jeudi 26 août 2010

If I want to whistle, I whistle, de Florin Serban (Roumanie, 2010)


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Note :
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Date de sortie indéterminée



 



Le film de Florin Serban se situe au croisement de deux mouvances actuelles : d’une part le « revival » du film carcéral (initié par « Un prophète », poursuivi par « Dog pound » ou « Cellule 211 »), et d’autre part la nouvelle vague du cinéma roumain, dont on n’arrête pas
de rappeler le foisonnement depuis la palme d’or de Cristian Mungiu (« 4 mois, 3 semaines, 2 jours »). Il peut d’ailleurs recevoir les félicitations des deux tendances, proposant à la fois
un  très beau travail et une certaine originalité… Un Ours d’argent à Berlin lui a en outre déjà été attribué !

« If I want to whistle, I Whistle » s’avère d’abord une critique importante d’une Roumanie qui a bien du mal à sortir de sa pauvreté, malgré son entrée dans l’Europe. L’obligation de nombreux
parents d’abandonner leurs enfants pour gagner de l’argent en allant travailler à l’étranger est stigmatisée à travers le personnage de la mère de Silviu, qui se retrouve alors en prison, très
certainement pour avoir été ainsi livré à lui-même trop longtemps… Le film propose également un portrait plutôt sévère des prisons pour mineurs roumaines, où les détenus semblent souvent laissés
dans des situations collectives misérables et plutôt tendues, et sont emmenés dans les champs pour travailler… On n’est du coup pas très loin des travaux forcés d’antan, sans que le rendu ne soit
trop excessif, bien au contraire !

Le scénario signé Catalin Mitulescu est ensuite une vraie petite merveille, bien mené et assez finement écrit. Le découpage de l’histoire permet une présentation des lieux de la prison et de la
situation de Silviu assez longue et complète, laissant une dernière partie plus courte pour l’explosion psychologique et physique du personnage : l’équilibre qui aurait pu être casse-gueule se
révèle finalement tout à fait adéquat. Silviu est sur le point de terminer son séjour carcéral quand il apprend que sa mère est de retour et risque de faire subir à son jeune frère la même chose
qu’à lui : du coup il va tout faire pour s’assurer de retrouver son frère à sa sortie, quitte à mettre en péril son imminente libération… Le personnage, très bien interprété par le débutant
George Pistireanu, est à la fois dur (avec les autres) et doux (à l’intérieur), ce qui le rend très touchant et attachant. La mise en scène, qui le suit de près avec de nombreux passages « caméra
à l’épaule », contribue à ce très bel effet empathique…

A travers ce garçon pétri de bouillonnements et de paradoxes intérieurs, « If I want to whistle, I Whistle » livre une vraie réflexion sur la liberté. Dans un univers où les détenus semblent
étrangement assez libres de leurs mouvements, pouvant notamment se déplacer d’un baraquement à un autre, aller et venir dans l’espace visiblement avec une certaine aisance, c’est pourtant
lorsqu’il s’enfermera et se barricadera dans un bâtiment que Silviu se sentira le plus libre, à pouvoir menacer et exiger des autres ce qu’il veut ! C’est pourtant en essayant de gagner une
certaine liberté qu’il renoncera pourtant à sa libération, probablement perdu pour un certain temps après ses agissements violents. La séquence ultime, qui lui permet de fuir un instant dans le
monde extérieur (et soi-disant « libre ») est un très beau moment : il choisit de le passer tranquillement à boire un café avec une jeune fille qu’il a pris en otage… Il aurait pu abuser d’elle
comme une bête, mais il n’aspire finalement qu’à un peu plus d’humanité : subtil et poétique ! Il retournera enfin sur la route, direction la prison, pour se faire arrêter sans résistance, et se
résigner à son retour en enfer…



 



Mise en perspective :



- Le Festival Paris cinéma 2010 vu par Phil Siné, Part I































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