jeudi 16 septembre 2010

Godzilla (personnage)


godzilla evolutions



De tous les Kaijû, ces « monstres » de cinéma (au sens propre du terme !) comme seuls les japonais savent en imaginer, Godzilla est très certainement le roi ! Il est en effet le plus célèbre et
le plus fort, le plus identifiable au premier regard, au point qu’il est devenu au fil de temps l’un des symboles forts de la (sous-)culture japonaise, internationalement connu… Il faut dire
qu’une longue série de films (plus de 30 !) à sa gloire et des produits dérivés par centaines (romans, jeux vidéos, pin’s, chaussettes…) ont fait de lui une véritable superstar, qui possède même
son étoile sur Hollywood boulevard !

Tout commence en 1954, lorsque que Tanaka Tomoyuki imagina ce nouveau monstre pour la Toho, une société de production cinématographique qui mettra très vite en chantier un premier film, dirigé de
main de maître par le réalisateur Ishiro Honda. Pour se la péter un peu, on pourrait commencer par faire l’étymologie du nom de « Godzilla » (« Gojira » en japonais) : il est en réalité formé de
la contraction des mots « Gorira », qui signifie gorille, et « kujira », qui désigne la baleine. A la base, l’intention était ainsi de réaliser un croisement entre ces deux animaux, symptomatique
de la force, de la corpulence et des facultés aquatiques du Godzilla que l’on connaît. Au final, l’allure de Godzilla tiendra plus du « super dinosaures », croisement chimérique entre un
tyrannosaure (pour la tête et la croupe), un stégosaure (pour sa cuirasse dorsale), un iguanodon (pour le cou et les avant-bras) et un crocodile (pour la queue et les écailles). Une légende
urbaine (invérifiable, bien sûr !) soutient par ailleurs que Gojira était le surnom d’un stagiaire de la Toho sur le tournage du premier film… Mais tout cela n’est vraiment pas l’essentiel de
notre propos !

La vraie révolution technique avec Godzilla, c’était que les trucages n’étaient pas effectués à l’aide de petites maquettes et de marionnettes pour figurer le monstre comme c’était le cas
jusque-là, mais avec des décors plus importants et surtout un acteur caché sous un costume de Godzilla (souvent très lourd à porter !), ajoutant ainsi une part de réalisme pour l’époque… Ce qui
est drôle, c’est que la technique évoluera peu au fil du temps pour la série de films consacrée au monstre, lui conférant un charme presque kitsch et désuet qui lui donne justement tout son
intérêt… Jusqu’au « Godzilla » américain de la fin des années 90, bien sûr, qui
recréa un monstre de synthèse au moyen d’ordinateurs perfectionnés, pour le résultat que l’on sait malheureusement, d’une créature trop lisse et trop parfaite pour être aimée.

De film en film, comme tout Kaijû qui se respecte, Godzilla rencontrera de nombreux autres monstres contre lesquels se battre au cours de ses moult aventures trépidantes… Ce sont bien souvent des
monstres créés spécialement pour l’occasion, afin de garnir un peu le pseudo scénario des longs métrages, qui hélas ne se renouvellent guère au fil de la saga : Battra, Megalon, Ebirah, Biollante, Orga, Varan, Destroyah… La liste est longue ! Des « dérivés » de Godzilla
se sont même faits une belle réputation parmi les fans : Mechagodzilla,
Space Godzilla, Mechagodzilla 2, « bébé » Godzilla,
SuperMechagodzilla… On pourrait poursuivre à l’infini ! Mais Godzilla s’est aussi confronté à des Kaijû préexistant dans le folklore nippon, qu’il s’agisse par exemple du ptérodactyle Rodan ou de la mite mythique Mothra ! Pour être complet, notons enfin ses rencontres
multiculturelles et internationales, essentiellement avec des personnages américains de sa trempe, tel que King Kong ou… Bambi !

On ne peut pas évoquer le personnage de Godzilla sans signaler pour finir tout le sous-texte politique qu’il représente. Imaginé moins de dix ans après les attaques nucléaires américaines sur les
villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki, rappelons en effet que Godzilla est à l’origine un monstre préhistorique réveillé et « dénaturé » par des essais nucléaires, dont les radiations
radioactives lui ont conféré d’horribles capacités physiologiques, comme son fameux « souffle atomique » qui détruit tout sur son passage ! Outre une métaphore de la peur de la bombe atomique en
plein contexte de la guerre froide et de la folie des hommes à se faire la guerre, Godzilla peut également être interprété comme le symbole des Etats-Unis, soit l’ennemi intime du Japon et des
pays de l’Est, monstre vengeur impérialiste et arrogant en diable, tout juste capable de tout casser et de tout faire mourir dans son sillage… Pour gommer cette dimension critique, le premier
film fut d’ailleurs présenté pendant longtemps dans une version censurée et expurgée aux Etats-Unis, à laquelle avait été rajoutée des scènes « made in USA » avec Raymond Burr !

Avec le temps, l’impact politique de la saga Godzilla s’amoindrit pour laisser la place à un discours plus écologique. Dans certains films, la créature se transforme même quasiment en grand
défenseur de la planète, en chassant par exemple de méchants extraterrestres voulant la détruire ou en signifiant à sa façon aux êtres humains l’importance de sauvegarder son environnement… La
fin des longs métrages tournés depuis les années 1980 inclut en outre bien souvent des morales bienveillantes, presque enfantines, comme autant de messages écolos ou humanistes : danger des
manipulations génétiques, arrogance de la toute-puissance technologique, avertissement sur une nature humaine souvent monstrueuse, respect de la nature… etc. Un « Godzilla » encore bien « vert »,
dans tous les sens du terme !































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3 commentaires:

  1. Trés bon historique d'une créture dont la genése est bien plus intérèssante que les films qui en ont resulté.

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  2. Vraiment cool cet article!! Godzilla a un peu le syndrome de "Hulk" dans les comics: taille diffèrente, couleur diffèrente et...humeur diffèrente au fil des années!!

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  3. merci ! tiens, c'est une idée ça : une semaine spéciale "hulk" ! :)


    et si la pellicule brûle s'en chargeait ?

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