mardi 12 janvier 2010

Mardi, après Noël, de Radu Muntean (Roumanie, 2010)



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Note :
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"C'est impressionnant tous ces (longs) plans séquences enchaînés !", s'exclameront avec beaucoup d'admiration les amateurs de défis techniques et cinématographiques. "C'est quasi bergmanien cette
description forte et talentueuse de tous ces sentiments rentrés !", s'extasieront les cinéphiles passionnés... Et ils auront très probablement tous raison de parler ainsi du film de Radu Muntean
! Si son « Mardi, après Noël » est réussi, c’est dans son intensité formelle et conceptuelle : quasi absence de montage, qui donne un enchaînement de très longs plans presque fixes (on est
presque dans le « 1 plan / 1 scène »), pour raconter une histoire d’adultère toute en intériorité et en violence feutrée… Apre et réaliste, le film tarde peut-être un peu à « accrocher » son
spectateur (si l’on puit dire…) et pourra rebuter un bon nombre de personnes. Cependant, à partir du moment où le mari avoue sa liaison à sa femme, on sent une « fulgurance statique » dans le jeu
des acteurs et le bouillonnement intérieur de leurs personnages. C’est presque invisible et ça devient pourtant bouleversant, tout comme peut l’être aussi cette tristesse qui semble émaner de
tous ces êtres humbles et toujours prêts, apparemment, à devoir endurer le pire… « Une tristesse de l’Est », si je peux me permettre pareille expression, qui rend ces visages si beaux et
expressifs.

Mais à trop vouloir inscrire son film dans une sorte de défi formel, le cinéaste finit par toucher du bout de l’objectif les limites du cinéma. Parce qu’au fond, à force de faire durer les plans
et de refuser une mise en scène plus subjective, qui viserait à couper (par des ellipses), à opposer (par un contrechamps), et finalement à « interpréter » son script, Muntean s’enferme quelque
part dans une sorte de non-cinéma, en intervenant le moins possible sur son film et en se rendant le moins visible possible en temps que metteur en scène. D’après son discours, c’était
apparemment justement là ce qu’il souhaitait faire, afin notamment de privilégier le jeu des acteurs. Une telle humilité est certes tout à son honneur, mais on peut aussi se demander si un tel
parti pris ne fige pas son film dans une sorte de concept un peu vain et n’annihile pas en fin de compte la nature même du cinéma ? « Le plus beau compliment qu’on m’ait fait jusqu’à présent est
"le film m’a plu mais je n’ai pas compris ce que tu as fait sur le tournage" », confie Radu Muntean. Un film sans réalisateur serait-il alors encore un film ?































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3 commentaires:

  1. je suis assez d'accord même si j'ai passé un bon moment. Je n'ai pas vu le temps passé. Je m'attendais à un nouveau 4 mois 3 semiane et 2 jours, mais on en est loin quand même...

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  2. Je te trouve bien injuste et finalement contradictoire sur ce film, qui m'a pour ma part enthousiasmé. Certes au début je me suis fait chier (et alors, un film ou je me suis ennuyé peut bien me
    plaire, non ?). Le moment de l'aveu qui tombe comme ça, presqu'à l'improviste, est EXCEPTIONNEL, comme tu le dis et d'une certaine façon il éclaire rétroactivement tout ce qu'on vient de voir, et
    tout ce qu'on va voir. Quant à l'argument sur les plans fixes, il m'étonne d'un aussi fin connaisseur que toi : il y a cent façons pour un réalisateur de faire de la mise en scène avec des plans
    fixes. Profondeur de champ, jeu sur les focales, personnages qui entrent et sortent du champ, sons, évènements hors champs, lumière, jeu des acteurs, reflets, etc.... Il n'y a pas que Bergman qui
    était brillant avec les plans fixes : Tarkovski, Angelopoulos et même Hitchcok. J'ai triuvé le film d'une justesse incroyable, je suis absolument certain de m'en souvenir dans 10 ans, comme la
    plupart des (rares) spectateurs qui l'auront vu. 

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  3. en fait, je parlais de "l'absence de mise en scène" surtout parce que le réalisateur la revendique lui même... en fait, pour chercher le réalisme et laisser le "champ" libre aux acteurs (dans
    tous les sens du terme) il a surtout laissé tourner la caméra, en veillant surtout à ne pas trop la bouger... ni trop couper :)

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