samedi 29 mai 2010

L’autre rive, de Giorgo Ovashvili (France, Géorgie, 2010)



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Note :
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Contraints à l'exil à cause du conflit avec la Russie, des populations entières de Géorgie se sont retrouvées dans une misère bien plus grande qu'elles ne connaissaient déjà... Parmi eux, le
petit Tedo a du fuir avec sa mère, passer sur "l'autre rive" sans son père, contraint de rester défendre son pays... Quelques années ont passé dans la tristesse et l'extrême pauvreté : sa mère en
est réduite à se prostituer et Tedo essaie de trouver de l'argent comme il peut, en volant ou en se faisant exploiter dans un garage, pour l'empêcher de continuer une telle horreur... A 12 ans,
il décide de partir seul sur les routes à la recherche de son père, même si celui-ci est peut-être mort, parce qu'il ne supporte plus une telle existence. Commence alors une odyssée
cauchemardesque à travers des territoires dévastés, habités par des fantômes dont la plupart ont perdu toute humanité... Au cours de son voyage, le jeune Tedo subira la cruauté des hommes. Il se
fera jeter violemment hors d'un train en marche et assistera impuissant au viol d'une jeune fille et à l'exécution sommaire d'un pauvre homme défendant une vieille femme, qui n'a plus assez
d'argent pour graisser la patte d'un soldat afin de passer un barrage militaire...

Atroce mais jamais misérabiliste, l'histoire de ce jeune garçon impose le respect. Toujours digne, jamais désespéré, il continue et avance pas à pas vers ce qu'il croit l'aidera : retrouver son
père... Tant qu’il a ce but, il sait que rien n’est tout à fait désespéré, au fond. Et même lorsqu'il comprend que tout est vain à la fin du film, lorsqu'il apprend que son père s'est remarié et
a eu d'autres enfants, qu'il l'a finalement certainement oublié, Tedo répond à toute cette vie merdique par un sourire, qui inonde ses lèvres... Il ferme alors les yeux et voit en rêve ce dont un
autre garçon lui avait laissé imaginer en lui décrivant des pays lointains : des girafes et des éléphants dans la savane… Ce petit garçon « ambigu » – il ressemble à un enfant mais a une vie
d’adulte ; il demeure attachant malgré son strabisme qui lui donne l’allure d’un monstre de foire –, trouve ainsi refuge dans le rêve, dans la vision idéale d’un monde espéré… La force de son
imagination lui permettra-t-elle encore de survivre dans ce monde dévasté ?

Tout le film est enfin porté par une lumière magnifique, qui ressemblerait à un rêve si elle ne nous donnait pas à voir des choses aussi tragiques. On admire une mise en scène gracieuse et
maîtrisée, riche d’une puissance esthétique incroyable ! Le réalisateur parvient à capter avec une émotion infinie toute la tristesse mélancolique qui rend si beau ces visages de l’Est, terrassés
par la misère ambiante… On suit son jeune héros avec toute la peine et la peur que lui-même n’a plus le loisir de ressentir. Certains plans restent en mémoire, comme autant de démonstrations
merveilleuses d’un immense talent : citons à titre d’exemple ce travelling sublime qui suit le petit garçon descendant une colline, sa silhouette qui se détache dans le ciel, et cette lumière
insensée et inédite au cinéma… Juste « waouh » !































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