mardi 5 janvier 2010

Monsters, de Gareth Edwards II (Grande-Bretagne, 2010)



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Avec « Monsters », Gareth Edwards renouvelle avec brio le film de science-fiction, à travers cette évocation d’un monde où le Mexique a été infesté de gigantesques créatures extraterrestres,
suite au crash d’une sonde spatiale qui ramenait des échantillons de vie d’une autre planète. Sachant rester à la hauteur de ses (faibles) moyens financiers, le cinéaste s’abstient bien entendu
de tenter le gros film d’action plein d’esbroufes et d’effets spéciaux. Il n’en renonce pas moins à ses ambitions et sait proposer un regard de biais sur un genre pourtant déjà bien défriché
avant lui… En adoptant le point de vue de deux quidams condamnés à traverser la zone « infestée », une jeune femme issue d’une riche famille et un photo reporter travaillant pour son père et
chargé de l’escorter, l’intention était bien entendu de conférer à l’aventure une dimension humaine et rationnelle. Mais sa modestie ne l’empêche aucunement de réaliser quelques séquences plutôt
impressionnantes, en montrant notamment les conséquences du passage des créatures ou les créatures elles-mêmes, soit par bribes (morceaux de tentacules par-ci, embryons accrochés aux arbres
par-là), soit dans des plans furtifs, donnant du grain à moudre à l’imagination du spectateur…

En favorisant la suggestion au choc frontal et démonstratif des images, Gareth Edwards se situe dans une certaine façon de faire du cinéma, fauchée mais roublarde, suffisamment maligne pour
maintenir l’illusion de cinéma jusqu’au bout dans l’esprit de celui qui regarde ! Il s’impose aussi en digne héritier d’un Spielberg, qui à ses débuts réussissait à terrifier le public par la
seule efficacité de sa mise en scène… D’ailleurs, certaines séquences de « Monsters » se rapprochent de la tension sourde qui émaillait certaines scènes de « La guerre des mondes », notamment
lorsque le personnage de Tom Cruise devait rester immobile avec sa fille alors que les créatures exploraient la pièce où il se cachait… Une fois encore, le cinéma nous prouve qu’il n’est pas
forcément affaire de moyens, mais d’intelligence et de sens pratique !

Au cours de leur odyssée dans la zone dangereuse, les deux personnages du film ne seront jamais montrés comme des héros. Jamais téméraires, ils sont avant tout des êtres humains ! Remplis d’un
impressionnant self-control certes, mais faillibles. Personne ne sauvera d’ailleurs le monde à la fin du long métrage, qui restera exactement en l’état où il se trouvait au début. Si les deux «
héros » tombent amoureux, la suite de leur histoire ne comprend cependant aucune garantie… Le réalisateur signifie là sa volonté de proposer un film le plus réaliste possible. Il n’hésite pas en
outre à ajouter un contexte social assez avancé à son scénario, décrivant des populations mexicaines pauvres et désemparées par rapport à l’horreur qui a touché leur pays, montrant un mur
d’enceinte pour isoler la zone infectée (mur de la honte, rappelant ceux que l’on construit aujourd’hui pour empêcher les clandestins de franchir des frontières), laissant derrière lui les
populations locales se débrouiller… pire que ça encore : l’armée américaine intervient pour détruire les créatures, ne lésinant pas sur les armes biologiques qui touchent aussi forcément les
populations humaines restantes… Sans compter que les créatures extraterrestres ne sont pas non plus présentées comme des ennemies : se défendant légitimement lorsqu’on les attaque, elles
ressemblent avant tout à de gros animaux tranquilles qui broutent (elles carburent à la lumière…) et qui se reproduisent… Le film tient d’ailleurs parfois du documentaire animalier à leur propos,
révélant quelques très belles scènes entre fascination et poésie !































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10 commentaires:

  1. C'est un peu du genre "Brume" ou pas ? Monstres supposés et furtifs plutôt que visibles ?

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  2. Ta critique plus celle de Mad Movies m'a donné envie d'aller voir ce film petit budget.

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  3. Ah je savais bien que ce "petit" film sans budget serait bien mais mal distribué en fait!! Le côté réaliste est une nouvelle mode je trouve dans les films fantastiques et franchement ça me
    plait!! ça change de ces blockbusters sans âme!!

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  4. Excellente surprise... Comme on a pu le lire le film est un bon mixte entre "District 9" et "Lost in translation". Le peu de moyen ne se voit pas du tout tellement ce film est bien fait. Peu
    d'action car la violence est surtout suggérée. La rencontre entre les deux "héros" est très réaliste avec une bonne dose de subtilité et de finesse. Au final ce film n'est pas un film d'horreur
    ou de science-fiction mais bel et bien un film sentimental avec même un message sur l'immigration. Un bon et beau film qui se termine par contre de façon trop brusque. 3/4

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  5. Content que tu l'aies apprécié: perso, j'avais peur de voir un ersatz de district 9 mais Monsters se révèle bien différent. Une bonne surprise !

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  6. p'tit film qu'il me tarde de découvrir en vérité... Encore faudrait-il que les monstres s'égarent par chez moi...

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  7. A ajouter à mes films à voir alors :)

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  8. Je trouve ça d'une platitude sans nom. L'histoire d'amour déclinée en filigranes est tout bonnement inouïe de vacuité. L'écriture des dialogues frise l'inconscience et les bestioles sont
    grotesques. Après vous pouvez vous enthousiasmer sur la qualité de l'image qui s'apparente au grain du documentaire, à l'esthétisme du safari mais franchement c'est assez faible dans l'ensemble,
    voire même ridicule souvent.

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  9. Moi j'ai bien aimé! J'ai trouvé malin et moins grotesque de suggérer la présence des monstres, plutôt que de nous livrer trop de scènes cash d'action et d'images de synthèse comme on voit
    partout...

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  10. oui "monsters" est plus subtil que certaines productions hollywoodiennes... d'ailleurs, c'est un film anglais ! :)

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