dimanche 7 novembre 2010

La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier (France, 2010)



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Note :
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Il fallait une certaine audace pour tirer d’une nouvelle de Mme de Lafayette sur les atermoiements de l’amour un film de cape, d’épée et de champs de batailles, plein de bruits et de fureur ! En
dynamisant ainsi le récit du court texte duquel son film est adapté, Bertrand Tavernier voulait probablement lui rendre avec fougue et panache tout son caractère romanesque et éminemment moderne,
n’en déplaise à certain petit président inculte qui voudrait voir remiser au grenier cette œuvre importante du patrimoine littéraire français… La grandeur de la reconstitution, les exploits
guerriers, les paysages immenses parcourus au galop par des montures majestueuses, tout contribue à l’importance de l’action dans ce siècle parcouru de terribles guerres de religions entre les
gentils catholiques et les méchants protestants ! Mais c’est bien sûr avant tout la mise en scène du cinéaste, à la fois classique et pleine de grâce, capable de mouvements de caméra virevoltants
et magistraux, qui nous happe dès les premiers plans et nous plonge jusqu’au bout dans ce déferlement d’intrigues et de passions…

Mais l’amour n’est pas exclu pour autant de ce film d’aventures trépidantes. Bien au contraire, il demeure même au cœur de tout ! Pour obéir à son père, qui y voit surtout ses intérêts, Marie de
Mézières doit épouser le Prince de Montpensier, alors qu’elle s’était promise depuis son plus jeune âge à Henri de Guise… De ce dépit amoureux va naître ses malheurs, encouragés par ses désirs de
femme qu’elle a bien du mal à contrôler. Si la nouvelle de Lafayette insistait sur la valeur morale de l’obéissance des faibles (les femmes), puisque l’on peut y lire que la princesse « aurait
été sans doute la plus heureuse, si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions », on peut cependant constater que la version de Tavernier s’attache plus à la description de la
passion amoureuse et de ses déchaînements : jalousie, duels à l’épée, rendez-vous secrets… Les intrigues de la Cour se révèlent palpitantes et offrent au spectateur un grand et beau spectacle
populaire, aux échos passionnants sur le monde contemporain. Les doutes du Comte de Chabannes sur la guerre, par exemple, le conduisant à être objecteur de conscience après avoir tué une femme
enceinte par accident, sont psychologiquement très forts et très parlants pour notre époque. Et que pensez des subtiles notes de féminisme qui se glissent ici et là, au gré d’une conversation
entre filles ou à travers le personnage de Marie, bien sûr, qui veut apprendre à écrire dans sa quête effrontée d’indépendance, toujours prête également à abandonner son époux pour aller retenter
sa chance auprès de celui qu’elle aime…

Le souffle de la réalisation sait captiver, mais le spectateur saura aussi apprécier la beauté des costumes et des décors, qui nous plongent au cœur de l’Histoire… La qualité de l’interprétation
ajoute bien évidemment à la grandeur de cette « Princesse de Montpensier », dont les 140 minutes passent en un clin d’œil. Lambert Wilson est très bien dans le rôle de ce comte ayant renoncé aux
armes qui s’occupera de l’éducation de la princesse, tout en tombant secrètement amoureux d’elle… « Elle », c’est d’ailleurs Mélanie Thierry, à la tête de la jeune et impeccable distribution du
film : Gaspard Ulliel (quand même moins beau avec une moustache, avouons-le…), Raphaël Personnaz, ou encore Grégoire Leprince-Ringuet, dont le rôle de mari mal-aimé rappelle étonnamment celui
qu’il tenait dans « La belle personne », autre adaptation « dépoussiérée » de « La Princesse de Clèves », de Mme de Lafayette, signée Christophe Honoré en 2008.































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9 commentaires:

  1. Bon ben alors moi j'ai pas trop aimé ce film, déjà je me suis ennuyée pendant les scènes de bataille. Mais bon c'est vrai que je déteste ça les scènes guerrières. J'ai trouvé la bande-son très
    pesante, très appuyée. Et la nature dont tu parles, c'est vrai que les paysages magnifiques, mais il s'en approche jamais pour les filmer, c'est frustrant à la fin. Et puis les intrigues
    amoureuses assez superficielles finalement. Reste que j'ai beaucoup aimé le personnage du comte de Chabannes, c'est Lambert Wilson qui sauve le film à mon avis ! Quel beau personnage
    : discret, intelligent et sensible, le seul qui l'ai jamais vraiment aimé cette princesse...

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  2. Gné ?


    Du bruit et de la fureur ? Où que ça donc ?


    Nous n'avons pas du voir le même film m'est avis.


    Quant à Ulliel MDR !

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  3. Tu as vu La chair et le sang de Paul Verhoeven ? ^^ C'est un film pour midinettes avec une fille écartelée entre quelques mecs aussi ;)

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  4. Après le très mauvais buzz cannois, la critique semble radicalement retourner sa veste car le film reçoit un accueil plutôt globalement positif...


    Alors, par contre, je n'avais aucune envie de voir ça... Tavernier a très vite fait de m'ennuyer, surtout avec ses gros films historiques...


    ça ne me tente pas mais, bon, je lui donnerais peut-être une chance...

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  5. Tavernier réalise là un film presque hors du temps ; il offre un film d'aventure qui nous rappelle l'âge d'or du genre. Le casting est très bon, Anjou et Guise vraiment superbement joué par
    Raphael Personnaz et Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry porte parfaitement le double jeu entre Guise et son époux, ce dernier joué malheureusement par le plus fade et surestimé de nos acteurs jeune
    génération (locution mal assurée, toujours la même tête et les mêmes mimiques). Très bon point pour les scènes de bataille très réalistes sans l'esbrouffe à l'américaine. Classique, trop pour
    quelques uns, mais un classicisme assumé et assuré par un grand réalisateur qui a le mérite d'offrir un peu de cape et d'épée must devenu rare du film d'aventure. 3/4

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  6. Sans être aussi enthousiasmé que le marquis de Siné, je me vois contraint de tirer l'épée à ses côtés devant tant d'ignobles fadaises débitées par quelques soudards de la critique. Bien sûr le
    film déborde de romanesque, d'amour discourtois, de fureur sentimentale et de bruit de couronnes. Quels beaux portraits il nous offre tout de même de cette époque ou les sires et princesses
    avaient tout de même plus d'allure que les empoudrés perruqués du siècle du Roi Soleil (les contemporains de Lafayette). Une époque pourtant bien cruelle où on pouvait être général à 18 ans, et
    épouser en seconde noce une pucelle de trente sa cadette. Quand Tavernier enfile son costume d'historien, ça sent presque le vécu.

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  7. La chair et le sang... Fred... you must be my soul mate !

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  8. Ce film est une trahison de la nouvelle originale. Tavernier en fait un film romanesque aux dialogues ampoulés, aux batailles creuses. je ne dirais rien sur le pseudo message feministe que le
    sieur Tavernier a inventé pour l'occasion (quel talent, grand Dieu, un Oscar vite !) en violant de ses gros doigts graisseux d'Artiste Français un autre nouvelle de Madame de Lafayette (La
    comtesse de Tende). Pas un mot, non plus, sur le casting de jeunes acteurs, tous constipés et à giflés.

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  9. aaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhh !!!!


    bon, on sent là le littéreux pointilleux... trahison ou simplement "adaptation" moderne ?


    je n'ai pas lu la nouvelle, quelles sont exactement les différences ? la princesse va-t-elle clairement se déclarer à l'autre à la fin de la nouvelle ? ça me paraissait bizarre que lafayette ait
    écrit ça...

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