mardi 9 février 2010

Ivul, d’Andrew Kötting (France, 2010)

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Note :
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Film français réalisé par un anglais, « Ivul » est à vrai dire un drôle de mélange, un peu inégal certes, mais toujours inventif et très intéressant… Andrew Kötting est en réalité un vidéaste, qui
plus est plutôt porté vers un cinéma expérimental et de performance, ce qui transparaît forcément dans « Ivul », même si le film demeure tout à fait regardable sur un plan narratif et conserve une
cohérence d’ensemble tout à fait correcte.

Dans la famille Ivul, donc, pourtant jusque-là parfaitement « fonctionnelle », le jeune Alex va être banni par son père, sur un coup de colère et sur une incertitude : que fait donc Alex avec sa
sœur ? L’ombre de l’inceste semble ainsi planer doucement, presque tendrement… Mais là n’est pas le plus surprenant : plutôt que de partir loin, Alex va suivre à la lettre les paroles du père, soit
de « ne plus jamais remettre les pieds sur sa terre » et de quitter tout simplement le sol, en grimpant sur les toits, dans les arbres, sans jamais plus redescendre… Ce qui ressemble alors à un
caprice se transformera en mode de vie, laissant le garçon se transformer peu à peu en homme, dont le corps paraît se sculpter sous nos yeux. D’en haut, Alex continuera d’observer sa famille, en
silence, alors même que celle-ci se désagrège tranquillement : l’alcoolisme de la mère, les problèmes de santé du père, jusqu’à sa mort…

Réflexion sur la folie, psychothérapie familiale, dérives fantasmatiques, « Ivul » multiplie les axes de lectures possibles, à travers son récit, ses situations, mais aussi d’étranges images
hallucinatoires qui servent d’interludes entre différentes époques, comme des bonds temporels en avant… Quoi qu’il soit, qu’elle que soit ses maladresses, le film respire la sincérité et presque la
nécessité d’exprimer quelque chose. On est en fin de compte dans un art cinématographique plutôt rare et attachant… Comme le personnage principal d’ailleurs, au visage émouvant et curieux à la
fois, au corps mi-homme mi-animal. Depuis la canopée des arbres, Alex regarde le monde passivement, perdant le contact avec lui et en fin de compte le fuyant… Le cinéaste explique d’ailleurs qu’il
voulait retranscrire dans son film sa propre émotion de jeunesse : « Enfant, j’ai passé de nombreuses heures à me cacher dans les arbres, loin de mes relations difficiles avec mon père. Les arbres
étaient un refuge sûr; à cette hauteur le monde me paraissait moins inquiétant. Je pouvais jouer à Tarzan ou à Robin des Bois en toute sécurité, rassuré par la conviction que les arbres me
cacheraient et me protègeraient ». Fuir le monde et le père pour se protéger, mais renoncer aussi au sol, c’est à dire aux fondations du monde et aux racines de sa propre vie… Peut-on alors
construire une vie sans toucher terre ? Avec ce registre de la nature, mais aussi des relations filiales et familiales, « Ivul » nous parle en fin de compte de la transmission. Nous revient alors
en mémoire ce que le père dit à son fils au début du film, avant que celui-ci s’envole dans les hauteurs : « Une civilisation se développe lorsque les anciens plantent des arbres en sachant qu’ils
ne se reposeront jamais à leur ombre ».






























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4 commentaires:

  1. Ben oui c'est vrai ça, pourquoi t'as mis qu'une étoile à Ivul ?

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  2. C'est vrai que tu ne donnes pas ton avis sur le film... Ceci dit je trouve le pitch peu bandant lol

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  3. ah oui ? moi je trouvais ça très intéressant justement... une vie en hauteur, c'est plutôt marrant... mais le film vaut le coup d'oeil, ne serait ce que pour son originalité, son vrai point de vue
    de cinéaste un peu expérimental... je suis sûr que si on creuse ça peut se révéler absolument passionnant !

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  4. Mais pourquoi l'as tu noté une étoile ?
    A vrai dire j'étais plutôt emballé par le synopsis, mais j'ai lu quelques (rares) critiques négatives et le film ne passait pas près de chez... donc je ne l'ai pas vu.
    Qu'est ce que tu n'as pas aimé ?

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