mardi 12 janvier 2010

Retour sur Hadewijch : la mort du cinéma d’auteur ?

hadewijch.jpg

Au cours de ses trois premières semaines d’exploitation, « Hadewijch » de Bruno Dumont
(3e meilleur film de l’année pourtant !) n’a réuni que 22 500 spectateurs. Ca fait mal au cœur,
vraiment, surtout pour cet immense cinéaste, exigeant mais ô combien passionnant ! Malgré un Grand prix du jury au Festival de Cannes en 2006 pour son précédent film (« Flandres »), son nouveau
film n’aura donc pas trouvé son public…

La faute d’abord au nombre hyper réduit de copies, bien sûr ! Du manque quasiment total de promotion, aussi… Sans compter encore la rotation de plus en plus accélérée des films en salles, ne
permettant plus du tout à des films fragiles de trouver leur public avec le bouche à oreille… Plus personne, aujourd’hui, ne veut prendre de risques avec des films comme ça au cinéma. Leur
réputation de films difficiles ou inaccessibles font peur. Pourtant, leur teneur philosophique et sociétale d’une rare intelligence serait nécessaire et salvateur à la survie de chacun !

Les producteurs et distributeurs d’« Hadewijch » s’en désolent et pointent du doigt les négociations de plus en plus difficiles avec les gros exploitants. Alors que le film remplissait parfaitement
les 80 sièges de sa seule salle UGC à Paris (celui des Halles), celui-ci a quand même été éjecté en deuxième semaine afin de faire de la place aux nouvelles sorties… Absurde et injuste ! Côté MK2,
ce n’est guère mieux : l’exploitant parisien de plus en plus monopolistique avait promis 4 salles au film de Dumont, qui n’en a finalement eu que 2 au dernier moment ! En gros : 2 copies ont été
fabriquées pour rien, et dieu sait si c’est un coût conséquent pour un pareil film… Pour Muriel Merlin, « il aurait fallu [au film] quinze salle en première semaine, il n’en a eu que cinq. Pour des
petits producteurs de films d’auteur, c’est une catastrophe ».

Autre problème, le peu de retombée financière du déjà peu d’entrées en salle : si comme avant, producteurs et exploitants se partagent 50 % des recettes chacun en première semaine, ce n’est plus
forcément le cas ensuite ! Les exploitants descendent sans scrupules la part producteur-distributeur à 40% en deuxième semaine, 30% en troisième, etc. Les petits producteurs n’ont d’ailleurs pas le
choix, sans quoi leurs films ne seraient plus du tout à l’affiche… Si on ajoute à ça les nouveaux frais liés à la visibilité des films en salle (affiches, diffusion des bandes annonces en
pré-programme…), qui étaient auparavant pris en charge par les exploitants, on comprendra encore mieux le danger de plus en plus prégnant qui pèse sur le cinéma d’auteur…

Jean Bréat, producteur des films de Bruno Dumont avec Muriel Merlin, évoque enfin un problème de public, qui n’existe hélas peut-être plus : « Il n’y a plus de public pour aller voir des films
comme « Hadewijch ». Ceux qu’on appelait les cinéphiles sont passés de 500 000 dans les années 60 à 50 000 maintenant. C’est un problème, il me semble, d’éducation. A l’école, autour de nous,
personne ne pousse pour que l’intelligence fonctionne. Aujourd’hui il n’y a plus de ciné-clubs, plus d’émissions télé sur le cinéma, et quand un Cassavetes passe sur ARTE, c’est en français. C’est
ce qu’on appelle le nivellement par le bas ».

Source : « Les cahiers du cinéma » n°652 (janvier 2010)






























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11 commentaires:

  1. salut

    je tiens à te présenter mes excuses les plus plates
    je figure dans tes liens et tu n'es pas dans les miens

    je répare ça de suite

    merci l'ami

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  2. Merci
    en général je ne vérifie pas systématiquement mais hier j'ai fait un tour des blogs
    et qu'ai je vu dans la liste de lien : mon site !!!!!
    que j'étais gêné
    j'ai réparé lol

    :)

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  3. les cinés-clubs ... pièces de musée malheureusement ...

    Bien à toi !

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  4. Pour en revenir à Dumont, il faut quand même dire que son film n'est pas complètement convaincant  non pas tant sur la forme (il y a du cinéma la dedans, c'est sûr) mais plutôt sur le fond :
    le film, me semble-t-il, souffre d'un trop grand nombre d'ellipses qui rendent difficilement crédible (on va dire ça comme ça mais ce n'est pas forcément le terme qui convient), intelligible
    (c'est mieux) le parcours de l'héroïne. Vous me direz que la foi ne se réduit pas à l'intellect certes mais Dumont parle aussi de géopolitique (séquence au Proche-Orient) et c'est là que ça se
    complique !!!

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  5. je ne peu que déplorer ce constat. j'ai d'ailleurs raté Hadewitch, à mon très grand regret. Tout le monde m'en a dit tellement de bien !
    Coppola a déclaré recemment 'les producteurs ne prennent plus de risque aujourd'hui. or, le cinéma sans risque, c'est comme le sexe sans contact." une vérité bien triste. Je deteste aller voir les
    films aux halles, mais c'est parfois ce qu'il y a encore de plus pratique pour moi. Le mode de distribution des films dans la répartition des gains est proprement scandaleux, proche de la manière
    d'agir des grandes surfaces à l'égard des agriculteurs.
    Mais je ferai parti du dernier des mohicans à défendre ce genre de cinéma. Et toi aussi j'imagine !

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  6. Jefferson Malaise14 janvier 2010 à 01:31

    C'est un film lourd, dans le sens où j'ai passé ma soirée à le digérer. Mais quel film, vraiment un plaisir à aller le voir ! Quel dommage que ce "cinéma" de qualité soit laissé de côté... Comme si
    réfléchir devenait trop compliqué.

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  7. la citation de Coppola n'était même pas une boutade je crois. Il est l'exemple que l'on peut être reconnu mondialement et faire un cinéma d'auteur de qualité. D'ailleurs, je vais aller me
    renseigner pour savoir si Tetro fonctionne bien (au vu du nombre de copies, bien sûr)

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  8. 261 000 entrées pour moins de 200 copies. C'est honorable, surtout face au torrent Avatar qui aspire toute la fréquentation, mais encore trop peu.

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  9. shui pas vraiment fan de son cinéma à dumont, mais ses films m'on tjs fait bloquer et m'on mis un peu mal à l'aise je te l'avoue avec son "cinéma vérité/clinique" (les fils de jésus et
    flandres j'ai vu que ça de ce cinéaste)

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  10. wé la vie de jésus pas les fils,sorry, les revu li y 3jours ce film,sais tu que david douche (freddy) a fini clochard dans les rues de lille, j'ai vu un reportage sur c+ une fois les gens lui
    parlaient de son film dans la rue alors qu'il errait sur le trotoir avec sa copine,trés triste tout ça...

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  11. ah ben non je savais pas ça... c'est triste cette histoire... encore une preuce que le cinéma d'auteur va mal : on ne paie pas assez ses acteurs !

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