mardi 27 juillet 2010

Yoyo, de Pierre Etaix (France, 1964)



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Note :
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Après 20 ans d’obscurs aléas juridiques, durant lesquels toute exploitation de ses films était devenue impossible, Pierre Etaix peut enfin proposer au public de (re)découvrir l’intégralité de ses
films en version restaurée. Avant un coffret DVD à paraître à la rentrée, vous pouvez aller les admirer en salles durant tout l’Etaix été !

« Yoyo » demeure son film référence, sa « somme cinématographique », ce qui est considéré par beaucoup comme son chef d’œuvre ! Il s’agit en réalité de son deuxième long métrage, tourné juste
après « Le soupirant » de 1962. Co-écrit avec Jean-Claude Carrière, Pierre Etaix y raconte une belle chronique familiale à travers le temps, mais il met surtout une mise en scène intelligente et
riche d’audaces formelles au service de sa narration… Tout commence dans les années 1920, dans un grand château où vit un riche aristocrate… qui s’ennuie cruellement, errant dans les nombreuses
pièces de son immense demeure, bourrée de richesse et de domestiques (en moyenne deux domestiques postés devant chaque porte). Il conserve le portrait d’une femme qu’il a aimé, et qu’il finit par
retrouver lors du passage d’un cirque près de chez lui et dans lequel elle dresse des chevaux. Il la reconnaît et elle lui présente son fils : le fameux Yoyo du titre… Puis vient l’année 1929,
avec sa grande crise et l’avènement du parlant au cinéma !

Et c’est bien là que le film d’Etaix trouve toute sa force : jusque-là film muet en noir et blanc, en parti sonorisé par des bruits et agrémenté de quelques cartons de textes comme aux premiers
temps du cinéma, il devient soudainement film parlant, évoluant simultanément avec la progression temporelle de la diégèse… Désormais sans argent, la petite famille part en carriole sur les
routes et présente un spectacle de ville en ville, dans lequel le petit Yoyo prend goût au monde du spectacle vivant. Ellipse : Yoyo est devenu adulte et un grand artiste reconnu et fortuné… Il
est clown et homme d’affaire, deux choses qu’il a visiblement du mal à concilier. L’argent lui brûle les mains, surtout qu’il investit tout pour rénover l’ancien château délabré de son père !
Pierre Etaix, qui interprétait jusque-là le père se met alors dans la peau de Yoyo : le film gagne en puissance évocatrice et devient profondément émouvant…

Mais « Yoyo » demeure avant tout une immense comédie ! Les gags s’enchaînent à une vitesse incroyable, le film est truffé d’un humour furieusement dynamique et inspiré, tout en faisant preuve
d’une originalité et d’une inventivité visiblement sans bornes… Le farniente de l’homme riche et seul dans son château, les représentants en « rire » qui défilent dans le bureau de Yoyo, le
voyage de la petite famille dans la caravane : on rit toujours de bon cœur, souvent grâce à un comique très visuel, tout à la fois énorme et subtil : Etaix se situe quelque part entre Charlie
Chaplin et Jacques Tati (avec qui il a d’ailleurs travaillé), sans rien à avoir à envier ni à l’un ni à l’autre… C’est fin, c’est beau, c’est plein de poésie ; c’est merveilleusement écrit et
magnifiquement pensé ; c’est hilarant tout en demeurant profondément humain et généreux. Encore bravo, Monsieur Etaix !































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3 commentaires:

  1. bonjour, j'aime votre chronique de Yoyo, fidèle au style des films de Pierre Etaix que je qualifie de : "burlesque élégant"

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  2. Jolie chronique qui donne vraiment envie de le voir.

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