mercredi 17 février 2010

Lebanon, de Samuel Maoz (Israël, 2010)

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Note :
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« Je venais d'avoir 19 ans en mai 1982. La vie était belle. J'étais amoureux. Ensuite on m'a demandé de partir sur une base militaire et d'être le tireur du premier tank à traverser la frontière
libanaise. Cela devait être une mission d'une journée toute simple mais ce fut une journée en enfer. Je n'avais jamais tué quelqu'un avant cette terrible journée. Je suis devenu une vraie machine à
tuer. Quelque chose là-bas est mort en moi. Sortir ce tank de ma tête m'a pris plus de 20 ans. C'est mon histoire ». Avec un pareil synopsis, le film nous plonge directement dans ce dont il se
revendique : un témoignage (celui du cinéaste) de la guerre du Liban vue par un soldat israélien depuis l’intérieur d’un char… Le film a très probablement servi de thérapie à l’ancien soldat Samuel
Maoz, pétri de traumatismes et d’horreur à la suite de cette expérience aux frontières de la bestialité. On y vit la guerre comme si on y était, au plus près des militaires, de leurs actes et de
leur façon de les assumer…

Mais « Lebanon » va bien au-delà du témoignage de guerre pour s’affirmer très vite comme un pur film de cinéma ! De part son concept, d’abord, il pose un point de vue formel porteur d’un sens
tragique et psychologique indéniable : tout le film est ainsi construit depuis l’intérieur du tank, en huis clos parfaitement maîtrisé. On y assiste à la vie des soldats, comme prisonniers de cette
lourde carcasse d’acier, et la seule vision du monde extérieur que l’on veut bien nous donner est celle du viseur du tank, défigurée constamment par une cible… Tout ce qui se trouve à l’extérieur
du tank est ainsi à nos yeux considéré comme un ennemi, ce sur quoi il faut fatalement tirer ! D’autres part, les séquences s’enchaînent comme une démonstration extrêmement bien écrite, qui passe
en revue tous les cas de conscience qui passent par l’esprit d’un militaire : tuer pour ne pas être tué, tuer alors que l’on ne l’a encore jamais fait, comment obéir à des ordres qui nous
paraissent d’une aberration ou d’une monstruosité sans nom, tirer sur des civils… comment faire pour continuer à vivre après tout ça ? De l’instinct de survie à la volonté de compassion, tout se
mélange et passe avec une étonnante fluidité dans « Lebanon », expérience limite extrêmement réussie ! Dans une scène assez étonnante, le soldat observe par le viseur de grands panneaux
représentant les villes de Paris, de Londres et de New York : les voir ainsi prises pour cibles par le canon d’un tank fait un drôle d’effet et nous interroge sur nos vies tranquilles loin de la
guerre et sur l’effet que ça ferait si la guerre venait jusqu’à nous… Etrange vision, à la fois terrible et subtilement poétique.

Dans son film, Maoz nous montre avec une puissance étouffante et éprouvante la réalité de la guerre… Loin du mythe du beau et bon soldat, obéissant et toujours maître de lui-même, fier de servir sa
patrie, le cinéaste nous présente au contraire des jeunes soldats qui semblent constamment un peu perdus. On assiste à leurs disputes dans l’étroitesse du char, on les découvre sale, couvert de la
crasse la plus noire, née de la manipulation de la poudre à canon… On les voit plonger progressivement dans la folie. Ils ont finalement peur de ce qu’ils vivent, mais aussi de ce qu’ils sont en
train de devenir. Ils tremblent, ils pleurent, ils crient : ils se montrent extrêmement faillibles, car il ne sont en fait que des hommes, pas des machines de guerre… « L’homme est d’acier, le tank
n’est que ferraille », lance une saillie propagandiste gravée à l’intérieur du char. Le film nous montre exactement le contraire et cherche simplement à nous montrer quelle vraie saloperie ça peut
être, la guerre… Universel et nécessaire !






























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6 commentaires:

  1. Je tiens quand même à dire qu'il y une sacré  faute d'orthographe sur le titre car au vu du sujet c'est "Lecanon" et pas "Lebanon"....Je sors!!

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  2. Alors, c'est marrant mais ça ne me tente pas du tout.
    Une critique a parlé à son propos d'une "arnaque de festival" et c'est ce que je reniflais à 100km...
    Le parti pris me parait factice et FBI (fausse bonne idée)...
    Je me souviens du génial No Man's Land qui avait l'intelligence, voir le génie de concevoir son huis-clos étouffant en plein air... Et de parler avec une vraie force de l'absurdité de la
    guerre.
    Quand au "journal intime" du Liban...bah, après le magnifique Valse avec Bashir, pas sur que ça le fasse... pour moi en tous cas.
    Je le verrais dans un an sur Canal + et je ferais peut-être alors mon méa culpa mais pour le moment, ça sera sans moi...

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  3. Salut, je découvre aujourd'hui ton blog : très intéressant, je reviendrai. A propos de Lebanon, même si j'ai relativement bien aimé j'ai trouvé le propos sur la guerre assez classique, et le huis
    clos tourne par moment à l'exercice de style. Mais bon, c'est un film que je conseillerais tout de même. A +.

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  4. On y vit la guerre comme si on y était, au plus près des militaires, de leurs actes et de leur façon de les assumer…

    On vit surtout la guerre comme si on était dans un jeu vidéo avec des allusions douteuses et complaisantes et une photographie à la truelle.

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