail de sa garde robe, savoir quels sont ses T-shirts favoris ou remarquer s’il
porte la même chemise deux jours de suite… Une vraie curiosité ! Italien dans l’âme, il nous parle aujourd’hui du « Déjeuner du 15 août » et de son envie de découvrir sa suite récemment sortie au
cinéma : « Gianni et les femmes ».



carte blanche
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Le déjeuner du 15 août, de Gianni Di Gregorio (Italie, 2008)



Carte blanche de JM



Blog : 9h09



Bon, Phil Siné m’a demandé d’écrire une critique de cinéma.
J’avais pensé écrire un post à propos de "Gianni et les femmes", mais je ne l’ai pas encore vu. Il y a une très belle chanson de Riino Gaetano qui s’appelle "Mio fratello e figlio unico" (c’est à
dire « mon frère est fils unique »), dans laquelle il indique que son frère ne fait de critiques que des films qu’il a vraiment vu, du coup je vais faire pareil aussi. Ca me donnera aussi
l’occasion d’envoyer un autre post à Phil sur "Gianni et les femmes".
Bon, vous l’aurez compris aussi je suis fan de l’Italie (je suis fan des italiennes aussi, et de ma mienne en particulier… NB : je parle de ma femme pas de ma voiture bien sûr).
Donc "Le déjeuner du 15 août" est le titre français de ce film. Le titre italien sonne beaucoup mieux : "Pranzo di
Ferragosto"! Ferragosto est le Thanksgiving italien, le repas de l’année en famille. Comme je l’ai déjà dit, j’aime l’Italie, et comme je l’ai sous entendu je suis marié à une italienne. J’ai
donc souvent passé des vacances en Italie au mois d’août et plus précisément à l'Assomption. L’Assomption, à ne pas confondre avec l’Ascension, est la fête où Marie s’élève au ciel au terme de sa
vie. Je me souviens de fêtes où la statue de Marie est montée avec un treuil en haut de l’église (avec en plus des statues d’anges autour… Effet kitch garanti !)
Donc pour cette fête de l’Assomption, la tradition italienne est de faire un méga repas de famille : minimum 20 personnes et 5 plats en perspective. Le repas de mariage de nos grands parents,
quoi !
Donc "ferragosto", c’est vraiment quelque chose en Italie ! Et "Il pranzo di ferragosto", c’est une évocation de ce repas avec comme personnage principal Gianni.
Dans ce film il y a deux choses. Tout d’abord le personnage de Gianni : cet italien au chômage, qui s’occupe de tout et de sa mère en particulier. Et puis il y a sa maman : la "mama".
C’est vrai que le film est lent et qu’il ne se passe pas grand chose, mais j’adore. Très proche de ce que je peux ressentir en passant du temps en Italie à vivre avec les gens, tout
simplement.
Bon, c’est assez facile, plus ou moins légalement, de trouver ce film, qui je pense doit bien résonner avec ce nouveau film que je (pense) bientôt aller voir. Du coup ca me fera un autre
post…
Je reprendrais bien des pâtes moi !



 



 Index des
cartes blanches estivales 2011































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jeudi 28 juillet 2011

[Critique] Deep End, de Jerzy Skolimowski



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Deep End, de Jerzy Skolimowski
(Grande-Bretagne, Allemagne de l’Ouest, 1970)



 Note :
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Premier film britannique de Jerzy Skolimowski, tout juste exilé de sa Pologne natale,
« Deep end » est une étonnante et troublante évocation des mœurs d’une société pervertie. On y fait la connaissance du jeune Mike, un adolescent de 15 ans ayant fraîchement quitté
l’école et n’ayant trouvé d’autre moyen de subsistance que de travailler dans le milieu crasse d’un établissement de bains publics. Au milieu des regards vicieux et concupiscents des clients et
des clientes âgés à son égard, il s’amourache passionnément de sa collègue Susan, plus âgée que lui et collectionnant les aventures… Deux sensibilités s’affrontent alors : la pureté et
l’innocence de Mike, et la nature volage et déjà corrompue par un environnement contaminant de Susan.



