dimanche 1 août 2010

Toy Story 3 (en 2D), de Lee Unkrich (Etats-Unis, 2010)



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Note :
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Voici un merveilleux film, que j'aurais pourtant très certainement détesté si je l'avais vu en 3D... Mais ça, ce sont des problèmes physiologiques tout personnels, alors passons !

Tout commence sur les chapeaux de roues dans "Toy Story" troisième du nom et on peut dire qu'il y en a vraiment pour tous les goûts et de toutes les couleurs dans ce long métrage... On débute
d'ailleurs très clairement avec les enfants, puisqu'on est plongé dans une folle histoire d'or volé à des orphelins au Far West, qui se termine dans un déferlement de ouistitis rouges pugnaces et
grégaires. On est bien sûr en réalité dans la chambre (et peut-être plus précisément dans l'imaginaire) d'un enfant, qui invente de folles aventures à ses jouets préférés, tel que Woody le
cowboy, le robot Buzz l'éclair, le dinosaure Rex, Mr Patate, et tous leurs amis... Sauf que cette entrée en matière n'est qu'un rappel de ce que pouvait être les deux premiers films de la saga,
sous la forme d'un enregistrement vidéo souvenir au caméscope, que l'on se regarde parfois lorsque l'on est un peu plus grand, avec toujours un peu de nostalgie. Fondu au noir, dans un clic
d’extinction de la vidéo : c'est là que le film ne se contente pas de répéter les scénarios précédents, mais va bien au-delà, situant l'action au moment où le petit garçon a bien grandi,
s'apprête à aller à l'Université et doit se débarrasser de ses jouets. "Toy Story 3" prend alors des airs de film pour adulte à de nombreux moments !

Certes, on retrouve toujours les mêmes personnages-jouets qui vivent leur vie dès que les humains ont le dos tourné, mais cette fois-ci tout a changé : leurs aventures ne se situent plus dans le
cocon protecteur d'une chambre pour enfant, mais bien au contraire dans l'immensité du vaste monde, avec toutes ses incertitudes et tous ses dangers... Suite à de nombreux quiproquos, les jouets
qu'Andy (le petit garçon devenu grand étudiant) voulait mettre au grenier se retrouvent donnés à la garderie, à la merci d'un gros ours rose inquisiteur et de dizaines d'enfants bien trop jeunes
pour jouer avec eux sans les abîmer... On a alors droit à des séquences de tortures atroces de jouets de la part de petits morveux immondes ! Un vrai cauchemar... Mais ce n'est pas fini, puisque
avant de retrouver le jardin (d'Eden) d'une gentille petite fillette pleine d'imagination pour jouer, tous nos petits amis passeront par la décharge, métaphore du rebut, de la déchéance et de la
fin de la vie !

Bien sûr, tout le film demeure suffisamment agité et coloré, bruyant et gentiment drôle, pour constamment capter l'attention de son jeune public, mais on est très vite surpris de trouver des
enjeux plutôt inattendus et inhabituels dans un long métrage d'animation pour enfants... D'abord, il y a de vagues allusions politiques lorsque face au régime autoritaire imposé par l'ours Lotso,
certaines voix dissidentes commencent à se faire entendre : on apprend au passage l'intégrité irréprochable de Barbie, malgré les apparences trompeuses de sa plastique, qui revendique quasiment
une juste représentativité du peuple ! Ensuite, on reste sans voix devant les allures de film d'horreur de certaines séquences : un poupon accidenté qui regarde la lune et tourne soudainement la
tête à 180° comme dans "L'exorciste", la décharge où nos amis manquent de se faire déchiqueter puis brûler vifs dans une atmosphère anxiogène et oppressante...

