jeudi 9 juin 2011

[Critique] Sailor et Lula, de David Lynch



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Sailor et Lula, de David Lynch (Etats-Unis, 1990)



Note :
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Palme d’or au Festival de Cannes en 1990, « Sailor et Lula » est probablement une œuvre charnière dans la carrière de David Lynch, peut-être même le « film de la consécration ». Alors même que sa
série culte « Twin Peaks » débarquait sur le petit écran, le cinéaste livrait là une pure folie audiovisuelle, difficilement qualifiable… Le long métrage se situe effectivement au confluent de
nombreux genres et d’influences diverses : quelque part entre le « road trip » déjanté et le thriller bien glauque, synthèse du film d’horreur et du conte de fées, tenant tout autant de la
romance à l’eau de rose que du burlesque ou du fantastique à tendance ésotérique… Bref ! « Sailor et Lula » est inclassable : il incarne un concentré de pur cinéma, récupérant des références pour
mieux les réinventer et les dépasser, imposant par là même une personnalité unique et typique de son auteur…

L’histoire est pourtant limpide et simple : Sailor et Lula s’aiment d’amour fou, mais la mère « marâtre » de Lula ne l’entend pas de cet œil et n’hésite pas à lancer les pires tueurs à gage sur
leur trace pour exécuter Sailor et récupérer sa fille… Mais le traitement de ce récit est unique : rythme endiablé, situations déjantés, rencontres singulières ou personnages complètement allumés
sont les ingrédients qui impressionnent avec force et rage une pellicule constamment frémissante ! On admire aussi la construction d’un scénario qui ne faiblit jamais : à la fois complexe et
fluide, ce dernier fait la part belle aux ruptures de ton ou aux bifurcations improbables qui rendent l’histoire de « Sailor et Lula » dense et proliférante. Placées sous le signe du feu, les
images nous conduiront d’ailleurs droit vers une séquence d’incendie fondateur et révélateur, qui relie à jamais tous les personnages…

Mines patibulaires, airs grotesques ou quasi fantastiques, la galerie de personnages offerte ici par David Lynch est une pure merveille pour cinéphiles ! Entre une mère possessive complètement
folle, des meurtriers plus pervers que jamais ou une étonnante sorcière sur son balai, Sailor et Lula tâchent de s’en sortir comme ils peuvent, en essayant surtout de ne pas perdre ce précieux
sentiment qui les relie l’espèrent-ils à jamais : l’amour… On n’oubliera jamais la sensualité parfois hystérique de la formidable Laura Dern (qui n’atteindra malheureusement jamais plus de tels
sommets) et la coupe de cheveux déjà culte de Nicolas Cage, prônant la liberté avec une veste en peau de serpent hideuse (mais révélatrice de son individualité) ou poussant la chansonnette sur
les airs du King, son idole : « Love me tender », interprété debout sur un capot de voiture, résonne encore dans toutes les mémoires (et dans les cœurs !) de tous ceux qui ont un jour vu cet
incroyable film… « Wild at heart ! », comme le dit le titre original.

Mais le film ne serait probablement rien sans le génie de la mise en scène de David Lynch, qui impose avec « Sailor et Lula » un style unique, souvent imité et jamais égalé ! Abus de filtres
chromatiques, effets spéciaux entre terreur pure et kitsch rose bonbon, bande originale extraordinaire mais jouant avant tout sur une discontinuité sidérante et des enchaînements véritablement
surprenant, positionnements à se damner de la caméra : en somme un goût permanent pour une singularité sans faille… une sorte d’« inquiétante étrangeté » très poétique, en somme. Le cinéaste
américain impose toujours sa vision des choses et passionne ainsi son public d’un bout à l’autre de son long métrage : c’est ce qui s’appelle le « style » !



 



Critique de "Sailor et Lula" réalisée en partenariat avec Priceminister































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14 commentaires:

  1. Ah oui bon choix, à n'en pas douter. Je l'ai vu il y a fort longtemps mais il m'avait fait une sacré impresion. Comme l'ensemble des fims de Lynch d'ailleurs.

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  2. Culte ! Même si je préfère 'Lost Highway' ou 'Mulholland Drive'.

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  3. Oui, c'est, avec Blue Velvet, le film de David Lynch dans lequel s'opère un passage qui va l'emmener vers le sommet de Lost Highway.


    Et puis que de choses à retenir, l'improbable veste de Nicolas Cage, la musique, la dentition de Bobby Peru...

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  4. Quelle déclaration d'amour pour ce film très réussi du sieur Lynch.


     


    J'adhère!


     


    Ber

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  5. En voilà un sur lequel on ne partage pas notre goût, Phil ;)


    Je suis un amoureux de certains films de Lynch, mais pas du tout de Sailor et Lula !!

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  6. Je suis également participant au concours, donc premièrement bonne chance ;)
    Et pour en revenir au film, contrairement à beaucoup je n'y vois rien de convainquant et même plus, je dirais que le style de lynch s'apparente à un cinéma repoussant, mauvais dans ses choix,
    dans sa forme. Après vu le nombre de personne aimant ses films, je me dis bien que je dois avoir tord, amis entre Sailor et Lula ou Blue Velvet, ce sont deux des pires expériences
    cinématographiques que j'ai eu.

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  7. J'adore ! J'aurais mis 4 étoiles personnellement...

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  8. Hihihi Fred, toujours le mot pour rire !!!


    Moi je l'ai vu Inland Empire...lol

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  9. Non, non pour moi, le sommet, c'est bien Lost Highway. Mais, sur ce coup, je suis minoritaire.

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  10. Excellent film de David Lynch avec une Laura Dern sensuelle et un Nicolas Cage cinglé. Une photo superbe et une BO tout aussi rageuse peaufine l'écrin. 4/4

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  11. Non @Antoine tu n'es pas tout seul ^^

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  12. Non Antoine, Lost Highway aussi !!!

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  13. Fred, je savais déjà. Bon maintenant, on est au moins trois. Plus qu'un et on peut faire une belote.

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