lundi 26 avril 2010

L’épine dans le cœur, de Michel Gondry (France, 2010)



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Note :
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Comme pour chacun de ses films, Michel Gondry parvient à surprendre magistralement le public avec celui-ci. Le film est d'ailleurs tellement surprenant de sa part que les distributeurs ont décidé
de ne l'exploiter que dans une seule salle pour toute la France... Un vrai scandale, d'autant plus que le film, sous des allures un peu frustes, s'avère être une vraie petite merveille...
"L'épine dans le coeur" est en effet un documentaire que l'on pourrait qualifier de "familial" et que Gondry focalise sur la carrière d'institutrice de sa tante Suzette, désormais à la retraite
depuis une vingtaine d'années. De classe en classe dans des petites écoles cévenoles, année après année de 1952 à 1986, le réalisateur retourne avec Suzette sur les lieux où elle a travaillé et
vécu… D’anecdotes en évocations plus amples, le film est suffisamment riche en rires et en larmes, en drames et en réconciliations, en fêlures et en regrets, pour susciter l’émotion et rendre les
protagonistes du documentaire profondément attachants. Souvent tendre, parfois un peu plus cruel, Gondry enquête sur ses origines et dresse finalement un portrait de famille bouleversant, auquel
chaque spectateur pourra aisément raccrocher des traces de son propre passé… La démarche devient ainsi à la fois personnelle et universelle, livrant à l’écran une forme d’intimité partagée.

Et puis, chemin faisant, le documentaire révèle progressivement la "patte" du cinéaste, comme si celui-ci ne pouvait s’empêcher, du moment qu’il tenait une caméra, d’insuffler à ce qu’il filme
ses obsessions plus personnelles… Comme dans ses œuvres de fictions précédentes, on retrouve ainsi un peu dans « L’épine dans le cœur » cette volonté permanente de recherche formelle et
d’amoncellement de plein de petites choses qui finissent par former un grand tout. On retient également cette capacité à montrer les coulisses de la mise en scène, dans un étonnant « effet reflet
» de mise en abyme. Le montage ne coupe par exemple pas certaines séquences au bon endroit, laissant par moment ce qui précède ou ce qui suit ce qui est véritablement mis en scène. Gondry fait
aussi « jouer » sa famille à reconstituer des scènes quotidiennes, comme le fameux moment où le fils de Suzette n’arrive plus à ressortir des toilettes et appelle sa maman au secours… Quelques
effets spéciaux bricolés, typiquement « gondryens », viennent enfin renforcer l’épine dorsale du récit faussement improvisé du documentaire : une maquette de train miniature énumère les
différentes villes dans lesquelles Suzette a vécu, une courte séquence d’animation apparaît furtivement, ou encore cette poétique scène de rencontre avec des écoliers, à qui le réalisateur
propose de revêtir des vêtements d’invisibilité à l’écran !

Discrètement référencé, « L’épine dans le cœur » s’avère ainsi un bel hommage au monde de l’image et du cinéma. On retiendra encore cette étonnante projection improvisée sur les lieux d’une
ancienne école qui servait parfois de salle de cinéma : « Remorques » de Jean Grémillon apparaît alors à la belle étoile sur un écran fabriqué avec des bouts de ficelle… A l’image d’un cinéma
dont la pauvreté de moyens peut parfois servir la richesse infinie de l’imaginaire !































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7 commentaires:

  1. Ah, tu en parles trop bien, maintenant j'ai envie d'y aller. Une seule copie ! Et pourtant c'est Gondry, il la doit à son nom peut-être...Le titre aussi est joli.

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  2. Vachement éclectique, ce Gondry. On oublie trop souvent (moi le premier) que le vrai français qui réussit vraiment à Hollywood, c'est bien lui. Par contre, je sais pas si tu sais mais son projet
    du moment c'est l'adaptation ciné du Frelon Vert (la série télé avec Bruce Lee en second rôle) et je dois dire que je le sens plutot mal...

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  3. a yest t'es rentré?


    bon sinon je garde Gondryesque, ça fait des années que je l'utilise.

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  4. tu décris Gondry "un peu cruel" mais il faut préciser qu'il ne le fait pas exprès, il est juste en quête de vérité.


    Sinon tu décris je trouve extrêmement bien la démarche, ton esprit semble avoir suffisament de recul sur le film, chose qui me manque encore.


    ah et moi je dis "gondryesque" plutôt que "gondryen". On garde lequel?

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  5. zyva. Faut imposer une nouvelle maznière de penser (oh non je dis aps ça je regarde les infiltrés, l'emission de Pujadas sur la 2. ben ya pleins d'etrémistes qui me font peur... -_- )

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  6. Je ne savais pas du tout qu'il y avait ce film au ciné. Et pour cause, tu as raison, il passe dans 3 cinéma en France !
    C'est de l'incitation au piratage...

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  7. et dans une seule la semaine dernière en fait !! :)


    mais paraît qu'il va circuler dans toute la france...


    et ton blog est toujours à l'abandon, bouh... :'(

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