lundi 16 août 2010

Chatroom, d’Hideo Nakata (Grande-Bretagne, 2010)



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Note :
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Le réalisateur de films d’horreur japonais Hideo Nakata (« Ring ») se lance dans un nouveau genre de cinéma avec « Chatroom ». A première vue assez proche du film générationnel, le long métrage
se veut d’abord une immersion dans l’univers de la jeunesse actuelle, lâchant peu à peu prise avec le monde réel pour se vautrer dans les mondes virtuels, souvent communautaires, où les
rencontres et les liens se tissent à l’intérieur des fameuses « chatrooms », ces salons de discussions en ligne où l’on se connecte exclusivement par affinités… Le cinéaste tenait probablement là
un sujet en or, capable de capter le malaise identitaire des adolescents d’aujourd’hui, amplifié par le phénomènes d’écrans (d’ordinateurs, de téléphones…) qui les aliènent. Le suicide est
évoqué, se référant à un phénomène de plus en plus inquiétant auprès des jeunes, tout spécialement au Japon, justement, la patrie d’origine de Nakata. Sauf que tous ces thèmes ne sont finalement
qu’effleurés et esquissés, puis très vite délaissés au profit d’un thriller psychologique, excluant par là même toute dimension universelle…

Au fond, ce n’est peut-être pas un mal, puisque ce thriller, bien que pas toujours parfaitement abouti, demeure plutôt efficace et se laisse regarder avec plaisir. « Chatroom » n’est du coup
peut-être pas un grand film, mais demeure un bon film ! On y suit l’itinéraire de William, adolescent perturbé qui prend son pied en poussant d’autres jeunes à se suicider devant leurs webcams.
Pour repérer des cibles potentielles, il ouvre une chatroom aguicheuse pour y converser avec quelques ados si possible mal dans leurs peaux… Une fois un bon petit groupe constitué, les
manipulations peuvent commencer. Les jeunes acteurs sont pour la plupart convaincants, en particulier Aaron « Kick-Ass » Johnson dans le rôle du dérangé William.

Si l’histoire n’est pas toujours à la hauteur, il convient cependant de remarquer l’habileté de la forme et le talent incontestable de metteur en scène d’Hideo Nakata. Dès les premières images
dans le monde virtuel, il sait créer une ambiance incroyable et superbe, avec ces errances dans les couloirs, à la recherche de portes, comme autant de chatrooms derrière lesquelles s’ouvrent
autant de mondes idéaux et rêvés… Le cinéaste établit clairement une dichotomie entre le cyber espace, constamment en mouvement et sursaturé de couleurs vives, et la vie réelle, où tout semble
terne et livide, avec des couleurs froides et malades… Le film semble en fin de compte mettre en évidence l’illusion de la bulle internet, où l’on croit d’abord sympathiser et se faire des amis,
tisser des liens très forts avec eux, mais où les apparences s’avèrent surtout presque toujours trompeuses ! La confrontation au réel à la fin du film, où les personnages se rencontrent « en live
» pour éviter un drame pour l’un d’entre eux, se soldera au fond par une profonde désillusion : le saut dans le vide de William, celui par qui ils s’étaient tous réunis et qui les avaient leurré,
ne marque pas le début d’une nouvelle ère plus éclairées, mais bien au contraire le retour à un enfermement encore plus fort de chacun des personnages, qui finissent par repartir seul de la
scène, les uns derrière les autres, sans même se regarder une dernière fois… Glaçant !



 



Mise en perspective :



- L’autre monde, de Gilles Marchand (France, 2010)































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