lundi 24 mai 2010

8th Wonderland, de Nicolas Alberny et Jean Mach (France, 2010)



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Note :
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« 8th Wonderland » est un de ces films OVNI d’un genre absolument nouveau et tout à fait stimulant, comme on en voit peu souvent… Faisant fi des standards du cinéma, d’une mise en scène léchée ou
d’un scénario approfondi, le film d’Alberny et Mach semble prendre sa force dans ses propres faiblesses. Il contourne par exemple avec astuce la pauvreté de son budget pour donner l’impression au
spectateur de se situer dans un monde médiatique high-tech et dernier cri, situé à de multiples lieux dans le monde tout en étant paradoxalement nulle part, puisque faisant référence à un monde
virtuel qui n’existe que sur la toile du web… Il s’agit du « huitième pays des merveilles » du titre, en fait.

Sans vouloir copier l’efficacité d’un thriller à l’américaine, le film parvient à nous fasciner avec trois fois rien : quelques images filmées dans l’ombre, une webcam et un clavier d’ordinateur,
ou même encore de la simple neige sur l’écran… Une ambiance un peu film « bricolé », souvent assez sommaire, mais incroyablement futé et culotté ! On est finalement scotché d’un bout à l’autre de
cette fable moderne, qui imagine un monde virtuel, dont les acteurs se mettraient à avoir un impact démesuré sur le monde réel.

« 8th Wonderland » propose en effet une réflexion plutôt subtile et nuancée sur le militantisme moderne et les façons dont les peuples peuvent s’en prendre aujourd’hui à leurs gouvernements pour
enfin « changer le monde », si possible en mieux… Chaque semaine, les habitants de ce pays dématérialisé votent des motions, qui sont immédiatement exécutées si elles sont acceptées par la
majorité. Si ce semblant de « démocratie » (comme l’un des personnages désigne ce système) commence avec des actions aux allures de bonnes blagues un peu potaches, comme mettre des distributeurs
de préservatifs parfumés à l’hostie dans les églises du Vatican pour s’opposer au discours anti-capote du pape, la belle utopie dégénère cependant très vite et bascule dans des actes aux
frontières du terrorisme. Le film commence d’ailleurs par le moment exact où tout se joue, c’est à dire lorsque la communauté se met à avoir du sang sur les mains en assassinant un dictateur…

L’ambiguïté des situations et l’opposition de discours contradictoires mais tout aussi recevables les uns que les autres rend cet objet filmique incroyablement séduisant ! L’intelligence dans la
façon de poser certaines questions mène à une véritable réflexion, loin de toute pensée trop manichéenne ou propagandiste. La vie à l’intérieur du Wonderland est montrée comme grouillante et
hyper-pixelisée : c’est là qu’ont lieu de multiples débats et agitations sur les actions menées et leurs répercussions. Comment exposer son désaccord ? Comment juger un pays multiethnique qui
n’existe pas et qui n’a pas de frontières ? Quelle différence y a-t-il entre un terrorisme visible illégal (comme les attentats contre les Twin Towers à New York) et un terrorisme invisible et
insidieux mais néanmoins légalisé (le désengagement des Etats occidentaux envers l’Afrique, où des gens meurent de faim ou du SIDA chaque jour) ? Peut-on sacrifier quelques vies si l’on sait que
cela permettra d’aider le monde entier ? Autant de questions qui renvoient souvent à la notion de la « limite », celle que l’on choisit ou non de dépasser… et pour quel résultat ?

On remercie enfin le film de ne pas nous apporter de réponses définitives sur tous les aspects d’un vaste sujet qu’il aborde sans peur et avec fougue, mais on croit déceler au final un très bel
appel à la vigilance de chaque concitoyens et à la mobilisation réfléchie s’il le juge nécessaire. Une très belle métaphore à base d’insectes qui propagent la lumières éclairent joliment le film
à plusieurs moments. Le générique de fin présente lui aussi un « 9th Wonderland », qui semble avoir appris des erreurs de son prédécesseur et corrigé le tir… Comme quoi la lutte doit continuer :
c’est d’une certaine façon dire au monde entier que l’on n’est pas encore tout à fait mort !



 



Mise en perspective :



- 8th Wonderland : Join us !



- La stratégie du choc, de Michael Winterbottom et Mat Whitecross
(Grande-Bretagne, 2010)































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7 commentaires:

  1. Le côté "bricolé" du film me dérangeais un peu... mais ayant lu ta critique, j'ai un peu plus envie de voir ce film maintenant. Par contre, j'ai bien peur de trouver un très mauvais jeu d'acteur
    et un film faussement réaliste : C'est le cas ?

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  2. j'avais vu l'affiche de ce film sur le site horeur.net mais je ne connaissais pas l'histoire ni le sujet. J'en prends bonne note.

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  3. Je suis heureux de voir autant d'éloges sur ce film que je n'ai pas vu même si ma curiosité me faisait hésiter. Si je le vois encore à l'affiche peut-être que je me laisserais tenter.

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  4. Je vais sortir ma "catch phrase" sur les comms de ton blog: "on verra s'il sortira chez moi"... J'ai bien sûr très envie de le voir, celui-là!

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  5. Comme beaucoup, ce film ne m'attirait pas plus que cela. Mais ta critique dytirambique sur ce film et les thémes qu'il aborde éveille ma curiosité.

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  6. Un film très intéressant, atypique, et qui fait réfléchir...

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  7. Quelle déception ! Voilà un film avec une vraie idée originale et un scénario qui aurait vallu le coup si seulement... tous les combats choisis (dinde, nucléaire... etc...) sont traités de façon
    hyper caricaturale et de façon invraisemblable (la fausse interprête à mourir de rire). "8th wonderland" offre des possibilité énormes mais plus le film avance et plus on se dit que les
    réalisateurs n'ont pas les épaules pour un tel film. Une histoire si dense et si forte aurait du avoir un scénario plus écrits. Les doublages sont mauvais et les choix de chaines TV sentent bon
    le réchauffé. Bref des idées excellentes et des possibilités de fou mais une absence certaine de talents pour conduire un tel projet.

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