jeudi 8 juillet 2010

Copacabana, de Marc Fitoussi (France, 2010)



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Note :
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Voici un film absolument merveilleux et surprenant : sous des airs innocents de comédie un peu fantaisiste, il aborde assez subtilement toute une critique assez fine de notre société
contemporaine… C’est d’autant plus fort que les changements de tons et de registres sont amenés avec une grande habileté, sans que le spectateur ne se rende compte à aucun moment des ficelles
scénaristiques employées… et rien que ça, ça mérite quand même amplement le respect !

Mais commençons par le commencement, c’est à dire l’histoire, et par le personnage haut en couleur interprété par la toujours magistrale Isabelle Huppert : Babou est une femme légère et
éternellement optimiste, un peu baba cool, qui préfère jouir de la vie plutôt qu’amasser fortune ou situation stable, avec mari et enfants… Elle a cependant une grande fille, étudiante, qui lui
annonce un jour qu’elle va se marier. Non seulement le mariage s’oppose aux idéaux libertaires que Babou a essayé de transmettre à sa fille, mais ce n’est pas tout : Esméralda (c’est le nom de la
fille, interprétée d’ailleurs par Lolita Chammah, la véritable fille d’Huppert : ça, c’est pour le côté savoureux vu des coulisses…) explique à sa mère qu’elle ne veut pas la voir à son mariage,
pour ne pas qu’elle lui fasse honte… Bon, c’est vrai que Babou est une personne plutôt « originale », mais n’empêche que le coup fait mal : sur un coup de tête (comme souvent avec elle), elle
décide de quitter Tourcoing pour partir vendre des appartements en multipropriété à Ostende, histoire de prouver à sa fille qu’elle peut être sérieuse et travailler… Au fond, comment ne pas
tomber amoureux d’une actrice aussi magnifique, aussi excellente, aussi inattendue qu’Isabelle Huppert ? Elle porte le film avec une énergie et un grain de folie absolument réjouissant et
entraînant… Sans être ni cucul, ni lourdingue, ce film divertit vraiment, parvient parfois à nous laisser hilare, et nous fait sortir de la salle le sourire jusqu’aux oreilles !

Le plus incroyable avec ça, c’est que Marc Fitoussi parvient à parsemer son long métrage de fines observations et de piques plus que pertinentes sur la société actuelle, dans laquelle les fous ne
sont peut-être pas toujours ceux que l’on croit… A Ostende, il propose notamment une représentation à la fois mordante et peut-être pas si caricaturale du néo-management entrepreneurial, où il
semble falloir être un requin imbuvable et méprisant pour réussir professionnellement. Les pratiques et autres stratégies de vente dans l’immobilier sont montrées assez violemment : formation sur
le tas pour les agents, infantilisation des employés, logique de profit à tout prix, quitte à mentir sans la moindre gêne… Le plus drôle, c’est que c’est la moins qualifiée et la plus insouciante
des vendeuses, Babou, qui va le mieux réussir, comme un pied de nez moqueur aux logiques trop précises des fins stratèges et analystes en entreprises… Parallèlement à son emploi à Ostende, Babou
va s’attacher à un autochtone du coin, mais qui réclame de la stabilité là où Babou ne propose que de la jouissance de l’instant et de grandes incertitudes. Elle va aussi prendre sous son aile un
jeune couple de sans abris, montrant que derrière son insouciance apparente, elle demeure probablement la plus humaine d’entre tous, avec le cœur sur la main… Sa réussite professionnelle dont
elle est la première étonnée lui permet de se rapprocher de sa chef qui semblait au début si froide et si haineuse (excellente Aure Atika !), sauf qu’à trop se confier, on peut parfois tout
perdre : la scène où Babou avoue qu’elle a laissé les sans abris occuper un des appartements à vendre est assez troublante, parce que l’on voit le visage de la chef ne pas saisir tout de suite la
situation, ne pas savoir quel parti prendre… Ce n’est que le lendemain que Babou se verra licencier pour « faute grave », dans une société qui fonctionne à l’envers et où commettre une « faute
grave » signifie en réalité aider son prochain… Moment émouvant et perturbant, qui vaut tous les beaux discours !































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3 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec cette chronique enthousiaste. L'idée du time-share est par ailleurs vraiment bonne et originale et confère au film un aspect documentaire & une véracité sociale.


     

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  2. je ne suis pas sur de savoir ce que veut dire "time share"... merci en tout cas de ton commentaire ! :)

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