samedi 27 mars 2010

Le guerrier silencieux, de Nicolas Winding Refn (Danemark, 2010)

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Note :
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Il est des films que l'on peut vivre comme des "expériences". "Le guerrier silencieux" est de ceux-là... On est d'emblée plongé, je dirais presque « nimbé », dans une atmosphère bien particulière,
avec ce je ne sais quoi de "primitif" dans l'air. Est-ce les grandes étendues scandinaves et écossaises à perte de vue ? Est-ce le choc des corps à corps meurtriers, primaires et carnassiers ?
Est-ce ces mers embrumées que traverse une embarcation rudimentaire ? Tout le film se présente en tout cas comme une immersion visuelle et sonore unique et totale, incroyablement moderne et
culottée ! Le cinéaste propose un vrai regard, une sorte de geste de "cinéma pur", une forme d'"art pour l'art" d'une radicalité formelle absolue, dans laquelle on s'immerge complètement... ou que
l'on rejette totalement ! Il n'y a visiblement pas de juste milieu à tenir devant pareille œuvre, et des départs impromptus de spectateurs en cours de projection sont à prévoir...

Pourquoi un titre aussi mystérieux que « le guerrier silencieux » ? Eh bien d’abord à cause de son personnage principal, qui est un guerrier muet… et borgne qui plus est ! Ce qui veut dire qu’il ne
voit peut-être le monde qu’à moitié ? Le titre original, plus musical, "Valhalla Rising", évoque le lieu où les guerriers les plus valeureux étaient conduits par les Valkyries après leur mort au
champ de bataille : une sorte de paradis où un fastueux festin les attendait… Une quête d’absolu en somme. D’ailleurs, tout le film est construit comme une quête d’un ailleurs, peut-être d’un
nouveau monde… Notre valeureux guerrier est d’abord prisonnier d’un clan païen, maintenu dans une cage de laquelle il ne peut sortir que pour combattre et infliger la mort comme un spectacle,
enchaîné à un poteau. Aidé par un petit garçon blond, qui finira par faire route avec lui et par le surnommer « One-Eye » (étonnante démonstration d’humour au fil du film), il s’échappe en tuant
violemment tout le monde ! L’étonnant duo va alors embarquer avec un groupe de croisés chrétiens (et vikings !) en route pour reconquérir la Terre Sainte à Jérusalem… Sauf que leur traversée de la
mer dans un indescriptible brouillard les mènera en territoire inconnu, vers ce fameux « nouveau monde », visiblement l’Amérique, avec ses Indiens et leurs flèches mortelles, qu’ils découvrent
ainsi bien avant Christophe Colomb !

L’intrigue n’est à vrai dire pas le plus grand intérêt du film, et la véracité historique n’intéresse absolument pas le cinéaste, qui dira lui-même : "Le premier jour du tournage, j’étais déprimé ;
je ne savais rien des Vikings et ça ne m’intéressait plus du tout. Quelle idée de faire un film sur un borgne qui n’a ni passé, ni futur ! Mais j’ai décidé de faire confiance à mon instinct. Et
dans ce sens, c’est devenu pour moi aussi un véritable voyage psychédélique vers l’inconnu". Ainsi, son film doit avant tout être perçu comme un « voyage », probablement plus métaphysique que
géographique. L’errance de ses personnages primaires et brutaux à travers ces mondes vierges apparaît d’ailleurs plus comme un grand choc esthétique et émotionnel, comme un poème ou comme une
vision hallucinée de la beauté pure (avec quelques massacres hyper violents empourprés de sang quand même !) que comme une démonstration de raison ! Le film privilégie donc plutôt la sensation à la
compréhension, d’où la nécessité pour le spectateur de se laisser emporter par la fougue de cet émerveillement aux images et aux couleurs sublimes, à la musique grandiose et aux bruitages qui nous
inondent…

Nicolas Winding Refn invente presque un nouveau genre à lui tout seul avec ce film situé quelque part entre fable onirique et tentative expérimentale. Découpé en grands chapitres solennels aux
titres hiératiques (« le sacrifice », « l’enfer », « les hommes de dieu »…), « Le guerrier silencieux » assène sa puissance symbolique. Mais au fond, ce film-là est un peu comme la poésie, simple
et complexe à la fois : il ne s’explique pas… il se v(o)it !

Mise en perspective :
- La critique du film par Alexandre Mathis (sans qui j'ai failli passer à côté de cet
"émerveillement" !)






























  • Plus










12 commentaires:

  1. Je dis oui, très heureux de voir que je ne suis pas seul à aimer ce film... Car on est peu nombreux ! C'est un des deux seuls films 2010 à qui j'ai donné 4 étoiles.

