lundi 4 janvier 2010

Donoma, de Djinn Carrenard (France, 2010)



donoma.jpg



 



Note :
star.gif

star.gif



Film actuellement en quête de distributeur : sortie prochaine espérée



 



Peut-on réaliser un film avec 150 euros ? Pour Djinn Carrenard, la réponse est oui ! Poussé par la folle envie de réaliser son propre long métrage, sans partir à la recherche éreintante de
financements qui peut-être ne viendraient jamais, ce jeune cinéaste s’est entouré de plein de bonnes volontés (bénévoles) et s’est lancé à corps (et à cœur) perdu dans l’incroyable aventure de «
Donoma »… Si l’on reste parfois suspicieux devant le budget prétendu du film, on admet aisément que son économie a dû imposer bon nombre de drastiques restrictions : tournage en vidéo et en
équipe réduite, situé intégralement en milieu urbain et en décors naturels (façon nouvelle vague ?), squat probable d’appartements d’amis, etc. Quoiqu’il en soit, en dépit de moyens dérisoires,
force est de constater que le pari du premier film est largement réussi, surtout que ce film-là se laisse voir en plus avec un intense plaisir…

Si « Donoma » n’est pas exempt de maladresses (cadrages approximatifs, effets de mise en scène amateurs et parfois un peu agaçants), il n’en reste pas moins très touchant, parfois justement à
cause de ses failles… D’ailleurs, cette façon de filmer si près des corps, parfois de ne filmer qu’une partie de ces corps, pas forcément la plus attendue, ne rappelle-t-elle pas un peu la patte
sensible et sensuelle d’un Cassavetes ? Dans un mélange de drôlerie et de tendresse, le film offre au spectateur une vision de l’amour moderne et décalé, en phase finalement avec les conceptions
de la jeunesse d’aujourd’hui, à mille lieues des clichés attendus ! En entremêlant assez habilement plusieurs récits de couples improbables (une jeune prof entretenant des rapports ambigus avec
son élève le plus turbulent, une photographe décidant d’avoir une liaison sans paroles avec le premier venu dans une station de métro, une fille complètement athée affublée des stigmates du
Christ s’éprenant d’un garçon adepte de la prière dans le train du matin…), Djinn Carrenard évoque de nombreux sujets, toujours avec un point de vue oblique et inattendu : le religieux, l’amour,
l’état de la société, le désenchantement ou le doute des jeunes adultes du monde actuel… « Donoma » cherche à dire beaucoup, avec un côté fourre-tout assez sympa et décomplexé, ce qui ne fait que
décupler encore son charme !

Mais au-delà d’une mise en scène aventureuse ou d’un scénario en quête de sens, ce que réussit probablement le mieux le jeune réalisateur, c’est la direction d’acteurs ! Avec toute une troupe de
jeunes comédiens frais et aimables, il invente un procédé de tournage qui fait très vite ses preuves : sur un canevas et des situations définies à l’avance, les acteurs improvisent souvent des
dialogues, avec une aisance incroyable et un plaisir visible… Ce procédé a d’ailleurs pour conséquence de rendre les séquences plus vraies que nature, parsemées d’un parler naturel et
contemporain, qui sonne toujours juste.

Bon, c’est vrai que le film gagnerait certainement à être un peu plus resserré (il avoisine les 2h15 dans sa forme actuelle), n’empêche qu’il propose une vraie petite expérience, inventive et
astucieuse, en-dehors des schémas trop traditionnels du cinéma, rappelant alors combien le travail de l’image doit être un chantier permanent épris de libertés !

Donoma le site































  • Plus










3 commentaires:

  1. "monsters" est un film qui a bien caché son jeu


    certains parleront de supercherie (mais où sont les monstres)


    les vrais héros (ou anti héros conviendraient mieux) sont ce couple qui se forme comme ça, comme nait une superbe et touchante histoire d'amour


    quand en plus on sait que les deux toutereaux sont mariés à la ville, ça donne encore plus de crédit à l'ensemble


    l'un des films de cette fin d'année

    RépondreSupprimer
  2. Il y a quand même quelque chose de surprenant à penser que l'initiative de ce cinéaste original est audacieuse ou innovante. Il n' a rien inventé et depuis des années, des réalisateurs français
    réalisent des films avec très peu de moyens (entre 500 euros et 50.000 euros pour les plus aisés...) pour le marché dvd notamment, des diffusions sur grand écran dans des festivals etc : 
    Jean Rollin, Rémi Lange, Jann Halexander etc...de plus leurs films marchent, sont vus par des milliers de gens...seulement on en parle par sur allocine...la belle affaire...

    RépondreSupprimer
  3. je vois ce que vous voulez dire... mais la démarche me parait différente avec carrnard...


    un jean rollin avec 500 euros vraiment ? rien que pour payer la pellicule... ;)


    et pour remi lange, sa démarche est quelque chose de très personnel, pas forcément du cinéma d'ailleurs (mais j'aime bcp, hein ! enfin je n'ai vu que "omelette" et "les yeux brouillés", il a fait
    autre chose ?)


    je ne connais pas le 3e que vous citez...


    merci de votre témoignage !

    RépondreSupprimer