lundi 19 juillet 2010

Cellule 211, de Daniel Monzon (Espagne, 2010)



cellule 211



 



Note :
star.gif

star.gif



 



Sortie nationale le 4 août 2010



 



Après « Un prophète » de Jacques Audiard l’année dernière, et plus récemment « Dog pound », qui en offrait en quelque sorte une version pour « enfants »,
le film carcéral n’a visiblement pas fini de nous surprendre ! La preuve en est avec « Cellule 211 », un film espagnol visiblement déjà « prophète » en son pays, puisqu’il a déjà été récompensé
par une bonne huitaine de Goya, l’équivalent de nos César en Espagne…

Basé sur une histoire vraie, le scénario de cette « Cellule 211 » a d’ailleurs toutes les qualités pour passionner le spectateur dès les premières scènes… On est très vite happé par une intrigue
efficace et fichtrement bien construite. Tout commence avec Juan, ce jeune gardien de prison qui, pour se faire bien voir, décide de venir visiter les lieux de sa nouvelle affectation la veille
de son entrée en fonction. Comme c’est justement ce jour là que les prisonniers choisissent pour se révolter, le mignon petit maton ne sera pas déçu de son entrée dans l’univers carcéral ! Pris
au piège d’une cellule pendant l’alerte, il n’aura bientôt plus d’autre choix que de se faire passer lui-même pour un prisonnier pour ne pas se faire massacrer par tous ceux qui l’entourent
désormais… Le plus fort, c’est que de rebondissements en rebondissements, le film est constamment sous tension et parvient à nous tenir en haleine jusqu’au bout, sans le moindre temps mort !

Mais non content de posséder une histoire en or, certes pas toujours pleine de finesse ni exempt d’incohérences mais pourtant d’une redoutable efficacité, « Cellule 211 » parvient aussi à nous
plonger dans une atmosphère remarquablement décrite et composée. L’effet de huis clos fonctionne à plein pour décrire un milieu anxiogène et étouffant, où les vies ne tiennent qu’à un fil et
peuvent basculer vers la mort en un instant… Le film se rapproche ainsi plus de l’expérience à sensations, aux effets souvent soignés et haletant, que du grand film de prison à thèse à la
Audiard, plus subtil et réfléchi.

La qualité d’interprétation joue pour beaucoup en faveur de la réussite du film. La plupart des prisonniers sont vraiment convaincants, et la prestation de Alberto Amman, dans le rôle du jeune
gardien de prison, est époustouflante ! Il parvient avec une intensité renversante à exprimer ce basculement progressif et incroyable entre le côté de la loi et celui des prisonniers. Les
implications personnelles qui se révèlent peu à peu font exploser en effet toute la rage contenue en lui et le transforme lui même en criminel : sa descente aux enfers est totale et absolue ! Son
rôle surprend enfin par l’ambiguïté qu’il existe entre son allure de garçon sensible (voir les flash-back où on le voit avec sa jeune épouse) et la fermeté de son comportement d’homme déterminé
et capable de poussées de violence inouïes ! En somme, c’est un maton qui ne se laisse pas mater, et qui pourrait même bien tous les démonter, étant visiblement TTBM, d’après les autres
prisonniers connaisseurs qui le font se désaper devant eux, le transformant par là même symboliquement en simple prisonnier, tel qu’il se revendique désormais. La morale de cette histoire
serait-elle donc la suivante : « petit maton, mais gros bâton ? ! »

Reste que le film de Daniel Monzon possède quelques implications politiques plutôt intéressantes. Dans les négociations des prisonniers et des autorités, on s’aperçoit notamment que la vie de
détenus de l’ETA peut s’avérer plus précieuses que celle d’un gardien de prison aux prises avec les prisonniers. Quant à la « cellule 211 » du titre, dont l’occupant précédent ouvre le film dans
une séquence insoutenable, elle est le révélateur des conditions de vie abominables dans les prisons, qui ne peuvent mener qu’à encore plus de violence ou à la folie… Edifiant !































  • Plus










2 commentaires:

  1. oui je partage ton avis, un bien bon film. Tu l'as vu à Paris cinéma?

    RépondreSupprimer
  2. oui ! quand je te dis que c'est un festival formidable... ;)

    RépondreSupprimer