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  2. Je ne lis rien car j'ai le sentiment que ce film est pour moi !
    Mais je doute d'avoir le temps d'aller le voir prochainement...
    Rhhaaa cruel dilemne !
    Et trois étoiles au Michelin, c'est rare !

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  3. Je crois que sans toi et Alexandre Matis je serais aussi passé à côté de ce film.
    J'irai donc le voir (ou je le verrai quand il sortira en dvd plutôt vu qu'en ce moment pas trop le temps d'aller au ciné...)

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  4. ça al'air vraiment très bien: dommage que le film soit assez peu distribué ds les salles. Je me ratraperai lors de la sortie en dvd...

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  5. Raaah, ça va, arrêter de me parler de ce film, c'était pour moi impossible d'aller le voir (pas de projection à moins de 100 km !).

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  6. Je me rattraperai également en dvd. Ce film fait beaucoup parlé de lui, et surtout en bien. Ta critique m'a donné encore plus envie de la voir (et très bien écrite comme d'habitude).

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  7. Les avis sont très partagé pour ce film. Il n'est pas encore sorti en Belgique mais je doute qu'il passe chez moi de toute manière. Il faudra que je me fasse une raison...


     


    (pour finir, tu vas au BIFFF?)

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  8. J'aimerais bien, surtout que les deux tiers des films m'intéressent, mais il me faudrait une journée de 3-4 films pour rentabiliser ça et la seule manière de ne pas tomber dans la nuit (pour le
    problème déjà évoquer), c'est de faire la nuit du fantastique, jeudi prochain. Les films m'intéressent, mais je suis freinée par le prix (plus de 20€... oui, bon, il y a beaucoup de films, mais
    je galère un peu question argent, alors rajouter à ça les 18€ pour le train et le bus...) mais surtout par le fait que je n'ai jamais réussi à rester réveillée après 2h du matin, malgré de
    nombreuses tentatives effectuées dans le but de pouvoir faire la nuit de l'horreur qui a lieu chaque année au ciné... Du coup, si je ne trouve personne pour m'accompagner et me tenir éveillée, je
    pense que je vais renoncer (et peut-être songé à organiser un évènement bloguesque autour de ce festival l'année prochaine, histoire d'être accompagnée et d'y aller pour une fois!!!).


     


    Au fait, tu avais dis que tu venais au Wilkinson en juillet, non?

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  9. Ah, mais je suis en Belgique, donc trajets "moins chers"...


    Par contre, la Communauté française vient de décidé du sort de mes vacances pour moi: comme elle ne me paie pas le remplacement que j'ai débuté en fin de mois (ben oui, tu comprends, les papiers
    pour les salaires étaient à remettre la veille du début du remplacement), ben je toucherai en mai, donc pas de folies pour moi ce mois-ci. Ah, vive l'Etat employeur! (et heureusement que je mets
    toujours un peu d'argent de côté, autrement je n'aurais pas eu assez d'argent ce mois-ci)(oui, je sais, je suis amère, mais bon, je dois dire que c'est le troisième sale coup que j'ai comme ça
    question salaire de leur part, ça commence à faire beaucoup)


     


    Le Wilkinson a lieu le 4 juillet. Ce sont 12 avant-premières de films américains, des grosses productions aux petits films indépendants. Mais en effet, si tu as un beau festival à Paris, ça
    serait dommage de le louper! ^_^

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  10. Ca va s'arranger, c'est juste que je vais être payé un mois en retard parce que j'ai eu le malheur de commencer un remplacement après la date de remise officielle des papier pour les paiements.
    Et je suis loin d'être la seule dans le cas (rien que dans mon entourage, un ami qui a commencé un remplacement deux jours avant moi est dans le cas)(et comme il le disait, jamais on
    n'accepterait ça d'une entreprise privée, mais bon, quand c'est l'Etat, ça ne pose pas problème...).


     


    Oui, ce n'est que sur une journée (et Vance et Jennifer viennent ^_^).

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  11. Je suis de mon côté très dubitatif quant à la profondeur de ce film qui se résume à un exercice de style un peu surfait. On navigue tout près des rivages d'Herzog sans en atteindre jamais la
    substance. Je retiens la musique, bruitiste et décalée, et certaines qualités visuelles (avec les limites exposées ci-dessus).

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  12. Ah, si tu ne me détestais pas encore, je pense qu'aujourd'hui ça sera chose faite:


    j'ai totalement, radicalement et absolument détesté ça.


    C'est même ce que j'ai vu de pire depuis belle lurette.


    Pour moi, le film fait même son entrée en grande pompe parmi les plus grands navets de l'histoire du cinéma, rien de moins.


    Je prépare mon papier pour les prochains jours.


    C'était mon grand retour dans une salle de cinéma... je pense que je n'ai pas choisi le bon film...


    Et en prime, c'est de ta faute lol

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