mercredi 10 novembre 2010

Splendor, de Gregg Araki (Etats-Unis, 1999)



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Note :
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Quand Araki s'essaie à la comédie romantique, force est de constater qu'il s'assagit... Avec "Splendor", exit donc son univers trash et hyper provocateur, comme on pouvait l’admirer dans ses
films précédents, tel que "The Doom Generation". Mais le personnage
central du film nous prévient ici dès la première réplique que "l'amour est une chose mystérieuse et déconcertante" : alors si "Splendor" demeurera plus calme et moins torturé que ce à quoi le
réalisateur nous avait habitué jusque-là, il n'en garde pas moins "l'esprit" et certaines thématiques de ses autres longs métrages... On y retrouve notamment les concepts d'amour libre et de
ménage à trois !

Alors que Veronica n'a pas connu l'amour depuis bien longtemps, elle va s'enticher de deux garçons que tout oppose au cours de la même soirée : le destin est joueur... Un dilemme s'ensuit :
lequel choisir ? Veronica décide alors de ne pas choisir et le trio finira par s'installer dans le même appartement. On pourra regretter qu'Araki semble se freiner légèrement, sans doute pour
capter un plus large public, en ne développant quasiment pas, par exemple, de rapports homosexuels entre les deux garçons : le tout est expédié en un petit bisous sur les lèvres au cours d’un
jeu, rien de plus ! Mais on lui sait gré, quoi qu'il en soit, de ne pas renoncer à traiter les questions de société avec le point de vue oblique qui le caractérise : les relations de couple bien
sûr, qu'il élargit à un trio, voire même à plus quand un troisième larron fait son apparition aux yeux de Veronica, mais aussi des questions taboues en Amérique comme l'avortement quand la jeune
fille tombe enceinte... Sa rencontre avec Ernest, un riche et attentionné réalisateur, la pousse d'ailleurs à vouloir se marier et accepter par là même un amour unique, tel que la société le
préconise, mettant principalement en avant les notions de stabilité que cela représente pour elle et son futur bébé. Son choix sera finalement celui d'un personnage typiquement Arakien, ce qui
rend le film plus appréciable encore et étonnamment touchant dans la dernière séquence !

Mais ce qui compte aussi pour beaucoup dans un film de Gregg Araki, pour y reconnaître son style entre tous, c'est bien sûr la mise en scène... et ici, quelle "splendeur" ! (héhé) Araki ne perd
rien de sa fougue de ce côté-là, enchaînant une ribambelle de tableaux et d'images très colorés, souvent très kitsch et très "queer", jamais vraiment trash donc, mais toujours déjantés et à
l’esthétique gay très prononcé ! Le réalisateur joue avec bonheur sur les contrastes et les caricatures qu'il fait incarner à ses interprètes. Stylée et soignée, la mise en scène alterne l'humour
et l'amour, et accumule parfois les deux dans une même séquence, puisque après tout l'amour fera toujours rire, de part ses ridicules si charmants... "Splendor" nous réserve aussi quelques folies
dont le cinéaste a le secret, comme une scène aux frontières du cartoon, les deux garçons recherchant leur dulcinée dans une grande maison, puis finissant par s'envoler d'un balcon pour plonger
comme par magie dans la piscine un peu plus loin... Les jeunes acteurs sont en outre tous impeccables, rivalisant de grimaces et d'énergie pour incarner des archétypes magnifiques et poussés à
l'extrême :  Kathleen Robertson est délicieuse et ses trois amants (Johnathon Schaech, Matt Keeslar et Eric Mabius) sont aussi excellents que bandants !



 



Mise en perspective :



- The Doom Generation, de Gregg Araki (Etats-Unis, France, 1995)



- Kaboom, de Gregg Araki (Etats-Unis, 2010)



- Smiley face, de Gregg Araki (Etats-Unis, 2008)



- Nowhere, de Gregg Araki (Etats-Unis, France, 1997)































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