lundi 17 mai 2010

Devil Story : il était une fois le diable, de Bernard Launois (France, 1985)


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Note : quelque part entre
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Dans la vie de tout cinéphile, il y a un « avant » et un « après » « Devil story ». Après avoir vu le film, on se retrouve en effet dans une étrange situation : celle de ne pas vraiment
comprendre ce que l’on vient de voir, ni de savoir quoi en penser au juste… L’œuvre de Bernard Launois demeure il est vrai comme un épais mystère, puisque certains n’ont pas hésité à la comparer
aux films de David Lynch ou de Kubrick, quand d’autres l’ont décrit comme le pire film français jamais tourné… Alors, « Il était une fois le diable » est-il le « Mulholland drive » hexagonal,
réalisé plus de 15 ans avant le chef-d’œuvre de Lynch et au scénario tout aussi abscons ? Lorsque l’on écoute un peu parler son « auteur », on est pourtant en droit d’en douter un peu : Bernard
Launois avoue notamment de lui-même avoir fait une merde, avec une actrice complètement nulle et une équipe de tournage désastreuse… N’ayant pu tourner que 55 minutes de pellicule, il affirme
avoir « étiré » son film tant qu’il a pu pour le faire accéder au rang de « long » : certains plans sont ainsi répétés plusieurs fois sans complexe, une scène semble tourner en boucle tout au
long du film, et les ralentis sont légion ! Launois a également filmé quelques plans supplémentaires à l’arrache avec un pote, notamment de sublimes et bucoliques travellings en forêt…

Mais au fond, peu importe la légitimité du réalisateur, puisque ce qui compte demeure bien sûr ce qui demeure effectivement à l’écran… Si l’histoire de « Devil Story » reste bien difficile à
cerner complètement, il existe quelques éléments sur lesquels tout le monde devrait tomber d’accord ! Une sorte de « monstre » humain habillé en nazi bat la campagne pour zigouiller tous ceux qui
croiseront sa route. Une blonde en ciré jaune crie et court partout. Un chasseur tire sur un cheval noir de jour comme de nuit, et parfois les deux en même temps ! (je vous laisse apprécier le
sens de cette phrase…) Un bateau fantôme sort de terre et libère une momie cachée derrière un couvercle de sarcophage (mais sans le sarcophage !) Il y a aussi un château, une forêt, un petit
cimetière… et vous n’êtes même pas au bout de vos surprises !

Malgré la confusion générale qui règne dans l’enchaînement des séquences de « Devil Story », si riche en incohérences et en faux raccords qu’Ed Wood ne l’aurait certainement pas renié, on
distingue bel et bien un  élément qui pourrait bien être la clé de cette incroyable aventure ! Tout paraît en effet converger vers l’idée du mal absolu et de la présence du diable sur la
Terre, cette sorte de purgatoire où les hommes ont été abandonnés… Mais où est le mal au juste : est-ce cet homme monstrueux qui trucide tout le monde ? est-ce ce cheval fou qui n’arrête pas de
courir en tout sens et de faire peur à tout le monde ? est-ce ce chat noir malicieux qui semble avoir une importance capitale dans la narration, même si on a vraiment du mal à voir laquelle ?
est-ce la fille au ciré jaune qui sort en petite tenue la nuit, comme une créature interlope et perdue ? Bernard Launois ne cherche-t-il pas finalement à nous dire que le mal est partout autour
de nous… et peut-être même caché tout au fond de nous ? Son film deviendrait alors une œuvre métaphysique puissante sur le devenir ontologique de l’humanité tout entière !

Bon, il est quand même fort probable aussi que « Devil Story : il était une fois le diable » ne soit rien d’autre qu’un improbable « nanar », mais tellement absolu et jusqu’au-boutiste dans
l’absurde qu’il en révèle la quintessence même ! Entre ses effets spéciaux approximatifs, ses effets « gore » vraisemblablement réalisés avec de la mauvaise viande de supermarché et ses acteurs
incroyablement mauvais comme des manches, on ne peut que s’attacher à un film « artisanal » et définitivement « hors norme », qui nous fait balancer entre sidération incrédule et bidonnage
hilare… Une pépite marron (comme le caca) du cinéma de genre, croisement dégénéré que l’on n’espérait pas même dans nos rêves les plus fous entre Romero et Max Pecas !

Le film sortira en DVD en septembre prochain grâce à Nanarland et Sheep tapes, agrémentés de bonus
incroyables auxquels le grand Bernard Launois a participé en personne !































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11 commentaires:

  1. Bravo Phil!! ça c'est du film qui méritait amplement d'être chroniqué ne serait-ce que pour son côté culte!!


    Pas comme la daube que j'ai chroniqué "Retro Puppet Master"...mais je t'y fais un clin d'oeil dedans!!!

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  2. Des éditeurs de nanards en DVD !!!


    La relève de Néo Publishing est donc active !


    jamais entendu parler de ce film, et pourtant c'est pile poil ma génération... Mais bon, on ne peut pas tout connaitre...


    Je serais bien curieux de voir ça, ta critique m'a mis l'eau à la bouche !

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  3. Tu es sur que ça n'est pas un fake ton film ?


    Les extraits que je viens de voir sur le net ne m'ont pas vraiment l'air très "vintage", on dirait même que c'est filmé en vidéo...

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  4. Humm ça à l' air vraiment trop tentant pour passer à côté, tu donne carrément envie de le voir....

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  5. et tu sais quoi ? Le dvd sera pour moi ! Sinon, je te recommande le plus gros nanar de tous les temps: Turkish Star Wars. Garantie 100% chiure !

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  6. Je suis perplexe du coup o_O. Je ne sais plus si je suis tentée (j'ai beaucoup beaucoup de mal avec les scènes répétées)(voir le final de "Dante 01" par exemple)

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  7. miam, miam ! C'est pour moi ça ! Ca sent la bonne bouse à plein nez et je m'y connais !

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  8. Oh purée, fallait oser ! Mais où est Wade Wilson ? C'est tout à fait sa came !

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  9. J'ai vu (mais pas tout!!) ce film chez mon oncle il y a des années en VHS...Un oncle qui possédait d'ailleurs un des premiers magnétoscope avec les VHS qui s'inséraient par le dessus de la
    bête!!! nostalgie..quand tu nous tiens!!

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  10. allons, avoue que tu as aimé...

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  11. y'a des trucs bien marrants, mais des fois on se dit "putain vivement que ça s'arrête"... eh ben ce n'est pas du tout le cas avec "devil story" !! :)

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