jeudi 15 avril 2010

Stalker, d’Andreï Tarkovski (Russie, 1979)



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Note :
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Voir « Stalker » de Tarkovski est une expérience que chaque spectateur un brin cinéphile devrait vivre au moins une fois dans sa vie… Dans ce film du grand cinéaste russe, on se sent très vite
comme envahi de toute part par l’image, comme immergé en elle sans trop savoir au juste vers quelles profondeurs elle va nous faire plonger. Cette fascination découle d’un style puissant et
hypnotique, à la fois beau et contemplatif, parfaitement unique en son genre…

« Stalker » signifie « guide » en anglais, et le mot désigne justement le personnage du « passeur », qui va permettre à deux individus, appelés symboliquement « l’écrivain » et « le professeur »,
de pénétrer une zone interdite, protégée par des militaires, où se trouverait une chambre secrète qui exaucerait tous les vœux de celui qui y parviendrait… Dans ces décors grandioses et
mystérieux, où serait tombée une météorite (à moins qu’il ne s’agisse des extraterrestres ? ou de Dieu ?), les personnages entreprennent une longue marche, pleine d’épreuves et de détours. Après
le passage violent des militaires, qui n’hésitent pas à leur tirer dessus, ils découvrent les restes de soldats carbonisés, laissant supposer que pour pénétrer ce lieu, il faut y venir désarmé…
Ils apprennent peu à peu que la « zone » a une vie et un fonctionnement propre, à dimensions et à géographie variable, au sein de laquelle on peut très vite se perdre, spécialement si l’on ne
suit pas le fameux « stalker »… Devant ces jeux sur les espaces ayant leur logique bien à eux et les réflexions philosophiques posées par les personnages, on peut presque observer dans le film
comme une préfiguration de « Cube », l’étonnant film fantastique que tournera Vincenzo Natali vingt ans plus tard.

Dans des décors aux frontières flottantes, alternant les grandes étendues de nature ou les espaces clos bien glauques, les trois personnages hautement symboliques semblent jouer une grande
odyssée métaphysique. Alternant la couleur et le noir et blanc, laissant parfois un drôle d’humour décalé s’insinuer (un téléphone qui sonne au milieu de nulle part !), le film surprend et
questionne… Le symbolisme, le concept de quête, la présence des éléments, la réflexion sur l’inspiration, les élans de mysticisme : tout paraît sujet à interprétation dans « Stalker », véritable
film multifacette et inépuisable, où chacun pourra trouver des réponses ou de nouvelles questions pour poursuivre sa vie en meilleure intelligence…

On peut interpréter le film politiquement, avec le contexte de la guerre froide à l’époque, à travers les commentaires sur la bombe, la destruction envisagée de la chambre, l’oppression militaire
comme symbole probable des régimes des pays de l’Est… Ou bien s’en tenir à une interprétation plus universelle, plus onirique et ontologique. « Stalker » est en réalité à la fois un grand poème
contemplatif, que l’on peut admirer sans même le comprendre, et une source d’interrogations et d’interprétations visiblement inépuisable…































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7 commentaires:

  1. Très bonne critique qui me donne vachement envie de découvrir le film !

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  2. je connais le film de réputation, je vais bientôt l'acheter sur priceminister, je fais de ce film une priorité.

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  3. Un pur chef d'oeuvre, je ne l'ai pas vu depuis 20 ans mais j'avais été tellement impressionné !


    C'est aussi, je pense, un film qui a eu une influence majeure sur le cinéma fantastique Japonais contemporain (Dark Water, etc...)

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  4. Je te conseille aussi Solaris, tout aussi génial !

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  5. Belle approche de ce film qui se dérobe à toute analyse frontale. Tu as raison de dire qu'il faut (comme pour Solaris d'ailleurs) d'abord l'envisager comme un sublime poème métaphysique, une
    oeuvre impalpable mais excessivement présente. Outre l'influence peut-être sur Natali, en effet le cinéma japonais moderne y a puisé ses influences. Je pense surtout à Mamoru Oshii et son
    "Avalon" qui utilise les mêmes basculement chromatiques pour signifier le franchissement  de chaque niveau de conscience.

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  6. Seulement 2 étoiles?? Rhooo t'es dur!


    Pour moi c'est le plus grand film de Tarkovski (avec Nostalghia et devant Solaris), je ne me lasse pas de le revoir et d'essayer de comprendre, un peu plus à chaque fois. Je trouve ce cinéma
    fascinant tant il est complexe :)

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  7. Bonjour,


    je viens de voir stalker et je trouve votre article plutot superficiel. Permettez moi d'y apporter ma contribution.


    A mon sens ce film n'est pas "un gisement inépuisable d'interprétation" mais a un but : Dénoncer le manque d'approfondissement par chacun de son experience personnel (afin peut-être de s'accepter
    ou de vivre heureux/mieux).


    Tout expression visuel est assez dépassé de nos jours, on peut certes apprécié la qualité technique pour l'époque certain travelling sont encore dificile a réaliser  et leur apport est très
    discutable excepté le traveling avant ds le tunnel le reste n'est que prouesse technique.


    Bref comme pour Solaris la forme n'est la que pour faire parler les bavards seul le fond compte. Je vous renvoi à l'histoire du vase que raconte l'écrivain au début du film. L'intérêt chez
    tarkovski c'est faire exister un discours qui à l'époque et peut-être encore de nos jours ne trouverais aucun budget et aucun public pour exister par lui même et j'ose le dire c'est la le seul et
    unique VRAI intérêt de l'oeuvre de tarkovski. l'utilisation d'un image superciellement belle pour un discours des plus profond.


    les dernières minutes du film avec la fille du stalker et la lecture du Poème en sont un exemple. Car image et discours n'ont aucun point commun : et quiconque à cet instant se captivent par
    l'image plutôt que par ce qui est dit ne peut se vanter de savoir quoiquecesoit de la vie.

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