vendredi 10 septembre 2010

Captifs, de Yann Gozlan (France, 2010)



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Note :
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Sortie nationale le 6 octobre 2010



 



Admirateur de Polanski pour la dimension anxiogène de ses films, on peut dire que Yann Gozlan réussit plutôt bien son premier film sur ce point. En optant pour un petit thriller psychologique en
huis clos, à tendance horrifique, il soigne justement ses effets pour donner à « Captifs » une vraie atmosphère angoissante et carcérale… On sait qu’il n’a certainement pas bénéficié de gros
moyens, mais il tire de cet handicap pécuniaire une véritable force, en resserrant au maximum l’espace de son intrigue et en privilégiant le flou, l’ombre et la suggestion, vecteur de tension et
de peur, à trop de lumière ou d’esbroufe clinquante ou inutile.

Pour mieux faire croire à son scénario, le cinéaste part d’une situation réaliste pour y amener l’horreur à pas feutrés par la suite, sournoisement et sourdement, laissant progressivement monter
l’adrénaline… Carole, Samir et Mathias reviennent d’une mission humanitaire au Kosovo, quand soudain leur voiture est attaquée par des hommes armés et masqués, alors même qu’ils recherchaient un
raccourci que jamais ils ne trouvèrent… Ils sont alors faits « captifs », prisonniers de cellules sales et rudimentaires, ambiance bien glauque. Le fin mot de l’histoire est peut-être trop
rapidement mis sur le tapis : dès le moment où l’on voit une petite fille avec des pansements sur les yeux alors que nos amis sont encore sur la route à chercher le bon chemin, on se dit « ah, il
y a du trafic d’organes dans l’air ! » Une fois l’information officialisée au sein de leur geôle, et le premier personnage dépecé de sa bidoche vitale (dommage d’ailleurs qu’Arié Elmaleh nous
quitte aussi tôt, on le trouvait vraiment sympa !), le film s’essouffle un peu et on a peur un moment qu’il ne se prolonge bien inutilement et artificiellement pendant encore une heure…

Mais non ! Yann Gozlan retrouve très vite ses esprits et parvient à faire rebondir son film avec une certaine fougue et un scénario finalement plutôt habile ! L’héroïne (Zoé Félix, au personnage
jusque-là très sensible et fragile) se transforme alors en vrai petite guerrière, poussée par l’instinct de survie, et se met à dégommer tout le monde… C’est souvent assez gros, mais ce n’en est
justement que plus réjouissant pour le spectateur amateur de série B !

Tout l’intérêt de « Captifs », dont il faut bien reconnaître un côté déjà vu et pas super original, réside avant tout dans son efficacité, qu’il parvient à développer par le biais d’une mise en
scène maligne… Le réalisateur sait capter l’attention du spectateur en en faisant un minimum, ce qui est symptomatique des plus grands « faiseurs » ! La tension insinuée par un simple téléphone
qui sonne à chaque fois comme un gimmick tétanisant, par exemple, porteur de mauvaises nouvelles, est tout bonnement incroyable. De même, tout ces petits effets d’accentuation sur la bande sonore
ou sur le champ visuel, qui contribuent intelligemment à immerger le spectateur dans ce petit spectacle de l’horreur : les battements d’un cœur au son d’un stéthoscope, la perception visuelle un
peu floue du monde par les yeux de personnages à bout de nerfs, la surdité temporaire de l’héroïne à la fin à la suite de l’explosion d’une mine, qui renvoie d’ailleurs à sa surdité lors de leur
arrestation par les dangereux criminel au début, alors qu’elle porte encore les écouteurs de son lecteur mp3…

Malgré un fond de déjà vu et ses quelques imperfections, « Captifs » est en somme un très grand encouragement pour le cinéma de genre à la française, qui avait déjà été capable de rares percées
notables (notamment avec « Vertige » d’Abel Ferry), mais dont les dernières productions s’étaient avérées bien décevantes, avec des choses comme « La horde » ou « Djinns »… Allez, on garde encore espoir ?































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5 commentaires:

  1. et bien, cela me donne très envie de le voir: c'est bien que le cinéma français se lance ds ce genre de productions.

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  2. Aucune diffusion à Lille, hélas... dommage !

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  3. Aucune chance en décalé... c'est plutôt le circuit Art et essai qui offre ce décalage, mais qui snobe totalement ce genre de films...

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  4. Non, ils n'ont pas raison... beaucoup de films fantastiques ou d'horreur sont de vrais films d'auteurs...


    Si Antichrist a sa place dans ce genre de circuit, pourquoi pas Martyrs...?


    Et Romero, Carpenter, Argento ???


     

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  5. la frontière entre film d'auteur et film de genre est en effet très mince dans certains cas...

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