dimanche 15 août 2010

Elle et lui, de Leo McCarey (Etats-Unis, 1957)



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Note :
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Pour la petite histoire, cette version de « Elle et lui » est en réalité le remake d’un ancien film à succès de Leo McCarey lui-même, qu’il a réalisé pour se prouver qu’il savait encore faire de
bons films, suite à une période de vaches maigres dans sa carrière… Si les deux films portent le même titre en français, il est amusant de comparer leurs titres originaux en forme de clin d’œil :
le « Love affair » de 1938 devient « An affair to remember » en 1957. Dans l’affaire qui nous intéresse, justement, Nickie Ferrante, un séducteur un peu volage fiancé à une riche héritière, et
Terry McKay, sur le point de se marier à un homme d’affaire fortuné, se rencontrent au cours d’une croisière qu’ils font chacun en solitaire. Malgré leurs engagements respectifs, tous les deux
tombent forcément amoureux, et histoire de mettre un peu leur amour à l’épreuve, se promettent de se retrouver six mois plus tard, au somment de l’Empire State Building à New York, histoire de
renforcer tout le romantisme de leur aventure…

Devant pareille histoire, avec ce qu’il faut d’amour et d’empêchement de cet amour, on comprend très vite que l’on est dans la pure comédie romantique, entre sentimentalisme fleur bleue et
péripéties doucement mélodramatiques… Bien sûr, leurs retrouvailles au sommet du plus grand immeuble de Manhattan seront contrariées par des évènements qui les dépassent (Terry sera renversée par
une voiture peu avant le rendez-vous, accident qui la laissera paralysée des jambes), bien sûr aussi elle ne voudra pas lui dire la vérité sur son accident, afin de ne pas être une charge pour
lui… et bien sûr enfin, attendez-vous à ce que ça pleure dans les chaumières !

Le côté larmoyant du film est souvent souligné : les rendez-vous manqués, l’histoire de la grand-mère de Nickie, triste évocation du temps qui passe et de notre nature mortelle, la présence
d’enfants par-ci par-là, puisque c’est toujours attendrissant (paralysée, Terry deviendra professeur de chant pour une chorale de bambins d’âge divers)… etc. Mais après tout, la larme un peu
facile est aussi le passage obligé de ce genre de cinéma, et « Elle et lui » sait bien souvent se faire beaucoup plus subtil !

Certains choix de mise en scène, par exemple, parviennent à créer une certaine distance, et comme une douce ironie sur cette bluette sentimentale… Le premier baiser que les personnages échangent
demeure notamment invisible aux yeux des spectateurs, qui doivent pour le coup l’imaginer, la caméra cadrant ce moment à hauteur de jambes dans un escalier où les deux tourtereaux avaient
commencé à grimper. Lorsque le bateau revient au port, également, Nickie et Terry se moquent de leurs comportements sur le pont lorsqu’ils aperçoivent en bas leurs fiancés respectifs, qui les
attendent sur la terre ferme : le montage alterne chacun d’entre eux en champ contre-champ d’abord, avant de révéler enfin en plan d’ensemble qu’ils sont séparés par quelques autres plaisanciers
qui les observent attentivement en tournant alternativement leurs têtes à gauche ou à droite… Le film sait ainsi se faire savoureux, réservant même à plusieurs reprises des pures scènes de
comédie ! On pense notamment à toutes celles sur le bateau, où cherchant à ne plus s’afficher ensemble aux yeux des autres voyageurs, ils n’arrêtent finalement pas de tomber par hasard l’un sur
l’autre au bar, sur le pont, à la piscine… jusqu’au restaurant, où tout le monde s’amuse en les regardant, tous les deux s’étant assis dos à dos sans s’en rendre compte… La scène à l’Empire State
Building est également assez amusante, montrant Nickie attendre Terry à chaque ouverture de l’ascenseur, d’abord tout guilleret et dynamique, puis finalement plutôt sinistre quand il se retrouve
seul et qu’il comprend qu’elle ne viendra pas.

On rit de bon cœur, donc, et l’on peut facilement s’émouvoir, même si les ficelles demeurent un peu épaisses… Sauf que « Elle et lui » nous laisse en compagnie de Cary Grant et Deborah Kerr, ce
qui est quand même la classe, et demeure un modèle du genre romantico-lacrymal, qui, en créant un certain nombre de clichés, inspirera tant et tant de cinéastes par la suite, pour le meilleur ou
plus souvent pour le pire… On se souvient notamment du clin d’œil dans « Nuits blanches à Seattle », où l’éternelle et incorrigible sentimentale Meg Ryan est en larme en regardant le film en
vidéo avec ses copines et ne peut s’empêcher de donner un premier rendez-vous à son futur amoureux… au sommet de l’Empire State Building !































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2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ce film, notamment pour le duo vedette. Tout est vrai dans ton article, les faiblesses du film comme ses qualités. "Elle et Lui" restera LE film romantique.

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  2. merci de ton message !


    c'est vrai que celui qui invente un modèle a toujours quelque chose d'admirable... un film pour se faire plaisir en secret en fait ! :)

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