 



A travers « Deep end », Skolimowski s’attache d’abord à décrire une atmosphère
sociétale particulièrement dégoûtante, dominée par la sexualité et une dépravation apparemment permanente… Les personnages traversent des décors où règnent la prostitution ou le commerce
protéiforme du sexe : les fameux bains où ils travaillent, les cinémas projetant des films pornographiques, des établissements de nuit à l’érotisme dégoulinant dès leurs devantures…
Cependant, dans sa façon repoussante et presque violente de filmer la chair et ses désordres, il n’oublie jamais de distiller une dose d’humour bienvenue, si ce n’est salvateur. La façon dont les
vieilles rombières agrippent le corps du pauvre Mike dans leurs cabines, avec un grotesque pléthorique, demeure par exemple assez tragiquement risible. On pense également à cette délicieuse scène
dans le cinéma, où Mike caresse Susan alors qu’elle est avec son fiancé, ces séquences burlesques où les personnages déposent des plaintes auprès de policiers, ou encore la recherche éperdue des
personnages d’un diamant tombé dans la neige…



 



Mais ce qui reste le plus captivant et le plus émouvant dans « Deep end », c’est
la description du parcours largement initiatique de Mike. Exalté par l’incarnation lumineuse et radieuse de l’acteur John Moulder-Brown, beau et sensible comme un ange, le personnage représente
symboliquement l’éveil des sens propre à l’adolescence : le film possède en cela une modernité et une atemporalité hallucinante, qui font parfaitement oublier ses 40 ans d’âge ! A
travers cet amour intense et romantique qu’il voue à la belle mais inconstante Susan, Mike fait l’apprentissage de la cruauté de l’amour confronté à une réalité corrompue. On le voit souvent se
perdre dans ses fantasmes, comme lorsqu’il nage dans la piscine avec un simulacre photographique en carton de sa dulcinée, en imaginant faire l’amour avec elle dans l’eau… L’eau semble d’ailleurs
posséder une place centrale dans cet univers amplement sensuel, puisque si c’est dans une piscine vide que Mike fait finalement l’apprentissage de la chair, c’est à la mort qu’il sera confronté
lorsque celle-ci se remplira à nouveau : l’amour absolu qui conduit à la mort, dénouement tragique de cette histoire délicatement universelle et métaphysique… Gracieux et de toute
beauté !































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[Critique] La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli



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La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli
(France, 2011)



Sortie nationale le 31 août 2011



Note :
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Prix du Jury, Prix des blogueurs et du web, Prix du public au
Festival Paris cinéma
2011



 



Avec le sujet de ce second film (après la ludique et électrique « Reine des pommes »), qui touche d’ailleurs à l’intimité du couple qu’elle
forme avec Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli avait quand même de quoi complètement plomber l’ambiance.
Elle y évoque la longue traversée de l’enfer d’un jeune couple confronté à la tumeur au cerveau de leur enfant : un combat de longue haleine, qui s’étale sur des années, d’hôpitaux en fins
de mois difficiles, de crises de larmes en coups de colères… Pourtant, la réalisatrice parvient à insuffler une telle pulsion de vie à son film que la morbidité de son thème en est comme évacuée,
voire annihilée. C’est beau et touchant, et bien plus que cela encore…



 



L’étonnement jubilatoire de sortir de ce film le sourire aux lèvres et le cœur empli de joie
vient principalement de sa forme, à la fois dynamique et inventive… La mise en scène est constamment sur le fil, dans la recherche permanente d’un renouveau et crée ainsi la surprise à la surface
de chaque plan. Il y a une liberté éminemment « nouvelle vague » dans le geste de Donzelli, mais il y a aussi une fraicheur et une sincérité qui le porte bien au-delà du seul principe
de citation ou d’imitation. Il y a à la fois de l’audace et une réelle volonté de divertir et de rassembler… A l’aide d’une caméra légère et libre, la cinéaste montre qu’elle n’a pas froid aux
yeux et « ose » tout : scènes vibrantes et mélodramatiques (tous les personnages s’effondre littéralement sur une musique lyrique puissante à l’annonce de la tragique nouvelle),
séquences burlesques (le couple d’amoureux se baladant dans Paris, les personnages repeignant énergiquement un appartement…), intermèdes chantés, multiplications de petites trouvailles formelles…
« La guerre est déclarée » enchaîne ses effets sans temps morts, semble courir en permanence après la vie et donne raison à sa réalisatrice qui avoue avoir voulu « faire un film
d’action ». Tout n’est certes pas toujours réussi, mais certaines maladresses se révèlent justement parfois la force même du film, qui devient, par ces petites touches d’intention inabouties
mais spontanées, bien plus attachant encore !



