vendredi 4 février 2011

Thelma et Louise, de Ridley Scott (Etats-Unis, 1991)



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Note :
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Geena Davis et Susan Sarandon roulant à toute berzingue, cheveux au vent, dans une thunderbird décapotable à travers les grands espaces vides et sauvages des Etats-Unis, voilà qui reste à tout
jamais un film culte dans la mémoire des cinéphiles ! D’autant plus que « Thelma & Louise » s’achève sur une scène inoubliable de la mythologie hollywoodienne : les deux jeunes femmes, main
dans la main, décidant de « s’envoyer en l’air » à bord de leur bolide depuis le sommet du Grand Canyon !

Mais reprenons depuis le commencement : pour fuir un peu leur morne quotidien (Louise est serveuse dans un restaurant, Thelma est « bobonne » au foyer pour un type vulgaire et sans égard pour
elle), nos deux belles héroïnes décident de partir pour un week-end tranquille à la montagne, rien que toutes les deux, « entre filles » si l’on peut dire… Sauf qu’en chemin, au cours d’une halte
pour se reposer un peu, Thelma se laisse séduire par un homme qui manque de la violer avant que Louise finisse par le descendre d’un coup de revolver, en réponse à sa bestialité de mâle ignoble
!

Bien sûr, « Thelma et Louise » demeure un film grand public, dont on peut faire une lecture très premier degré : après ce tragique incident, les deux jeunes femmes voient leurs vies basculer et
décident de fuir au Mexique pour éviter la taule ou la peine capitale… Le film suit alors leur parcours à la façon d’un road movie, pavant leur route de multiples épisodes, drôles ou un peu plus
dramatiques. Mais un regard plus approfondi sur le long métrage de Ridley Scott laisse cependant apparaître bien d’autres richesses…

Car le cheminement de Thelma et Louise n’est rien d’autre, après tout, qu’une métaphore de l’émancipation, notamment féministe, bien sûr ! Le film résonne ainsi comme une quête de la liberté :
les deux femmes fuient une réalité étriquée pour conquérir l’Ouest sauvage, à la façon des pionniers américains ! On sent alors en elle la volonté de repousser toutes les limites : boire, fumer,
conduire à toute vitesse, tromper son mari… et bientôt braquer une banque, « coffrer » un flic, jouer de la gâchette… pour tout faire comme un homme, peut-être ?

Sans pourtant vouloir prendre leur place, on a quand même bien l’impression que les deux copines convoitent peu à peu le projet d’éradiquer les mâles de leurs vies… Il faut dire que ceux-là
n’inspirent pas vraiment le désir dans le film : ils sont machos (le mari de Thelma), pervers et détraqués (l’homme du bar, qui drague Thelma puis l’emmène sur un parking pour la violer), voleurs
et menteurs (le jeune crétin d’auto-stoppeur, interprété par un Brad Pitt tête à claque). Du coup, quel autre choix que de haïr et de tuer le mâle ? Au sens propre, lorsque Louise tire sur le
violeur (on apprendra plus tard que ce geste est alors cathartique pour elle, elle-même ayant été violée plus jeune), ou dans un autre sens, celui de l’humiliation ou de la castration, lorsqu’il
s’agit en fait de retirer à l’homme tous les oripeaux de sa virilité. Une incroyable séquence met ainsi en scène la vengeance des deux femmes à l’égard des hommes, lorsqu’elles demandent à un
routier de s’excuser pour le geste obscène qu’il leur a fait depuis son camion : celui-ci n’obtempérant pas, tout convaincu de sa supériorité masculine, elles se déchaînent alors avec jubilation
à tirer sur son « gros » camion jusqu’à le faire exploser, symbole pour le coup de sa puissance virile !

Féministes, Thelma et Louise le sont, c’est sûr ! Mais la voie qu’elles choisissent est aussi celle d’un monde sans mec et du plaisir lesbien… Alors évidemment, tout cela est très crypté et vient
très progressivement au cours du film. Quand Louise prend la décision d’aller au Mexique, par exemple, c’est un peu comme si elle disait à Thelma : « je suis lesbienne, tu viens avec moi ? »
Thelma commence alors par hésiter, puis finira par suivre son amie, pour aller au Mexique, c’est à dire en fait pour devenir lesbienne. Le cheminement intérieur de Thelma est d’ailleurs
magnifique : d’une fille peureuse et introvertie au côté de son mari, elle deviendra sauvage et extravertie au contact de Louise, comme si le bonheur se trouvait au fond dans la « lesbienne
attitude » ! Elle finira même par déclarer mot pour mot : « je me sens très différente », signifiant par là même que son épanouissement sexuel est enfin accompli.

Mais la liberté, notamment sexuelle, se paie toujours le prix fort, surtout quand on est une femme, et nos deux héroïnes n'auront au final d'autre issue que la mort... Ainsi, à l’instant même où
elles s’embrassent sur les lèvres, scellant à tout jamais leur union amoureuse et charnelle, elles n’ont plus d’autre choix que de mourir, dans un monde dominé par les hommes et l’hétérosexualité
! Tel un oiseau prêt à s’envoler, leur voiture fait alors le grand saut dans le vide, mais sa chute est annulée par un subtil fondu au blanc à l’écran : Thelma et Louise resteront ainsi toujours
vivantes à nos yeux, comme suspendues en plein vol, juste avant d’être abattues par cet enfoiré de chasseur…



 



Mise en perspective :



- « Lesbiennes et tueuses » : des filles qui « en ont » !































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8 commentaires:

  1. J'adore ce film (quelle surprise ) mais c'est marrant, je ne les ai jamais vu lesbiennes ... Faudrait que je le
    revois, tu m'intrigues. 

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  2. J'avais bien aimé ce film, vu au ciné, à sa sortie en salle ! Une sorte de "road movie" féministe un peu déjanté !

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  3. Ni VRAIMENT tueuses, ni VRAIMENT lesbiennes... Mais joli film d'un cinéaste très inégal...

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  4. L'un des meilleurs road movie du cinéma, féministe sans aucun doute mais avant tout humain. chef d'oeuvre du genre un film qui n'impressionne pas au premier abord mais qui reste graver. 4/4

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  5. Je suis d'accord sur le "crypto", tu as tout fait raison... C'est un peu l'ancètre de Baise-moi !

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  6. Sans doute pour moi l'un des meilleurs films de tous les temps ! L'interpretation de Geena Davis et Suzan Sarandon y est juste (bon, ne parlons pas de Brad Pitt, qui fait très kéké des plages,
    moins crédible que ses 2 complices)... Mais un film qui nous parle, plein de symboles et de messages... ! A voir et a revoir !

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  7. desidement tu croi au relation homosexuelle cryptée , ayent vu se film toute petite , j'ai un peu de male a le voire sous c'ette angle , mais ils reste pour moi un magnifique film feministe dont
    le des   jeux deux actrices principale n'est nulement apovri par le doublage francais plutot mediocre . Et dans  le quel on aimme desidement beaucoup voire brad pitt sen aller

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  8. bon, j'avoue, je pense que j'exagère un peu le trait parfois... ;)

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