mardi 2 mars 2010

La reine des pommes, de Valérie Donzelli (France, 2010)

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Note :
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Il y a apparemment une véritable fierté à exulter ses signes extérieurs de pauvreté pour ce premier film de Valérie Donzelli. Le budget visiblement ultra réduit de cette étrange petite comédie
légèrement musicale (« du bout des lèvres », comme on pourrait dire…) semble parfaitement assumé, si ce n’est revendiqué, à l’écran. Il y a ainsi comme une exaltation du tournage fauché dans « La
reine des pommes » et une vraie volonté, plutôt réjouissante, de se servir d’une contrainte financière comme d’une force créatrice. Le film multiplie effectivement les petites trouvailles et les
audaces formelles, qui ne coûtent rien mais auxquelles il s’agissait encore de penser : petites séquences comiques dignes du cinéma muet, puissance évocatrice des lieux grâce à leur dépouillement
même (un banc, un escalier dans un parc, un appartement à peine décoré…), une scène qui commence au premier plan, se poursuit hors champ, pour se terminer au fond du même plan… On se retrouve
souvent dans la comédie complètement débridée, entre romantisme et cocasserie, un brin coquine ou carrément cartoonesque !

Il y a aussi une vraie fantaisie, éminemment communicative, dans l’emploi des comédiens tout au long du film, pris dans des situations rocambolesques et légèrement absurdes, souvent inattendues et
toujours drôles, qui donne toute sa vie et son rythme endiablé à cette comédie. Les scènes paraissent très théâtralisées, surtout à cause des plans fixes la plupart du temps et des dialogues
volontairement artificialisés et se répondant constamment. Mais cette apparente théâtralité – par ailleurs tout à fait savoureuse – est biaisée par une mise en scène faussement simpliste :
l’enchaînement des plans est rapide, le montage est alerte et finement habile ! On arrive alors à un pur enchantement visuel qui parvient à nous faire oublier l’emballage « toc et pas cher » de
l’ensemble… Même les séquences chantées (mise en musique par le grand Benjamin (Biolay), excusez du peu !), qui ne sont pas forcément la plus grande force de « La reine des pommes », sans effet et
non chorégraphiées, offrent au film de beaux instants de poésie. Pourtant, la vraie puissance musicale de l’œuvre, paradoxalement, se trouve dans les séquences jouées et dialoguées comme un
enchaînement cohérent de petites saynètes entre humour acidulé et roman-photo sucré… Les poses observées par les acteurs, tordantes et exagérées, à la mécanique savamment étudiée, y sont évidemment
pour beaucoup !

Il convient alors ici d’en arriver au casting, lui aussi très pauvre en nombre de comédiens, mais furieusement riche en palette dramatique pour chacun ! A commencer bien sûr par le merveilleux
Jérémie Elkaïm, dont on était tombé sous le charme dans « Presque rien » de Sébastien Lifshitz, et puis
presque plus rien ensuite : il s’était fait beaucoup trop rare ou discret dans le cinéma français depuis ! « La reine des pommes » répare pour un temps cet oubli injuste en le plaçant au cœur d’un
dispositif scénaristique absolument génial (malgré son astuce de départ plutôt basique), où ce n’est pas un Jérémie Elkaïm que l’on découvre, mais pas moins de quatre ! Après s’être fait larguée
comme la dernière des pommes par Mathieu, Adèle va en effet rencontrer Pierre, Paul et Jacques, trois nouveaux petits amis potentiels, tous incarnés par l’acteur, tellement elle pense encore
obsessionnellement à son premier amour, qu’elle voit du coup un peu partout… Jérémie Elkaïm campe et compose ainsi toute une brochette de personnages tous bien distincts et aux caractères
différents, pour notre plus grand bonheur…






























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3 commentaires:

  1. Je viens de regarder la bande-annonce, et c'est vrai que ca ressemble à un film à tout petit budget fait à la maison ! Mais pour un budget aussi ric-rac tu lui as mis une bonne note, c'est donc que
    ca doit être assez drôle. D'ailleurs la fin de la bande annonce m'a faite sourire "Moi c'est mon oeil qui pourrit, vous c'est votre sperme, chacun son boulet" Ca semble complètement barré et décalé
    comme film je me trompe ?

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  2. J'ai honte de le dire, mais c'est seulement à la fin (au moment du générique) que je me suis rendu compte qu'il y avait un seul acteur ... honte ! Mais qu'il est bon !

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  3. héhé ! ça prouve que jérémie est excellent et caméléon ! :)

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