vendredi 11 mars 2011

[Critique] Les nerfs à vif (Cape Fear), de Jack Lee Thompson



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Les nerfs à vif (Cape Fear), de Jack Lee Thompson (Etats-Unis, 1961)



Note :
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Première version d’un roman de John D. MacDonald, avant un remake halluciné signé Martin Scorsese trente ans plus tard, « Les nerfs à vif » signé Jack Lee Thompson demeure encore aujourd’hui un
grand moment de cinéma et une leçon exemplaire de mise en scène ! Un suspense construit crescendo sur une mécanique diabolique décrit la vengeance subtile et sournoise de Max Cady, un détraqué
tout juste sorti de prison, sur l’avocat Sam Bowden, dont le témoignage à son procès l’a fait condamner à huit ans d’enfermement pour viol…

Rien que la première confrontation demeure mythique : retirant furtivement ses clés de voiture à Bowden pour l’empêcher de démarrer, Cady vient lui signifier à mots couverts qu’il est revenu le
trouver pour lui faire payer, à lui et à sa petite famille de la bourgeoisie respectueuse de l’ordre moral… A partir de là, la vie de l’avocat jusque-là si tranquille va devenir un enfer : Max
Cady va tout faire pour le pousser à bout, tout en flirtant à chaque fois avec les limites de la légalité, méticuleux et consciencieux pour éviter justement de se mettre en porte-à-faux à l’égard
de la Loi. La police devient alors inefficace et impuissante pour venir en aide à Sam Bowden et pour le protéger, lui, sa femme et sa fille… L’avocat tout propret va lui-même glisser
progressivement en-dehors des clous et trahir finalement la loi qu’il est censé incarner par sa profession ! En essayant de perdre Cady en se faisant justice lui-même, c’est peut-être bien
lui-même qui se perd doucement…

Les deux personnages semblent ainsi incarner une lutte sans merci encore le bien et le mal, mais à travers une dialectique qui sera bien souvent pétrie d’ambiguïté… Faire le mal tout en
respectant la Loi, sortir de sa morale et finir par sombrer dans la violence pour croit-on faire le bien : rien n’est simple, décidément… Pour illustrer ces contrastes passionnants, et toutes ces
zones d’ombre révélées notamment avec éclat à travers le personnage de Bowden, tiraillé entre ses idéaux et la nécessité de ses actes, Thompson use d’une mise en scène assez puissante, basée sur
des jeux d’ombres et de lumières saisissants ou sur de superbes contrastes tirés du noir et blanc de la pellicule… L’image, appuyée par une musique tendue et efficace de Bernard Herrmann, évoque
alors une atmosphère intensément expressionniste, qui confine souvent aux frontières du fantastique ! Le duel au sommet entre Gregory Peck et le machiavélique Robert Mitchum vient parfaire ces «
Nerfs à vif » déjà bien taillés…































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5 commentaires:

  1. Merci pour ce papier, cela donne envie de trouver cette version ancienne. Je reste évidemment sur un excellent souvenir du remake de Maître Scorcese. Allez maintenant à la chasse au DVD pour le
    trouver... pas si facile peut-être ?!Ciao..cIAO


     

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  2. Un vrai thriller sombre et psychologique. Pour moi c'est un chef d'oeuvre du genre bien meilleure que la version de Scorcese. 4/4

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  3. Je ne savais pas (du tout) qu'il y avait eu une première version de cette histoire. Je vais essayer de mettre la main dessus!

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  4. Vu l'autre jour sur Arte ; si le ton est différent du remake de Scorsese, je trouve que les deux films se valent. Ici, la fin traine et désamorce le suspens alors que Scorsese conduit le film à
    un rythme plus soutenu.
    Je pense que c'est la première fois que je vois deux film basés sur le même scénario qui se valent autant tout en se démarquant l'un de l'autre !

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  5. point de vue intéressant... faut juste que je revoir la version de scorsese pour comparer...

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