mercredi 4 mai 2011

[Critique] Beginners, de Mike Mills



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Beginners, de Mike Mills (Etats-Unis, 2010)



Sortie nationale le 15 juin 2011



Note :
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Vaguement inspiré de sa propre vie, le scénario de Mike Mills pourrait peut-être s’apparenter à une forme de psychothérapie pour son auteur, tant on y retrouve une dimension
mélancolico-dépressive, analytique et existentielle… Mais au fond, cet aspect des choses ne nous concerne, voire ne nous regarde vraiment pas, nous spectateurs de « Beginners » ! Ce qui nous
occupe, c’est surtout le bon moment que l’on passe à savourer cette belle et sensible « tranche de vie », en compagnie de personnages tout autant délicieux… Si l’on rentre aussi facilement dans
l’intrigue de « Beginners », c’est sans doute parce que le spectacle de la vie y est proposé avec une grande justesse et une profonde sincérité : les émotions sont à fleur de peau, le ton y est
doux amer, partagé entre moments de délices et moment de détresses… On a souvent l’impression aussi d’une subtile introspection, qui pose des questions ontologiques sur la vie et la nature
humaine, sur les émotions et les sentiments, mais toujours sans en avoir l’air… La première rencontre entre le couple d’amoureux qui va porter le film est un indice d’ailleurs assez flagrant sur
la perspective psychanalytique de l’ensemble : lors d’une soirée costumée, lui se cache derrière la barbe de Sigmund Freud, pendant qu’elle vient s’allonger sur le canapé juste à côté de lui, en
patiente… muette !

« Beginners » raconte donc les prémices d’une histoire d’amour, entre Oliver et Anna, deux êtres un peu paumés et semi-dépressifs, qui se cherchent et qui doutent toujours de leurs relations avec
les autres… Mais pas que ! Le film de Mike Mills explore ainsi également le thème du deuil, souvent si compliqué : celui surtout du père d’Oliver, duquel ce dernier hérite une maison pleine de
souvenirs et un chien dont il ne peut plus se séparer… Il faut dire qu’Oliver se met à avoir d’étonnantes conversations philosophiques avec le cabot, une façon comme une autre de dialoguer avec
un mort, voire plutôt avec soi-même ! Cette affaire de deuil va permettre une construction habile et complexe d’un scénario oscillant allègrement entre les époques : l’enfance d’Oliver, avec une
mère frustrée par un mari qui ne lui accorde pas assez d’affection, le passé plus récent, avec un père veuf qui ose un coming-out plein de peps à 75 ans, et un présent un peu terne, où Oliver se
cherche… et finira par trouver la belle Anna !

Le montage fait souvent mouche (notamment dans des séquences en voix off, laissant correspondre des images d’archives aux mots d’Oliver), mais l’ensemble de la mise en scène demeure aussi très
convaincant, conférant au film une tonalité riche et appréciable, libérant une foultitude d’émotions « vraies » : qu’il soit triste ou drôle, « Beginners » demeure toujours très humain et
joliment émouvant… Et pour porter une si généreuse sincérité, l’ensemble de la distribution fait merveille ! Le couple formé par Ewan McGregor et Mélanie « Inglourious Basterds » Laurent est juste délicieux, incarnant un
Oliver tout en nuances et une Anna paradoxale, un peu comme son statut de française en Amérique, superposant parfois avec un naturel décomplexé la langue anglaise et la française au gré des
dialogues… Christopher Plummer est tour à tour délirant et émouvant en vieillard un peu indigne mais toujours très vert ! Et si l’on est un peu déçu de revoir Goran Visnjic (le beau Docteur Kovac
dans « Urgences »), qui a visiblement pas super bien vieilli, on demeure bluffé face à la vraie révélation du film : le bien nommé « Cosmo » dans le rôle clé d’Arthur… Même si ce dernier cabotine
à mort, ce qui est d’ailleurs plutôt normal pour un chien !































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6 commentaires:

  1. Très beau film, j'étais tout n'ému. Et pour une fois que mélanie Laurent ne m'énerve pas... ^^

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  2. Hum... bah mes souvenirs d'Inglorious n'incluent pas Mélanie. Je pense que j'ai dû la trouver un peu transparente dans le film... désolé... (mode Denisot)

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  3. Quel joli couple fragile, on est presque gêné de partager leur intimité à ce point..


    Et Ewan est trop craquant !

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  4. J'apprécie beaucoup Mélanie L en fait, je ne l'ai pas vu dans inglorious bastards mais je me souviens d'elle dans Je vais bien ne t'en fais pas, qui m'avait carrément bluffé, et je garde un assez
    bon souvenir du Concert même si c'était un peu caricatural, je le conçois. Elle n'en fait pas des tonnes mais elle est souvent juste.

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  5. J'ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé ce film !


    Délicat. Bien écrit, interprété, etc. Une très très jolie surprise.


     

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  6. en effet, un film touchant et sensible... ;)

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