 



Mais outre l’envolée de sa forme, le film émeut par la force de son sujet, éminemment
poignant, d’autant qu’il s’inspire de l’histoire véritable de ses auteurs / acteurs principaux, qui n’hésitent d’ailleurs pas à le dédier à leur fils « survivant », que l’on voit
apparaître dans les derniers plans, vision idéalisée d’une famille enfin réunie, puisqu’après la peine le bonheur ne peut être que plus fort encore… On ne peut alors qu’admirer l’incarnation
parfaite et émouvante des personnages par ce duo presque rêvé, complice en toute circonstance : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm. Leurs petits gestes, leurs expressions, leurs
réactions : tout sonne juste et vrai… L’humanité recouvre tout dans ce long métrage où les êtres s’évertuent toujours à transformer la pire des galères en force vitale ! C’est à la fois
simple et fou, mais ça fonctionne extraordinairement bien… « La guerre est déclarée », oui, le combat est long et douloureux, c’est vrai, mais la puissance de cœur remporte tout… C’est
parfois beau et pur comme dans un conte ou dans une histoire d’amour fou : les prénoms des personnages (Roméo et Juliette pour le couple d’amoureux, Adam pour l’enfant) sont suffisamment
symboliques pour nous laisser prendre ce chemin-là… Jérémie Elkaïm le confirme lui-même : « On adore que le film trimballe un idéal. On l’a fait les doigts dans la prise, juste à l’énergie,
avec l’idée de transmettre une pulsion de vie très forte. » Voilà bien de la belle ouvrage : du cinéma populaire, sincère et intelligent, qui devrait mettre tout le monde
d’accord !



 



Mise en perspective :



- La reine des pommes, de Valérie Donzelli (France, 2010)



- Jérémie Elkaïm (acteur)



- Festival Paris Cinéma 2011 # 5



- Festival Paris Cinéma 2011 # 6































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mercredi 27 juillet 2011

[Sortie] Absent, de Marco Berger



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Absent, de Marco Berger (Argentine, 2011)



Sortie le 27 juillet 2011



Note :
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Cliquez donc sans attendre pour dévorer la chronique du film "Absent" par Phil
Siné































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mardi 26 juillet 2011

[Critique] Hospitalité, de Koji Fukada


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Hospitalité, de Koji Fukada (Japon, 2010)



Sortie indéterminée



Note :
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Dans une banlieue apparemment sans histoire de Tokyo, Kobayashi vit paisiblement dans une petite maison avec sa famille décomposée / recomposée, constituée de sa nouvelle épouse, de sa petite
fille issue d’un premier lit et de sa sœur… Il tient au même endroit une modeste imprimerie familiale, dont l’unique employé est parti depuis déjà un certain temps. Tout irait ainsi pour le mieux
dans le meilleur des mondes possibles, si la perruche de sa petite fille ne s’était pas soudainement envolée de sa cage et surtout si un intrus ne venait pas faire irruption dans son existence
sans crier gare !

Cet intrus, c’est Kagawa, qui va peu à peu s’imposer au point d’envahir la vie de Kobayashi… Et pas qu’un peu ! Il commence par demander à travailler pour l’imprimerie, puis à occuper la chambre
libre dans la maison, puis y ramène sa soi-disante « femme » plutôt exotique et ne parlant pas un mot de japonais (« mais l’essentiel n’est pas la parole, dans un couple »…), dont on ne saura
d’ailleurs pas vraiment si elle est brésilienne ou croate… Il s’insinue ainsi assez sournoisement dans le quotidien de la petite famille « normale », jusqu’à devenir comme un poids, voire une
menace ! Lorsqu’il commence à faire chanter le mari pour la relation extraconjugale qu’il a eu avec sa « femme » ou à faire avouer un secret à son épouse, on le voit peu à peu prendre le pouvoir,
se mettre à diriger l’entreprise et la vie de la famille… On lui imagine alors toutes les intentions possibles : est-il un dangereux psychopathe ou un simple pique-assiette ? On le sent quoi
qu’il en soit comme une menace pour la famille de Kobayashi…

Le film qui reste ainsi un moment sur la brèche et qui aurait pu très vite tourner au thriller psychologique (voire horrifique, qui pourrait le dire ?), surprend pourtant à conserver une
fantaisie et un humour à toute épreuve ! Situations décalées, description des petites mesquineries et autres ridicules du genre humain, « Hospitalité » enfile les petites saynètes souvent
coquasses, toujours très fraîches et naturelles, qui évoquent notamment le cinéma d’un
Hong Sangsoo
… Plus encore, le film devient proprement jubilatoire (et pour le coup vraiment inattendu !) lorque Kagawa fait débarquer toute la « famille » de sa femme dans la petite maison,
très nombreuse, très colorée et multiethnique… Kagawa et les « siens » s’imposent-t-ils comme des « squatteurs » cherchant à s’approprier la vie et le domicile de Kobayashi ? Eh bien pas du tout,
et même bien au contraire : ils seraient plutôt là pour insuffler un vent d’humanité et de tolérance dans un monde où chacun se cantonne trop souvent à sa petite vie étriquée et mensongère… Son
passage dans la vie de la maisonnée aura finalement permis de révéler chacun à lui-même, pour mieux l’ouvrir au monde désormais, vers des valeurs humaines et généreuses d’acceptation de l’autre,
de refus de la peur de l’étranger, d’une volonté sans faille d’aller à sa rencontre, pour jouer, parler ou même danser avec lui ! Un bien beau message d’« Hospitalité », en somme…



