samedi 23 octobre 2010

Commissariat, d’Ilan Klipper et Virgil Vernier (France, 2010)



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Note :
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Sortie nationale le 10 novembre 2010



 



"Un film d'amour ?", interroge mystérieusement l'affiche de "Commissariat", un documentaire d'Ilan Klipper et Virgil Vernier, qui avaient déjà réalisé « Flics » en 2006, un film sur une école de
police... Après la période de l'apprentissage, voici donc la confrontation des hommes à l'expérience sur le terrain ! C'est à Elbeuf, dans les environs de Rouen, que les réalisateurs posent leur
caméra, au milieu d'un décor de banlieue triste et grise, en proie quotidienne à la sinistrose sociétale... Ce que l’on voit n’est finalement pas du tout ce que l’on pouvait imaginer d’un
documentaire sur la vie d’un commissariat : on y découvre avant tout des agents qui font ce qu’ils peuvent pour gérer les problèmes d’une population rongée par la solitude et le manque d’amour,
justement…

Alors bien sûr, les « problèmes » auxquels on assiste n’ont rien d’exceptionnel ou de sensationnel comme dans les films américains ou au JT de TF1, mais ils n’en sont pas moins très prenants…
Soutenu par une mise en scène très sobre et frontale, qui montre les choses en prise directe, le film adopte un ton très réaliste et presque banal. Il présente des situations presque trop simples
(des problèmes d’alcool, de faux témoignages, de racisme, des soucis conjugaux, de mal-être…), mais sait les rendre intenses et passionnantes à l’écran ! Les saynètes s’enchaînent dans un
tragi-comique qui nous fait hésiter sur nos émotions : peut-on en rire ? Ou doit-on s’attrister de la vie de ces pauvres gens ? Lors d’une patrouille de nuit, un policier écoute « Tous les cris
des SOS » sur son autoradio : joli symbole pour toutes ces âmes en peine qui appellent au secours au milieu des ténèbres…

Mais outre cette peinture sociale, ce qui intrigue le plus dans « Commissariat », c’est sans doute cette image de la flicaille, à mille lieues des clichés habituels. On finit même par les trouver
humains ces gens-là, alors c’est dire ! Les réalisateurs s’en expliquent d’ailleurs très bien : "Nous voulions approcher le milieu de la police sans fantasme politique, sans idéologie, en
distinguant la parole de l'institution et celle des individus. Nous voulions montrer, derrière la raideur de la posture policière, ce qu'il y a de mystérieux ou de touchant chez certains flics."
On peut dire que leur mission est accomplie, particulièrement lorsqu’ils nous montrent des policiers plus sensibles, rongés par le doute ou se remettant en question : celui-ci qui se demande
comment il réagira quand il découvrira son premier suicidé, celle-là qui exprime à sa collègue sa solitude affective… On découvre même leur côté « héroïque », à l’occasion d’un incendie qui
heureusement se termine sans mort sur la conscience. Mais si les « individus » policiers sont montrés avec leurs failles et leur humanité, l’ultime séquence vient cependant contraster avec le
reste, sans doute pour mieux marquer le poids de l’institution que ces gens sont censés incarner à nos yeux : un agent rappelle que le nettoyage des cellules, c’est quand même bien mieux de le
faire au « karcher »… et le son du lavage de se prolonger au cours du générique de fin, laissant le film doucement revenir sur le plan politique ?































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2 commentaires:

  1. Elbeuf? C'est quand même un choix hyper hallucinant je trouve!! Quand tu penses que la plupart des docus se font dans les grandes villes ou dans les lieux touristiques le choix d'Elbeuf est quasi
    exotique!! Néanmoins ça n'empêche qu'à Elbeuf comme ailleurs le drame pointe toujours le bout de son nez....

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  2. oui je pense que c'est pour avoir un point de vue plus proche de ce que font la grande majorité des policiers...

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