lundi 11 janvier 2010

Bright star, de Jane Campion (Etats-Unis-Grande-Bretagne, 2010)

bright star


Note :
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Jane Campion a un talent immense pour filmer avec une infinie subtilité la naissance de l’amour. Car c’est bien surtout de cela dont il est question dans « Bright star », du nom du poème que John
Keats dédia à sa voisine, Fanny Brawne, avec qui il entretint des rapports amoureux… Les moments où ils se retrouvent tous les deux sont à chaque fois des séquences de poésie pure, très belles et
très lyriques, qui donnent le sentiment que rien ne peut leur arriver. Pourtant, une question d’argent, elle trop riche et lui pas assez, les oppose violemment et empêche le poète de demander sa
muse en mariage… Quand on sait que ce n’est pas l’argent, mais bien la mort, qui les empêchera définitivement de consommer leur union si parfaite, on comprend alors tout le caractère tragique et
romantique de cette très belle fresque.

Avec une mise en scène douce, fluide et joueuse, la cinéaste nous transporte dans un 19e siècle forcément idyllique et sublimé, la reconstitution historique ne l’intéressant que pour l’apparat (les
décors, les costumes sont très réussis) et non pour restituer un contexte social ou politique. Dans ce décorum de rêve, ainsi, elle filme deux amoureux qui s’apprivoisent doucement et finissent pas
s’aimer intensément, comme des enfants. L’amour est forcément très tranché, soit tout blanc soit tout noir, sans juste milieu. Sans le moindre cynisme, l’histoire est rendue poétiquement, aidée par
une nature généreuse et symbolique, véritable vivier de l’amour ! Esthétiquement irréprochable, « Bright star » brille d’une lumière éclatante et radieuse, qui s’invite véritablement dans tous les
plans. Les deux jeunes acteurs sont parfaits, que ce soit Ben Whishaw, en poète délicieux et tendrement mélancolique, ou Abbie Cornish, passant en un instant de la gaieté la plus innocente à des
explosions de tristesse sombre et désespérée… Les autres rôles, même parfois effacés, demeurent toujours très fins et très subtils, chaque personnage, même le plus insignifiant, étant profondément
et intelligemment psychologisé. Tout est vraiment très beau dans le nouveau Jane Campion, qui sait rendre palpable le magnétisme intérieur des êtres débordant d’amour !






























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7 commentaires:

  1. Oh là là, j'aurais voulu l'écrire cet article-là, merciiiiiiiiiiiiiiiii !

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  2. J'ai vu la bande annonce...
    j'hésite ...
    Bien à toi !

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  3. Que dire de plus... Tu décris vraiment bien l'atmosphère de ce très beau film !

    J'ajouterai simplement que le musique du film est à la hauteur de sa beauté visuelle et que les poèmes de Keats se fondent parfaitement dans l'ensemble...

    Un film à aller voir tout simplement !

    Amicalement,
    Delphine.

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  4. La première moitié du film m'a vue sceptique. La photo était superbe (par contre les tenues de Fanny absolument affreuses) mais je n'ai pas cru à cet amour entre ce poète délicat et cette version
    19ème de l'écervelée plus préoccupée par ses tenues que par le reste. Et puis l'alchimie a opéré entre les deux acteurs et je me suis retrouvée à pleurer à la fin, moi qui pleure rarement...
    En plus, ce film comporte l'un des plus beau baisers que j'ai vu au cinéma (le premier baiser, si doux et chaste et pourtant si intense). J'ai bien envie de rajouter la vidéo de celui-ci à
    l'article que je vais écrire à son sujet!

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  5. Un plan très court restera dans ma mémoire pendant un ptit bout de temps : Fanny et Keats improvisant un "1...2...3...Soleil". Poignante tendresse....
    C'est ainsi que Campion avance : des petites touches, qui isolément ne construisent rien, peuvent perdre le spectateur, mais au final dessinent quelque chose comme une poésie. Un grand film SUR la
    poésie donc ?

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  6. Ah oui, et les costumes!! Ils sont d'une telle laideur (pardon donc de te contredire)!! Mais j'ai ma petite théorie la dessus : dans sa belle intelligence artistique, Jane campion fait porter à ses
    personnages des habits grotesques (cf Fanny, ou même Keats trop corseté), mais subtilement, ca ne saute pas au yeux, c'est au bout d'un certain temps que l'on remarque cette légère folie qui
    contamine le film. En fait de folie, il s'agit d'un monde poétique, je crois. Par exemple, le frère. Quel personnage étrange... Parle peu, toujours effacé, le regard qu'on peutdificlement
     interpréter (inquisiteur? plein de compassion -cf la scène de Noël?). Dans son costume qu'il porte très mal (enfin moi ca m'a choqué) est-il vraiment de ce monde? Du notre, certainement pas.
    Mais dans cet univers qui porte une telle force, il est assurément l'une des notes principales, fugitives mais qui résonne le film durant. Ahh Jane, merci merci merci

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  7. bel argumentaire !
    j'avoue ne pas avoir un goût aussi développé que le tien pour la mode et les costumes... nobody's perfect !

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