dimanche 5 juin 2011

[Critique] Dream home, de Ho-Cheung Pang


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Dream home, de Ho-Cheung Pang (Hong-Kong, 2010)



Note :
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Quoi de plus beaux que les rêves d’une petite fille ? Par amour pour son papa et pour retrouver les souvenirs d’une enfance trop tôt disparue, Cheng Lai-Sheung rêve depuis toute petite d’un bel
appartement avec vue sur la mer dans un quartier chic de Hong-Kong… Du coup, en grandissant, elle va se mettre à travailler très dur pour obtenir ce qu’elle veut, car comme chacun sait, c’est en
travaillant plus que l’on gagne plus et que l’on peut réaliser ses rêves ! Pourtant, même en cumulant deux jobs, en refusant de prendre des vacances et de s’amuser avec ses collègues, ou même en
euthanasiant tranquillement son papa plutôt que de payer une opération que l’assurance maladie hors de prix refuse de couvrir, Cheng se rend compte que son rêve demeure encore bien loin… Du coup,
quoi de plus logique alors que de massacrer les habitants de l’immeuble qu’elle rêve d’habiter afin de faire baisser drastiquement le prix de ses appartements ?

« Dream Home » est un pur slasher asiatique contemporain, qui se lâche avec fougue dans des scènes d’horreur souvent hallucinantes ! Les meurtres de l’héroïne y sont souvent gores à souhait et
atteignent des sommets d’inventivité et de fantaisie assez incroyables et jubilatoires… Le cinéaste Ho-Cheung Pang ne recule d’ailleurs devant rien : jeune femme enceinte asphyxiée à l’aspirateur
alors que le sang de son fœtus se répand sur le parquet, autre victime à la mâchoire traversée par une latte de sommier… jusqu’à cette magistrale séquence érotico-sanglante, à base de pénis
tranché et d’éclaboussures d’hémoglobine prises pour une chaude et généreuse éjaculation fessière par une femme s’effondrant en extase sur le matelas ! Le spectacle gore n’est ainsi jamais
dépourvu d’ironie et d’un certain humour très noir : on notera également un jeune drogué en train de fumer tranquillement son joint alors que ses intestins se sont répandus au sol devant lui
depuis un bon moment…

Mais si « Dream Home » demeure très efficace dans l’horreur, il s’agit également de saluer une sorte de second film qui émerge entre deux boucheries… Car le film oscille entre deux temporalités :
le présent, où Cheng massacre à tout va, et le passé, qui revient par flash-back et retrace la vie de l’héroïne depuis son enfance… Cette deuxième partie s’avère éminemment sociale et
intelligente, et se transforme en mélodrame assez subtil ! La pauvreté liée aux inégalités économiques y est parfaitement démontrée et le réalisateur s’attache aussi à dénoncer toute une série
d’injustices sociales et de misérabilismes humains : le cercle vicieux des rêves d’argent et du « toujours plus », la monstruosité du libéralisme, la crise immobilière, les dérives des assurances
maladies et l’inégalité devant un système de santé honteux, une réflexion sur l’euthanasie consentie… etc.

En posant des tas de questions en lien avec la crise mondiale en cours, « Dream home » s’impose alors comme un film gore qui transcende amplement son sujet et qui se révèle en fin de compte
passionnant pour tous ceux qui pourront supporter sa violence à la fois visuelle et morale… Curieusement, malgré les horreurs qu’elle commet, l’héroïne nous apparaît plus souvent comme un
personnage positif, auquel il devient possible de s’attacher. On se retrouve même capable de la comprendre, tant le film dresse de perspectives sur son innocence passée ou la tendresse de son
enfance : « Dream home » est en cela savamment troublant, à l’image du jeu tout en ambiguïté de sa brillante interprète Josie Ho !



 



Mise en perspective :



- Le jour du Saigneur































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9 commentaires:

  1. Ah 'tain ce truc. Qu'est-ce que j'ai pu rire quand je l'ai vu à l'étrange festival !

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  2. j'avoue ne pas aimer les parties flashback qui sont trop longues et trop gnan gnan...le film perd trop de son rythme à cause de ces séquences pourtant intéressantes à l'origine.

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  3. Je ne demande pas d'invitation, j'ai un passe-partout, je fais donc avec ce qui me plait quand ça me plait ^^

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  4. La partie plus dramatique est certes intéressante mais pas très subtile et plus maladroite. J'aime ce que le film dit du rapport étroit entre les promoteurs immobiliers, les mafias et le pouvoir.
    Mais comme Fred, je trouve surtout que c'est un slasher hilarant et foutrement original et créatif !


     

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  5. Et pis dis donc toi c'est fini ces questions oui ?! j't'en pose moi ?? ^^

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  6. J'ai la carte illimitée Gaumont et je n'ai pas renouvelé la cinémathèque pour le moment par manque de temps (damned !)

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  7. J'M à être du côté obscur de la force.


    C'est pas trop super comme réponse ? même pas tu as eu besoin de poser de questions :D

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  8. Méfiance, ce peut être une ruse pour mieux t'avoir mon enfant :)

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