samedi 4 juin 2011

[Critique] Le chat du rabbin (2D), de Joann Sfar et Antoine Delesvaux



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Le chat du rabbin (2D), de Joann Sfar et Antoine Delesvaux (France, 2009)



Sortie le 1er juin 2011



Note :
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La voilà enfin, l’adaptation de l’une des plus merveilleuses et inventives séries de bandes dessinées contemporaines, pour laquelle l’auteur avait refusé de nombreux projets, avant de se décider
à la réaliser lui-même, aidé par un professionnel de l’animation nommé Antoine Delesvaux… Le film est en réalité le collage bout à bout des volumes 1, 2 et 5 de la célèbre BD, à peine reliés
entre eux par un vague fil conducteur. On sent malheureusement un peu trop souvent ce côté patchwork bricolé, qui empêche le scénario de se reposer sur des enjeux solides et une plus grande
cohérence d’ensemble. Le rythme s’avère lui aussi très aléatoire, là où il aurait fallu un vrai souffle narratif prêt à nous faire traverser l’Afrique !

Mais ces quelques soucis structurels ne nous gâcheront pas non plus le plaisir de retrouver à l’écran les personnages gravitant autour du « Chat du rabbin » (le rabbin justement, sa fille Zlabya,
etc.), ainsi que le style pictural si particulier et reconnaissable entre tous du grand et si prolifique Joan Sfar ! Imageries baroques, traits hasardeux et presque grossiers, cadres qui
débordent, champ constamment surchargé de mille fantaisies colorées… Les amateurs de la bande dessinée devraient parfaitement retrouver leurs marques et souhaitons que tous les autres tombent
sous le charme de cet imaginaire poétique et aillent butiner quelques albums en bibliothèques ou en librairies, aussitôt sortis du cinéma !

Signalons en outre que sous les airs malins de ce chat qui parle après avoir dévoré un perroquet se cache surtout un conte vivifiant sur la tolérance ! Car derrière les mots et les pensées de ce
subtil félin, qui ment tout autant qu’il philosophe, surgissent très vite des montagnes d’intelligence et de réflexions sur le monde qui nous entoure. Avec un humour et une ironie sans faille,
Sfar croque avec acidité la bêtise humaine, démontre l’absurdité du fanatisme religieux (on retiendra notamment un combat idiot entre deux « soldats de dieu ») ou dénonce le colonialisme du début
du 20e siècle, notamment à travers la caricature hilarante d’un petit reporter belge égoïste et arrogant égaré en Afrique noire, qui rappelle étrangement « Tintin au Congo » !



 



Mise en perspective :



- Gainsbourg (Vie héroïque), de Joann Sfar (France, 2010)































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6 commentaires:

  1. Oui, c'est également ce que j'ai ressenti. Avec ta chronique je comprends mieux ce manque de rythme : n'ayant pas lu la BD je ne pouvais que présumer que c'étais parce qu'il compilait plusieurs
    tomes vite fait.

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  2. Je crois que je vais aller buttiner les albums... Car si comme toi je trouve que le film manque de rythme et d'un réel fil conducteur, j'ai trouvé les dialogues savoureux. Le propos est aussi
    très édifiant.

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  3. C'est normal que ça rappelle Tintin au Congo, dans la BD, le chat et son maître le rencontre même dans quelques petites scènes tirées indirectement de la BD (et se moquent bien de cet étrange
    bonhomme qui parle tout le temps et qui les prend pour des imbéciles)(j'avais mis la planche en question dans mon billet sur l'intégrale de la BD).


     


    Petit détail qui m'a fait sourire: (2D). Ca y est, faut préciser maintenant...

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  4. Je comprends, la 3D m'exaspère aussi. Mais ce qui m'a fait rire, c'est qu'avant, on précisait si on le voyait en 3D. Maintenant, il faut préciser si on le voit en 2D. Quel chemin en un an et
    demi! ^_^


     


    (je ne savais pas que l'épisode de Tintin allait se retrouver dans le film, je pensais qu'ils auraient dû le sucrer pour ne pas avoir trop de problèmes avec les affreux jojos de Moulinsart)

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  5. Le souci est que je n'avais jamais vu la BD. Et même si je l'ai trouvé intéressant picturalement parlant et parfois drôle, je me suis plutôt emmerdé. Sorry. Biz. Marco.

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  6. Salut Phil, je crois constater que le plaisir que tu as tiré du film vient en bonne partie du fait que tu connaissais la BD. Moi qui n'en avais aucunement entendu parlé, je suis partagé entre ses
    indéniables qualités graphiques et de dialogues et son scénario ennuyant ...

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