jeudi 7 octobre 2010

Electra Glide in blue (Dérapage contrôlé), de James William Guercio (Etats-Unis, 1973)



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Note :
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Unique film de son réalisateur, à la fois rare et maudit, quasiment invisible depuis sa sortie en 1973 et injustement taxé de fascisme, "Electra Glide in blue" est une petite pépite du cinéma
américain des 70's, qu'il était grand temps d'enfin réhabiliter !

Dans le domaine des « road trip movies », le film de Guercio est un peu le pendant inversé d’"Easy rider". Alors que ce dernier, sorti en 1968 dans une société en pleine émancipation des mœurs,
prônait la liberté, la fougue de la jeunesse ou le slogan libertaire « Sex, drug and rock'n roll », « Electra Glide » imposait cette vague de désenchantement du début des années 70, mélancolie
existentielle toute post-soixante-huitarde, justement… Mais bien loin de faire l'apologie des forces de police, comme on a pu l'accuser à l'époque (alors que le film sortait dans le contexte
difficile de la fin de la guerre du Vietnam), le long métrage montre au contraire des policiers arrogants, corrompus et manipulateurs, à l’exception bien sûr de John Wintergreen, le personnage
principal, qui tâche de toujours rester fidèle à son intégrité, quitte à se montrer parfois presque trop zélé... Certes, les drogués et les hippies ressortent eux aussi du film avec une sale
image, mais ce portrait est-il au fond si éloignée de la réalité ? L’apologie des années d’insouciance et d’inconscience n’avait-elle pas déjà que trop duré ? La force du film est justement
celle-ci : montrer que d'un côté comme de l'autre de la Loi, l'humanité est à la fois profondément désabusée et portée au mal…

Dans les décors grandioses de l’Ouest américain des pionniers, filmés dans un cinémascope imposant et soigné, « Electra Glide in blue » rend hommage aux grands classiques du western. Il le
modernise en remplaçant les grandes plaines sauvages par des routes goudronnées et les chevaux des cow-boys par les fameuses « Electra Glide » du titre, du nom des motos chevauchées par la
police. Mais plutôt que d’y opposer les bons et les méchants de façon manichéenne et colonialiste, il laisse le mal se diffuser de toute part… Entre d’incroyables poursuites et cascades de haute
volée, il insinue même de surprenants moments comiques et décalés, parcourant ainsi le scénario d’un humour salvateur, le faisant un peu déraper d’une vision du monde trop noire et trop âpre…
L’incarnation du personnage principal par l’acteur Robert Blake, notamment, est une vraie réussite : il faut voir cet étrange petit être (la mise en scène joue beaucoup sur sa petite taille,
contrastant avec la grandeur arrogante des autres policiers), montrant à ceux qu’il arrête qu’il a bien compris leurs situations, juste avant de leur coller quand même la contravention qu’ils
méritent… Et puis retenons aussi cette hilarante séquence où on le voit s’habiller comme son supérieur, pris d’un fantasme d’élévation hiérarchique, et sortir de chez lui, moment où la caméra
nous montre qu’il a oublié de mettre son pantalon avant les bottes…































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