vendredi 19 novembre 2010

Rubber, de Quentin Dupieux (France, 2010)



rubber.jpg



 



Note :
star.gif

star.gif



Sauve qui pneu !



 



Pourquoi une automobile noire renverse méthodiquement un « troupeau » de chaises une à une en plein désert au tout début du film ? « No reason »… Pourquoi un type en sort du coffre et renverse le
verre d’eau qu’il tient à la main et que l’on pensait qu’il boirait ? « No reason »… Pourquoi a-t-on fait venir là des « spectateurs » pour suivre à distance, avec des jumelles, une étonnante
fiction ? « No reason »… Pourquoi voit-on un pneu se réveiller tranquillement dans une décharge, apprendre à rouler l’air de rien, se mettre à développer des talents pour la télékinésie et faire
ensuite exploser des têtes par dizaines ? « No reason »… Ah vraiment, mais quel drôle d’Oizo ce Dupieux ! Il est quand même un tout petit « pneu » gonflé pour oser un film aussi improbable sur
une roue de voiture reconvertie en serial killer qui tue sans la moindre raison… Tourné en quatorze jours avec un appareil photo (!), le seul concept du film a déjà de quoi surprendre et emballer
!

Le pari du cinéaste est d’ailleurs en grande partie réussi, dans la mesure où l’on y croit à cette histoire et où son cinéma fait parfaitement illusion. En plus de ça, on s’amuse vraiment à
suivre l’odyssée absurde et déjanté de ce pneu en roue parfaitement libre, si l’on puit dire… Les bonnes idées se suivent, depuis l’apprentissage de la vie du pneu (à rouler d’abord, à tuer
ensuite, en commençant par des objets ou des petits animaux et en finissant par des humains) et jusqu’à sa réincarnation en tricycle, en passant par sa romance avec une jolie pépée ou une nuit
tranquille dans un motel, traces de pneu dans les draps (ah ah) et douche au petit matin incluses…

Quentin Dupieux est un filou et il va même plus loin dans son concept terriblement série Z, en le transformant en vraie réflexion sur le cinéma, à travers une intrigante mise en abyme… L’histoire
ne se déroule en effet que si un public la regarde, et le réalisateur installe carrément un groupe de touristes au milieu de nulle part pour leur faire assister à son « film ». A moins qu’il ne
s’agisse là que d’une façon d’exorciser l’absence de public pour « Steak », son précédent film ? Quelques spectateurs, après tout, même inclus à l’intérieur du film, c’est toujours ça de
pris…

Audacieux, « Rubber » l’est tout autant dans son récit que dans sa forme, puisque tout semble sur le point de vaciller à chaque instant au fur et à mesure que le film avance… On se demande même
souvent comment il peut aussi bien tenir la route, mais c’est justement dans son absence de cohérence ou d’explications que l’on trouve la meilleure des réponses ! Dès le début de film en effet,
le personnage principal (excellent et hilarant Stephen Spinella) nous explique face caméra, ni vu ni connu, que ce que l’on va voir n’est finalement rien d’autre qu’un hommage à l’éternel et
omniprésent « No reason » qui gouverne le monde…

Reste que « Rubber », malheureusement, manque peut-être un peu de carburant pour arriver vraiment à bout de ses intentions de long métrage… Si les effets de lenteur qui parcourent le film sont
bien souvent joliment esthétique, force est de constater que l’ensemble a parfois l’air un brin étiré et répétitif, au point de tourner en rond… ou plutôt de ne plus tourner bien rond, comme un
pneu crevé ! On reconnaît que « l’effet cinéma » est réussi, porté aussi par mille références (à commencer par « Scanners » de Cronenberg, peut-être la plus évidente avec les têtes qui explosent), mais
une impression d’inachevé demeure quand le générique de fin apparaît. Il manquait sans doute encore un peu de consistance, d’une ou deux idées supplémentaires ou d’une roue de secours, pour
parachever ce « Rubber » comme on l’avait rêvé avant sa projection ! Bel effort, en tout cas, et beau geste d’un cinéaste stimulant !































  • Plus










2 commentaires:

  1. Beaucoup de bruit pour pas grand chose au final... La théorie du "No reason" est un concept de promo surtout très facile mais ça n'empêche pas un minimum de travail sur le scénario. Décalé et
    original c'est certain (d'où l'étoile) avec une bonne dose d'idées qui parsème le film (les spectateurs notamment) mais il y a aussi un manque d'humour ; on ne rit jamais, on ne sourit pas, on se
    demande trop le pourquoi du comment pour tenter d'avoir un véritable plaisir même coupable. Le pneu psy qui est attiré par une jeune fille ne va pas au fond des choses ; l'attrait pour la jeune
    fille semble au final peu important (Roxane mesquida est charmante mais à quoi sert-elle vraiment ?!). Rubber est un tueur en série qui ne surprend plus au bout de 15mn, les spectateurs aux
    jumelles restent le paramètre qui permet de rester éveillé. Des idées justent suffisantes pour un court ou moyen métrage donc. 1/4

    RépondreSupprimer
  2. je te trouve bien dur avec ce film qui a le mérite de la différence et de la radicalité ! perso j'ai beaucoup ri en le regardant... c'est vrai qu'on sent des fois que ça a été étiré pour devenir
    un long, mais à part ça c'est plutôt chouette !

    RépondreSupprimer