 



Mise en perspective :



- Festival Paris Cinéma 2011 # 3































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lundi 25 juillet 2011

[Critique] Les branchés à Saint-Tropez, de Max Pécas



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Les branchés à Saint-Tropez, de Max Pécas (France, 1983)



Note :
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« Les branchés à Saint-Tropez » est la première partie de la trinité tropézienne selon Max Pécas, qui sera complétée quelques années plus tard avec les non moins remarquables « Deux enfoirés à
Saint-Tropez » et « On se calme et on boit frais à Saint-Tropez ». Le pitch y est aussi mince que la ficelle des strings que portent les jeunes femmes dans le film : deux couples de jeunes gens
un peu volages partent en vacances à Saint-Tropez, perdent leur argent et squattent finalement la maison prêtée par un copain… Mise à part quelques cocktails au bord de la plage, quelques jeux de
ballon et moult infidélités, il ne se passe ensuite pas grand chose, sinon une vague histoire de trafic de faux-monnayeurs, dont le repaire est justement la villa où se sont installés nos amis,
ce qui n’est vraiment pas de chance ! Bien sûr, tout cela n’est qu’un prétexte à une course poursuite un peu débile ou à étirer laborieusement le film vers la durée du long métrage… On est en
réalité dans une affligeante comédie où les gags ne sont pas drôles et où les acteurs sont mauvais comme des glands tombés du chêne beaucoup trop tôt ! Pécas signe une sorte de sous-« Bronzés »,
surfant sur le succès des films de vacances de l’équipe du Splendid : rattrapé par sa réputation libidineuse, il quitte très vite la comédie pour la franche polissonnerie estivale, dans laquelle
les filles à gros nibards se retrouvent « topless » en toutes circonstances. La scène d’ouverture du film apparaît très vite comme le gag le plus drôle, pourtant clichetonneux à souhait et éculé
jusqu’à la corde : on y voit l’un des personnages se retrouver nu comme un vers sur son pallier suite à un courant d’air qui a fait claquer la porte de son appartement. Il s’invite alors en tenue
d’Adam chez sa vieille voisine tout émoustillée afin de passer par le balcon… Ah ah ah ! Pourtant, tout est si mauvais et si con, tout est si vulgaire et inconcevable dans ce joyau de la
filmographie pécasienne qu’on y prendrait presque honteusement un certain plaisir… et puis certaines répliques valent quand même que l’on s’y arrête : « Pour que tu sois heureux, il faut que tu
vives avec une paire de fesses… mais pas n’importe laquelle : une paire de fesses qui fasse la lessive, le ménage et la bouffe ! », « Tu fais l’amour comme un homme des cavernes : rapide ! », «
Téléphone ! – Laisse-le sonner, il fait son travail… »































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dimanche 24 juillet 2011

[Critique] Hostel : chapitre II, d’Eli Roth


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Hostel : chapitre II, d’Eli Roth (Etats-Unis, 2007)



Note :
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« Hostel 2 » débute comme s’il s’agissait de la suite directe du premier opus : on y retrouve le
héros survivant du précédent film, complètement parano après son horrible expérience… et sa décapitation rapide nous démontrera que sa peur était parfaitement justifiée ! Si elle permet d’offrir
au film d’horreur sa traditionnelle scène d’ouverture gore, cette introduction n’est pas non plus parfaitement innocente : elle est aussi l’occasion de rappeler d’emblée au spectateur ce qui
l’attend, soit une histoire d’hommes qui torturent de jeunes gens pour le plaisir, ce que l’on découvrait (et comprenait) progressivement la première fois, au même rythme que les personnages… Du
coup, le film a beau partir ensuite sur la version « filles » du long métrage d’origine (trois jeunes femmes prennent en effet ici la place des trois garçons faisant du tourisme sexuel dans le
premier volet), Eli Roth peut se permettre d’ouvrir son film vers d’autres horizons et d’explorer son sujet à fond ! Car non seulement il suit le tragique parcours des jeunes demoiselles, qui se
laissent piégées pour être ensuite consciencieusement torturées dans une sorte d’« hôtel » désaffecté pour sadiques, mais il propose en contrepoint le regard et les motivations des « bourreaux »,
les fameux clients de l’« hôtel » qui paient des sommes faramineuses pour pouvoir tuer de jeunes américaines en vacances…

