mardi 26 avril 2011

[Critique DVD] Another year, de Mike Leigh



another year



Another year, de Mike Leigh (Grande-Bretagne, 2010)



Sortie DVD et VOD le 4 mai 2011 chez Diaphana



Note :
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C’est avec une infinie subtilité, comme à son habitude, que Mike Leigh déroule les quatre saisons dans « Another year ». Il nous fait vivre toute une année, morcelée en quatre mouvements (et en
quatre temps : printemps, été, automne, hiver) dans la vie de Tom et Gerri. Non pas le chat et la souris des dessins animés, mais un couple de retraités qui s’aiment encore magnifiquement malgré
les années qui passent… Ils habitent une chouette maison et cultivent avec soin un abondant jardin, toujours au rythme des saisons. Mais ce qu’ils cultivent le mieux, sans doute, ce sont leurs
rapports aux autres : à leurs amis ou à leurs familles. Le cinéaste britannique multiplie les personnages qui valsent tout autour d’eux et montre une nouvelle fois, avec une acuité incroyable, la
danse des sentiments et des rapports humains…

Tout paraît banal et quotidien dans « Another year », mais c’est justement de cette simplicité que naît la force du film : Leigh filme la langueur de la vie et du temps qui passe, avec grâce et
élégance. La mise en scène est tout simplement remarquable : quelques moments de vie bien choisis (un après-midi entre amis, un repas…), et tout le reste n’est qu’ellipses et non-dits. C’est fin,
c’est beau et l’absence régulière d’une surenchère d’explications, à propos de ce qui se passe dans les vies respectives de chacun, confère au film son universalité ! Tous les acteurs sont
incroyables et communiquent à merveille avec leurs personnages : le couple formé par Jim Broadbent et Ruth Sheen est adorable et touchant, et la composition de Lesley Manville, en optimiste
acharnée et fantaisiste, déçue par la vie et le temps qui l’abîme inexorablement, restera inoubliable…

Le film file la métaphore des saisons, certes, mais avec une finesse absolue. Si le printemps est l’occasion de la naissance de l’enfant d’une collègue, l’hiver est celui de la mort d’un membre
de la famille. Mais bien plus beau encore est cette capacité du film à faire glisser doucement les sentiments de la joie printanière, avec ses rires et ses espoirs en l’avenir, vers la mélancolie
hivernale, avec ses larmes et ses échecs mal digérés… Comme toujours chez Mike Leigh, on oscille entre la comédie humaine et le tendre drame, mais pour la première fois peut-être on perçoit une
note plus sombre et cruelle. Son cinéma demeure toujours optimiste, certes, en s’abstenant comme à chaque fois de choisir une légèreté trop facile ou une niaiserie romantique, mais il abandonne
certains personnages d’« Another year » en plein cœur de l’hiver, avec un cœur congelé, sans que l’on soit très rassuré du traditionnel recommencement des saisons pour eux désormais…

Derrière une apparente simplicité, « Another year » semble au final contenir une richesse infinie, qui permettra à chaque spectateur de le ressentir à sa façon et en fonction de sa propre
expérience de la vie… Voire mieux : on a l’impression d’une œuvre somme magistrale, que l’on pourra voir et revoir tout au long de sa vie et que l’on comprendra et aimera différemment en fonction
de son âge ou de sa situation du moment… Un beau film qui console et qui panse, malgré la tristesse et le froid de l’hiver.



 



En DVD :
En bonus du film, vous pourrez retrouver sur le DVD le cinéaste Mike Leigh évoquer son long métrage et sa façon de travailler au cours d’une interview d’un petit quart d’heure. Il explique
surtout comment il « découvre » son film en cours de tournage, qui n’est ainsi jamais figé avant le dernier coup de caméra, notamment grâce à l’improvisation ou aux acteurs, qui participent
activement à l’élaboration de leurs personnages… On a souvent dit que le cinéaste anglais ressemblait étrangement à Droopy, et de voir ce petit bonhomme aux airs de chien de dessins animés nous
parler de Tom et Gerri (les personnages de « Another year ») reste un moment à la fois amusant, agréable et passionnant !
Dans un second entretien, Olivier Père livre une analyse pertinente et sensible du film, éclairant parfois d’un étonnant contrepoint certains éléments de l’histoire…































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