dimanche 10 janvier 2010

Harry Brown, de Daniel Barber (Grande-Bretagne, 2011)



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Note :
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Sortie nationale le 12 janvier 2011



 



On ne pourra pas nier qu’« Harry Brown » possède une mise en scène impressionnante et très maîtrisée… L’efficacité de certaines séquences hyper violentes fait exploser la pellicule à plusieurs
reprises : rien que la scène d’ouverture du film, où l’on voit deux jeunes à moto tuer une mère promenant son landau juste pour le fun, avant de se faire renverser par un camion, le tout en
caméra subjective, est à la fois éprouvante et marquante, donnant d’emblée le ton d’un film profondément noir et pessimiste… L’atmosphère glauque, la photographie très sombre et en même temps
très esthétique, beaucoup de paramètres contribuent à faire du film de Daniel Barber une œuvre appréciable et intéressante.

Là où le bât blesse, par contre, c’est dans le contenu idéologique du long métrage. Si la forme est sans bavure donc, on ne pourra en effet peut-être pas en dire autant du fond… A travers cette
histoire d’ancien marine retraité dans une cité difficile de Londres, qui cherche à venger son seul ami tué par de jeunes délinquants puisque la police semble impuissante à résoudre l’affaire,
Daniel Barber prend le risque de dresser une apologie dérangeante de l’autodéfense un peu réactionnaire… Pourtant, on comprend bien sa démarche et sa volonté de décrire des jeunes perdus qui sont
devenus des bêtes et qui commettent les pires crimes de façon purement gratuite, juste parce que c’est cool ou fun, et que ça fait des super « snuff » vidéos sur son téléphone portable. Pour
mieux appuyer son discours profondément sinistre et désespéré, il en oublie de dire que les cités sont aussi habitées par des gens « normaux », qui tentent comme ils le peuvent d’intégrer une
société qui les rejette… Du coup, on ne voit que les trafiquants au milieu de ces barres HLM sales et tristes, qui ne possèdent plus la moindre humanité et où la moindre intrusion policière ne
peut que se terminer en émeute généralisée. Alors oui, c’est vrai, la vermine et la violence gratuite existe, mais le réalisateur prend ici le risque d’un discours très conservateur et
pro-policier en montrant qu’il n’y a finalement rien à sauver en banlieue, si ce n’est des gens comme Harry Brown, honnête citoyen, qui poussé à bout peut se transformer en néo-« Inspecteur Harry
», le choix de son prénom n’étant d’ailleurs sans doute pas complètement innocent…

Quoi qu’il en soit, il s’agit de ne pas toujours faire la fine bouche et de savoir apprécier un vrai bon polar quand on en voit un. « Harry Brown » reste ainsi une œuvre forte et brutale, à la
réalisation sombre et classieuse, portée par une interprétation remarquable, Michael Caine en tête !































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5 commentaires:

  1. ça, ça respire le "gran torino" qui aurait été bouffé par "Un justicier dans la ville"!! Je suis curieux de le voir quand même.

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  2. Avec Black Swann, le film qui inaugure le prochain Palmarès 2011 !

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  3. J'ai aussi été à la fois bluffé par la qualité de la mise en scène et dégoûté par ce discours fascisant qui gâche tout. C'est dommage, le film possède pas mal de qualités artistiques et
    Michael Caine y est formidable.

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  4. A noter qu'il est sorti en blu-ray en UK depuis un lustre.

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