mardi 17 août 2010

L’arbre, de Julie Bertucelli (France, Italie, Australie, 2010)



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Note :
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A travers cet « Arbre », Julie Bertucelli livre un merveilleux film sur le deuil, d’une grande douceur et toujours conduit par la sève de la vie, qui n’oublie jamais où se trouvent ses racines…
Dans une belle maison en Australie, entourée de magnifiques paysages et placée à l’ombre d’un immense figuier, Dawn doit faire face à la mort soudaine de son mari, entourée de ses quatre enfants…
On observe, dans un style presque documentaire et avec un naturel souvent désarmant, les réactions très diverses de chacun devant la disparition de la figure paternelle de la cellule familiale,
peut-être à tout jamais brisée.

Les portraits des personnages et leurs passions si humaines sont décrites avec beaucoup de simplicité et d’amour. Malgré la solitude apparente de chacun et les tensions qui semblent d’abord les
éloigner, on sent que des liens très forts les unissent et les uniront toujours… Ils sont cinq, mais ils forment un tout cohérent : une famille. La symbolique de l’arbre est en cela très
pertinente : omniprésente d’un bout à l’autre du film, elle est filée jusqu’à un arbre généalogique dessiné par un enfant et posé nonchalamment sur une table… La place démesurée de l’arbre dans
le jardin permet à chacun de faire son deuil, à sa manière. Simone, 8 ans, est persuadée que son père s’est réincarné dans l’arbre, et elle fera tout pour empêcher son abattage, au prétexte qu’il
prend trop de place et menace la maison… Quand une branche s’abat sur la maison et vient choir sur le lit de Dawn, celle-ci se couche à ses côtés assez naturellement, comme pour passer une
dernière nuit avec celui que l’arbre représente. Mais les racines s’étendent, détruisent les canalisations et menacent les fondations même de la maison : jusqu’où peut-on laisser la nature
reprendre le dessus sur la civilisation ? ou la passion sur la raison ? ou métaphoriquement parlant, jusqu’où peut-on laisser la vivacité du souvenir du disparu menacer le présent et l’avenir des
vivants ? Après le passage d’une tempête salvatrice, l’arbre est déraciné, la maison détruite et la famille peut repartir sur les routes, aller de l’avant, pour se reconstruire… Non sans avoir
replanté une pousse de l’arbre auparavant, afin de ne pas oublier le passé.

En somme, « L’arbre » est un film hyper symbolique, riche de signes multiples, et on pourrait facilement lui reprocher d’abuser de son allure de fable environnementaliste. En effet, entre les
grenouilles qui sortent des toilettes, la chauve-souris qui s’introduit dans la cuisine (effrayant par là même la mère), ou encore cette nuée de perruches sauvages qui avaient pris possession de
l’arbre le temps d’une absence de la famille durant quelques jours et qui s’envolent à leur retour, on nage en plein conte écolo, dressant des parallèles ambivalents entre nature et culture,
entre une flore et une faune sauvage du côté de la peur et de la pulsion et une maison qui normalement représente la sécurité et la chaleur d’un foyer. Mais c’est justement cette omniprésence de
la nature qui rend le film si beau, qui lui donne toute sa poésie, sa magie pourrait-on dire, et sa force évocatrice !

Si la fin peut apparaître ambiguë sur le message délivré, montrant la famille se lançant sur la route à la découverte du vaste monde mais pourtant coincée dans l’habitacle d’une voiture et
refusant toute intrusion d’un étranger (Dawn refuse l’amour que lui offrait pourtant un autre homme), on reste enchanté par la beauté de ce bel ensemble, en grande partie porté par la justesse de
ses interprètes : les enfants sont tous très bien dirigés, et Charlotte Gainsbourg est vraiment touchante dans le rôle de cette mère hyper sensible…































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