jeudi 18 février 2010

C’est ici que je vis, de Marc Recha (Espagne, 2010)

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Note :
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« C’est ici que je vis » est un film magnifique et solaire. Il suit le quotidien d’un adolescent de 17 ans, Arnau, qui vit avec sa sœur aînée dans un quartier pauvre d’une banlieue de Barcelone… Sa
mère est en prison, on ne comprend pas vraiment pourquoi, comme on ne saisit pas tout de suite les choses dans ce film parfois insaisissable et flottant, plus axé sur la sensation que sur la
narration stricte. On comprend qu’Arnau voudrait la faire sortir de prison, en payant un avocat par exemple. Mais il lui faut de l’argent, alors il erre entre le cynodrome où l’emmène son oncle
pour parier des sommes dérisoires sur des courses de lévriers et les concours de chants d’oiseaux où il fait participer son meilleur chardonneret… Mais là encore, le gain est bien faible pour se
payer le luxe de la justice… Il cherche aussi n’importe quel petit boulot qui viendrait à passer par là, mais vogue la galère, surtout…

Marc Recha dresse un superbe portrait de l’entre deux âges, celui d’un garçon grandi trop vite qui semble pourtant encore appartenir à l’enfance… Arnau est quelqu’un de très réservé, taiseux et
taciturne, et le cinéaste ne le laisse quasiment jamais parler… Même lorsqu’il a l’air d’en avoir tellement besoin, ne serait-ce que pour expulser ce qu’il a sur le cœur. Alors il se réfugie dans
la nature. Il semble en parfaite osmose avec elle et la mise en scène nous berce doucement de son minimalisme contemplatif… Il parvient à une relation presque complice avec les oiseaux qu’il fait
chanter. Il se conduit presque comme une mère pour eux, leur laissant prendre des graines jusque dans sa bouche… Il apprivoisera surtout un renard, tel un « petit prince » espagnol, qu’il trouvera
blessé au bord de l’eau. Les animaux semblent devenir ses amis, mais c’est sans doute oublier un peu vite l’instinct de nature, qui est également propre à l’homme : quand il découvrira que son ami
renard a tué ses amis oiseaux, comment demeurer ami avec le meurtrier de ses autres amis ? C’est dans un geste de pulsion purement bestiale qu’il tuera violemment le renard et perdra ainsi son
dernier ami… Est-il alors enfin devenu un homme ? Soit un être triste et solitaire, avec la vérité du monde en face de lui, dans sa plus cruelle crudité… Le film se transforme ainsi en conte cruel
ou en fable existentielle, qu’on quitte vraiment à regret, laissant ce pauvre garçon à son triste sort.

Le style du cinéaste espagnol fait véritablement mouche à chaque plan et on demeure subjugué par la beauté de son film. On pense à Gus Van Sant, dans sa façon de suivre les errances du jeune
garçon. On pense aussi à Bresson, notamment dans la scène du vol au cynodrome, référence possible à « Pickpocket » ?






























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3 commentaires:

  1. Eh bien ta jolie bannière elle prend un tout autre sens quand on sait comment il va finir ce renard...

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  2. Non, c'est bien les renards, c'est mignon ^^
    Raconté par toi, ce film, j'ai très envie de le voir...
    Mais pour le trouver dans une salle de cinéma sur Marseille, courage quoi !

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  3. ah, la province... ;)
    (je plaisante hein !)

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