lundi 31 mai 2010

L’autre monde, de Gilles Marchand (France, 2010)



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Note :
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Sortie nationale le 14 juillet



 



Après un premier film à ambiance des plus fascinants en 2003 (« Qui a tué Bambi ? »), Gilles Marchand réalise enfin son deuxième film, à l’atmosphère tout aussi particulière… Il y exploite le
thème des réalités virtuelles, à travers le parcours de Gaspard, un jeune homme qui va se laisser envoûter par une mystérieuse blonde, qui cherche sur internet quelqu’un pour mourir avec elle…
L’idée de suicides à plusieurs, plus ou moins érotisés, s’inspire d’une réalité de notre monde bien réel (surtout au Japon), où des jeunes déçus par la vie recherchent sur la toile la personne «
idéale » pour mettre fin à leurs jours. Le geste est à double tranchant, à la fois atroce et définitif, mais aussi désespérément romantique !

Gaspard va pénétrer « Black hole », un monde virtuel rudement bien rendu à l’écran, aux traits à la fois simples et impressionnants, très sombres et visuellement très forts, afin de discuter avec
Audrey, qu’il a sauvé in extremis d’un premier suicide dans le monde réel… En essayant de la comprendre, il va peu à peu se « déconnecter » du réel et se prendre au jeu de son « avatar »
dématérialisé. Sauf que le film nous montre très vite que tout ce qui se passe dans l’espace virtuel a un impact sur la réalité immédiate des « joueurs »…

Ce qui peut surprendre dans l’histoire de « L’autre monde », c’est que ce jeune homme possède une vie tout à fait banale et normale, même plutôt équilibrée, avant de se laisser « happer » par un
monde nouveau, qui le fascine… Mais c’est justement ça qui devient le plus intéressant : pourquoi, alors qu’il a des amis et une petite amie idéale, il prend quand même le risque de se laisser
vampiriser par une autre femme aux allures malsaines et fantomatiques ? Au fond, c’est surtout l’impact de « Black hole » qui agit sur lui et le film utilise finalement le thème des réalités
virtuelles pour mieux évoquer celui plus large de la fascination… Fascination pour ces écrans devant lesquels on peut demeurer hypnotiser durant des heures, fascination pour des mondes dans
lesquels on développe une « seconde vie » qui nous paraît presque aussi importante que la vie « réelle »… Et même si l’addiction est inconsciente chez Gaspard, elle est parfaitement montrée à
l’écran : figé devant son écran, le jeune homme tarde à répondre au téléphone qui sonne à côté de lui… et lorsqu’il y répond, il demeure distrait avec la personne qui l’appelle, toujours aussi
scotché à son ordinateur qu’il ne peut plus quitté… Cette fascination pour des mondes idéalisés bascule alors vers la dépendance, puis vers une fascination pour la mort.

Mais « L’autre monde » est encore bien plus que tout cela : non seulement il montre assez finement une jeunesse un peu perdue, voire un peu schizophrène à se partager ainsi entre plusieurs
niveaux de réalité, mais il propose en plus une atmosphère tout aussi fascinante que « Black hole », le jeu qu’il décrit. Sensuel ou tout simplement étrange, souvent inattendu, le film glisse peu
à peu vers le thriller, ou vers tout autre chose, comme Gilles Marchand avait déjà très bien su le faire dans d’autres films qu’il a réalisé (« Qui a tué Bambi ? ») ou simplement scénarisé («
Lemming » ou « Harry un ami qui vous veut du bien », de Dominique Moll).

Côté casting, il convient de remarquer la présence forte et hypnotique de Grégoire Leprince-Ringuet, qui porte littéralement le film sur ses épaules ! Le petit garçon qui courrait dans les champs
avec Emmanuelle Béart et Gaspard Ulliel (« Les égarés » de Téchiné, en 2002) a bien grandi ! Le jeune homme qui révélait son très bon goût en draguant à mort Louis Garrel dans « Les chansons
d’amour » a lui aussi bien mûri ! L’acteur impose un style à la fois sensuel et cérébral, une posture paradoxale coincée entre l’adolescent timide et l’adulte charismatique… Ce garçon est
bluffant ! Quant aux autres, bien que rejetés un peu au second plan, ils sont dans l’ensemble très bien : Melvil Poupaud, bien sûr, mais aussi Pauline Etienne (bien moins agaçante que dans «
Le bel âge ») ou encore Pierre Niney, qui sort du lot notamment pour sa plastique
des plus agréable… En ce qui concerne Louise Bourgoin, pourtant si pénible dans « Adèle Blanc-Sec », elle ne sera sans doute jamais aussi
bonne que dans ce rôle de femme fatale et évanescente, qui met son corps en avant et qui parle peu…



 



Mise en perspective :



- 8th Wonderland, de Nicolas Alberny et Jean Mach (France, 2010)































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4 commentaires:

  1. Et dire que le club 300 nous avait demandé notre avis au sujet de l'affiche!! Je vois qu'ils ont gardé cet aspect "fresh"...Bon....quand au film? Le sujet m'avait bien botté mais est ce que ce
    genre de film ne va pas être vite dépassé? C'est toujours le problème avec ces films traitant de réalité virtuelle..

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  2. je suis surpris par ta critique. j'ai trouvé que le film alignait platitudes sur platitudes, un scénario paresseux, aucune idées de mise en scène, et l'utilisation de louise bourgoin en femme
    objet limite porno montre à quel point 60 ans de féminisme sont passés bien loin de certains artistes. c'est dommage et énervant

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  3. oh faut pas faire ton sentimental je reviendrai souvent à paris, on se fera des séances ciné avec les deux autres là! (titoune, si tu me lis...)  parce qu'à marseille y a la mer mais y a pas
    de ciné. ou alors on pourra se faire des soirées post it, c'est toujours aussi ridiculement agréable. allez dude, j't'en veux pas d'apprécier la Bourgoin!

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  4. ah oui j'avais déjà entendu ça pour le ciné à marseille... eh ben tant pis pour toi ! :)


    parait qu'il y a un chouette ciné indépendant, mais faut aller jusqu'à aix il me semble...


    ok pour les post it, je suis tj partant !

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