On se retrouve ainsi étrangement troublé devant une évidente noirceur qui vient s'ancrer insidieusement au fil d’un récit faussement innocent : on apprend notamment qu'un jouet abandonné et mal
aimé peut mener aux pires dérives totalitaires, transformant finalement la victime en abominable dictateur manipulateur (Lotso n'est-il finalement qu'un Hitler en puissance ?) ; on reste tétanisé
devant la résignation totale adoptée collectivement par les jouets face à la mort qui semble inéluctable à leurs yeux, devant les flammes de leur incinération prochaine à la décharge, tous se
serrent alors la main déjà prêts à périr de la meilleure façon qui soit, c'est à dire "tous ensemble"... et puis il y a bien sûr la dernière scène du film, éminemment bouleversante (j'avoue
m'être un peu répandu désastreusement en sécrétion lacrymale à ce moment-là...), évoquant avec une simplicité désarmante tous les enjeux de la mort et de la génération. Le jeune Andy décide en
effet de donner ses jouets à sa petite cousine, qu'il estime digne de confiance pour y jouer avec soin et amour... Il y a ici une image magnifique de la transmission, quand le jeune homme raconte
la biographie détaillée de chacun des jouets à la petite fille, comme s’il avait bien du mal à se résoudre à se séparer de ce qui l’a constitué pendant si longtemps. On pense alors assez
amèrement au temps qui passe, à la peur de quitter l'enfance malgré le désir d'y demeurer à jamais (Andy présente ses jouets à la petite fille, puis y joue quand même une dernière fois avec
elle), à la perte de l'innocence et du rêve, à l’inquiétude devant l’inconnue terrifiante du vaste monde, ou encore hélas à la certitude que l'on peut avoir de mourir bientôt, lorsque nous
quittent les oripeaux de cette période de la vie si jeune et si fraîche que l'on se croit encore immortel, capable de vivre à jamais... Hélas, rien de tout cela n’était vrai !

A noter enfin que la VF du film vaut son pesant de petits plaisirs : Ken et Barbie doublés par Benoït Magimel et Frédérique Bel, Grand Corps Malade qui monologue comme dans ses "chansons" sous
les traits d'un clown triste nommé Rictus... Formidable, je vous dis !































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11 commentaires:

  1. D'abord bravo pour cette chronique. C'est moi ou tu as ouvert la boîte de Pandore des adjectifs et adverbes ? Je ne m'en plains pas, j'adore les phrases riches ! Et puis, me rappeler ainsi le
    dernier quart d'heure du film, tu as réussi à faire ressurgir en moi les fameuses sécrétions lacrymales incontrôlables.


    Alors, formidable donc. Mais pourquoi seulement deux étoiles ???

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  2. La 3D n'apporte rien, et je trouve même que c'est un contresens: elle ne colle pas du tout à l'univers de Toy Story.


    Sinon, j'ai vu (et adoré) le film en VO mais je me laisserai bien tenter par la VF prometteuse...

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  3. Le meilleur épisode de la trilogie! La fin est réellement déchirante.

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  4. oui oui c'est très vrai tout ça :)


    tiens en anecdote, à ma belle maman, avec qui je m'entends bien, je lui avais offert à u Noël un M.Patate, car c'est une mordue de pomme de terre. Depuis, le ouet trone fierement au dessus du
    frigo, les bras levés tel le général déclamant "je vous ai compris" (ben voyons!). Voilà comment vraiment s'intégrer auprès des beaux parents ^^

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  5. Un film déchirant, il est vrai assez noir par rapport au second (alors que le premier est quand même très sombre aussi). Et très bonne chronique :)

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  6. grâce aux lunettes 3D, j'ai pu sortir un tweet qui disait : les blogueurs se cachent pour pleurer. C'était juste en sortie de séance.

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  7. ohhhhh


     


    ton deux étoiles est un peu sévère


    mais bon les goûts et les couleurs ;)


     


    :)))))))

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  8. salut


     


    oui bien sûr


    mais je pensais à plus d'étoiles données en fait


     


    ;)

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  9. Emouvant témoignage suite à la projection du non moins émouvant "Toy Story 3". Si le film fait montre d'un regard à la fois tendre et poignant sur le temps qui passe et l'usure des êtres, les
    studios Pixar témoignent au contraire, année après année, d'une vigueur et d'une inventivité remarquable. On ne peut guère traverser un an de cinéma sans inclure dans ses favoris une production
    des studios au logo en forme de lampe de bureau.

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  10. J'ai beaucoup aimé cette animation. Que j'ai vu en 3D. Apparemment, tu as quelques soucis avec la 3D ;-) mais c'est plutôt bien passé. Je n'ai pas eu de migraine en sortant de la salle. 15 euros
    la migraine, ça fais cher ! Par contre en lisant ton article, tu soulèves certains points que je n'ai pas du tout pensé. Bien joué.

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  11. oui, la 3D et moi, c'est une histoire un peu douloureuse... pas seulemet mal à la tête en sortant du film, mais aussi une impression que mon cerveau a du mal à recréer l'effet de relief avec les
    lunettes...

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