Une étrange critique sociétale s’engage alors dans ce film gore un peu hors norme… On voit notamment de riches personnes enchérir cyniquement (et sinistrement) sur internet à partir de photos des
jeunes filles qu’ils pourront torturer s’ils y mettent le prix… Eli Roth nous décrit un monde ignoble où l’argent est roi, capable de tout acheter et de pourvoir aux pires désirs ! En choisissant
à chaque fois des touristes américains, sur lesquels des gens sont capables d’investir des sommes colossales juste pour avoir le plaisir de les massacrer, il renvoie également un miroir sans fard
au peuple américain, probablement le plus méprisé de la planète, sur lequel le reste du monde rêve d’avoir le dessus ! L’arrogance de l’impérialisme typique de l’image que véhicule les Etats-Unis
s’en prend tout à coup plein la gueule ! Sauf que la critique demeure vaguement ambiguë en regard du retournement de situation final : l’une des touristes torturées reprend en effet le dessus
grâce à son argent… Si le film démontre efficacement l’ignominie et le cynisme de l’idéologie capitaliste et libérale américaine, selon laquelle l’argent achète absolument tout, et tout
spécialement la liberté, la toute puissance de ce pays dominateur, elle, n’est ainsi pas complètement remise en doute.

Mais au fond, peu importe ces quelques aléas idéologiques ! « Hostel 2 » se révèle avant tout une magnifique réussite dans le domaine des « torture porn movies », tellement à la mode des années
2000… D’ailleurs, une séquence véritablement dérangeante illustre ironiquement et judicieusement cette notion de « pornographie » du film d’horreur : on y voit une femme prendre littéralement son
pied en saignant une jeune fille placée au-dessus d’elle afin que tout son sang se déverse sur son corps nu… Torture et jouissance s’épousent ainsi dans des images à l’érotisme sanglant, qui si
elles peuvent perturber et dégoûter le spectateur n’oublient pas non plus de le divertir délicieusement… Car un certain humour noir, souvent discret mais bel et bien présent, parcourt ce long
métrage sournoisement pervers et provocateur : en atteste sa dernière scène, dans laquelle un groupe d’enfants dénués d’émotions se met à jouer au foot avec une tête tout juste tranchée, comme si
de rien n’était… Voilà peut-être la métaphore parfaite de ce que le monde moderne fait à ses enfants ?



 



Au cours des précédents jours du Saigneur



 



Mise en perspective :



- Hostel, d’Eli Roth































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samedi 23 juillet 2011

[Fil ciné] Les films de juin 2011


Index des sorties ciné



Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné du point de vue de Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...



 



Semaine du 1er juin 2011



- Le chat du rabbin (2D), de Joann Sfar et Antoine Delesvaux
(France, 2009) 

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- Medianeras, de Gustavo Taretto (Argentine, 2011) 
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- Belleville Tokyo, d’Elise Girard (France, 2011) 
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- Lolita, de Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 1962) 
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- Shining, de Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 1980) 
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- Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 1998)
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- Orange mécanique, de Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 1971)
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Semaine du 8 juin 2011



- Une séparation, d’Asghar Farhadi (Iran, 2010) 
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- Territoires, d’Olivier Abbou (France, 2010) 
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- Prud’hommes, de Stéphane Goël (Suisse, 2010) 
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Semaine du 15 juin 2011



- Insidious, de James Wan (Etats-Unis, 2010) 
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- Beginners, de Mike Mills (Etats-Unis, 2010) 
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- Blue Valentine, de Derek Cianfrance (Etats-Unis, 2011)
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- Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz (France, 2010)
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- La balade sauvage (Badlands), de Terrence Malick (Etats-Unis, 1974)

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Semaine du 22 juin 2011



- Omar m’a tuer, de Roschdy Zem (France, 2010)
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- Pater, d'Alain Cavalier (France, 2011)
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- La dernière piste, de Kelly Reichardt (Etats-Unis, 2010)
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- Balada Triste, d’Alex de la Iglesia (Espagne, 2010)
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Semaine du 29 juin 2011



- My little princess, d’Eva Ionesco (France, 2010)
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