mercredi 9 février 2011

[Critique] Contre toi, de Lola Doillon



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Contre toi, de Lola Doillon (France, 2011)



Note :
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Illustration quasi littérale et paroxystique du Syndrome de Stockholm, cette étrange empathie qu’un otage peut éprouver pour son ravisseur, « Contre toi » décrit la relation atypique et
troublante entre une obstétricienne et son ravisseur, qui la retient prisonnière dans une pièce aveugle chez lui… Le scénario brille très vite par une construction habile, livrant l’épisode
d’emprisonnement en un seul bloc, sous la forme d’un huis clos maîtrisé et jamais répétitif, coincé avant et après par ses conséquences sur la vie des deux personnages. Les révélations sont
également subtilement distillées au cours des affrontements entre la victime et son bourreau : pourquoi l’a-t-il enlevé ? que va-t-il faire d’elle ? Les réponses viendront doucement, subtilement,
combler les interrogations posées dès le départ par la narration… L’évolution de leur relation avance doucement, mais sûrement, rythmée par des scènes que l’on pourrait a priori trouver banales,
mais qui sont pourtant le fondement même des rapports humains et de la connaissance que l’on peut avoir les uns des autres…

A travers deux personnages magnifiques, magistralement interprétés par Kristin Scott Thomas et Pio Marmaï, Lola Doillon explore avec force et profondeur deux solitudes contemporaines égarées, qui
se rejoignent le temps d’un événement hors du commun, guidé par un coup de folie… On est fasciné par ces deux individus perdus, constamment dans l’indécision par rapport à leurs actes, les
rendant plus intenses et plus humains encore ! Après sa fuite, la femme a bien du mal à revenir à la vie, redevient faillible et fragile, restant dans l’impossibilité de parler aux gens qui
l’entourent, et hésitant à porter plainte au commissariat… Le jeune homme brisé, lui, demeure plus perdu encore, et quand ces deux-là vont finalement se retrouver une seconde fois, le film
prendra une voie absolument étonnante, à l’ambiguïté audacieuse ! Jamais le trouble des sentiments n’aura été rendu de façon aussi palpable au cinéma, le film explorant alors l’intériorité d’un
homme et d’une femme rongés par la peur et la compassion, par un phénomène d’« attraction répulsion » tout bonnement insoluble…



 



Mise en perspective :



- D’amour et d’eau fraîche, d’Isabelle Czajka (France, 2010)



- Crime d’amour, d’Alain Corneau (France, 2010)































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2 commentaires:

  1. Tu as visiblement ressenti les effets du syndrome de Stockolm durant la projection de cet ennuyeux petit film (c'était mon commentaire constructif du jour)

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  2. peut-etre, mais je n'en ai pas moins été fasciné...

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