Lovely bones, de Peter Jackson (EU-GB-Nouvelle-Zélande, 2010)

Note :

Tout commence plutôt bien pour « Lovely bones » : Peter Jackson y installe ses personnages et nous présente la vie quotidienne pavillonnaire d’une jeune fille, qui va bientôt se retrouver entre les
griffes perverses et sadiques d’un méchant monsieur du voisinage… Le mal n’est jamais vraiment très loin, semble nous dire le scénario avec petite louche d’insistance. Tout ça part assez bien donc,
d’autant plus que tout le côté « fait divers » de l’histoire évoque le merveilleux et indépassable « Créatures célestes » du même Peter Jackson, sorti en des temps anciens où il réalisait encore
des bons films, lorsqu’il échappait alors au chant des sirènes hollywoodiennes… Mais si « Créatures célestes » est un pur chef d’œuvre, on ne peut hélas pas en dire autant de ce « Lovely bones »,
que l’on qualifiera cependant de passable, bien plus intéressant en tout cas dans la carrière du cinéaste que tous ses « Seigneur des anneaux » et autre « King Kong », plein de bruits et
d’esbroufes inutiles !

A vrai dire, à partir du moment où l’on comprend que la jeune fille vient de basculer dans un autre monde et qu’en réalité elle est déjà morte, assassinée par le vilain monsieur… Patatras ! Tout le
film perd un peu d’intérêt et de crédibilité… En fait, toutes les scènes qui se déroulent dans ces sortes de limbes où la jeune défunte est coincée et d’où elle observe sa famille en deuil et son
meurtrier impuni, sont pour la plupart grossières et ridicules, servies par des effets spéciaux bien flashy et d’une naïveté à tendance new age. Bien sûr, il y a ici ou là une ou deux bonnes idées,
comme par exemple tous ces bateaux dans des bouteilles de verre qui s’échouent sur une plage au fur et à mesure que le père les brise pour calmer son chagrin… Mais c’est nettement insuffisant,
surtout que le style pompier qui a fait la marque de fabrique de Jackson se transforme ici en cacophonie visuelle bien appuyée et super lourdingue ! On se retrouve souvent dans le n’importe quoi,
avec une accumulation de visions de la mort plutôt vaines et stériles… Mais soit ! Les scènes du monde des vivants demeurent encore supportables et nous permettent de suivre avec encore un peu de
plaisir une intrigue pas trop mal construite et dont certaines séquences restent assez savoureuses : l’épisode où la sœur s’introduit dans la maison du tueur à la recherche d’indices est un beau
morceau de bravoure, notamment pour ses longues séquences de silence angoissant… Et puis retenons aussi la façon dont périt le très très méchant monsieur, moment finalement assez drôle et
réjouissant. Si l’on met de côté le côté mystico-cucul de « Lovely bones », on obtient quand même une assez belle réflexion sur le deuil, avec quelques personnages pas totalement aboutis, certes,
mais pas non plus totalement dénués d’intérêt…