samedi 21 novembre 2009

Kinatay, de Brillante Mendoza (Philippine, 2009)




Note :



Mendoza est très probablement un cinéaste très « brillante » ! (ah ah, désolé mais fallait que je la fasse, celle-là…) En quelques films seulement, il a su imposer une vraie texture à son œuvre, un
art de la mise en scène tout à fait personnel… Avec « Serbis », sa façon de laisser se dérouler sa fiction comme un documentaire explosait partout sur l’écran, pour la plus grand bonheur ou malheur
des spectateurs. Car le problème avec ce cinéaste philippin, c’est que ce qui envoûtent tellement ses défenseurs dans son cinéma, c’est exactement ce qui peut en agacer beaucoup d’autres. Sa façon
de dilater le temps, par exemple, de s’appliquer à tout montrer dans la durée, peut fasciner, mais peut tout aussi bien lasser et ennuyer…
Dans « Kinatay », on a la chance d’avoir un récit un peu plus construit et orienté que dans ses films précédents, mais le « filmage » à la façon documentaire demeure cependant bien présent. Le film
nous propose ainsi une plongée dans la ville de Manille et dans le quotidien de ses habitants. Mais le réalisateur sait garder la main sur un fil rouge cette fois-ci et retenir ainsi un peu plus
facilement l’attention du spectateur : il s’agit du personnage de Peping, un jeune homme de 20 ans qui étudie pour devenir policier. Mais comme la vie n’est pas aisée à Manille, surtout avec une
copine et un enfant, il trafique un peu à droite et à gauche pour joindre les deux bouts. Une nuit, cependant, il accepte un « travail » qui va l’entraîner dans un atroce cauchemar, avec cadavre
découpé en morceaux à la clé…
Le plus intéressant dans « Kinatay », c’est l’itinéraire de ce pauvre garçon. Tout le film se déroule en fait sur 24 heures, qui vont passer en nous montrant la perte progressif de son innocence.
D’un matin ensoleillé jusqu’à l’aube suivante où le soleil semble avoir de la peine à se lever à nouveau, Peping va ainsi passer de la lumière à l’obscurité, de son propre mariage – expédié en
quelques minutes au début du film – à cette virée nocturne désespérément interminable, criminelle et glauque. Mendoza a du talent pour donner une conscience forte de la temporalité : le temps du
bonheur paraît ne durer qu’un instant comparé à celui de l’horreur, dilaté à l’infini. Le voyage en voiture avec le corps de la captive que tout le monde croit mort est un moment long et
particulièrement éprouvant (pour ceux qui auront su rester éveillés jusque-là).
Travaillant pour devenir un justicier, il va paradoxalement cautionner le meurtre d’une prostituée. Même s’il n’y participe pas directement, son silence devant l’horreur va suffire à son
acceptation. Le tee-shirt de son école, qu’il porte tout au long du film, dit en substance qu’une fois l’intégrité perdue, il est impossible de la retrouver : cette nuit lui aura-t-elle
définitivement fait perdre son intégrité ? Sera-t-il du côté du mal toute sa vie désormais ? La fin du film nous laisse plutôt un goût d’amertume, avec ce personnage perdu, culpabilisé, terrifié à
l’idée de ce à quoi il a participé. Comment vivre avec ça maintenant ? Pourtant, les derniers plans nous démontrent que la vie continue bel et bien, malgré tout…






























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