dimanche 22 novembre 2009

Grimm love, de Martin Weisz (Allemagne, 2006)




Note :







« Grimm love » est le récit d’une histoire d’amour flamboyante entre deux hommes. La clé du film demeure peut-être dans cette discrète référence aux frères Grimm (auteurs des fameux contes), à
travers le titre anglais mais aussi au détour d’une remarque d’un des deux personnages principaux : les deux frères étaient les seuls à voir tous ces personnages fantastiques et étranges que l’on
retrouvent dans leurs histoires ; ils s’aimaient pour cette parfaite compréhension l’un de l’autre… Ici, les deux personnages en présence sont eux aussi parfaitement complémentaires et vivent par
là même une union d’amour fou et absolu : l’un a besoin de chair humaine et l’autre veut se faire dévorer vivant !
Plus sérieusement, « Grimm love » (dont le titre allemand original est « Rohtenburg », du nom de la ville de Bavière où se sont déroulés les faits évoqués) est un film très particulier, ne
serait-ce déjà que par son sujet, puisqu’il s’inspire en grande partie d’une histoire réelle, un fait divers qui avait défrayé la chronique en Allemagne au cours de l’année 2001 : l’histoire
d’Armin Meiwes, adepte de cannibalisme, qui mutila puis dévora Bernd Jürgen Brandes, avec son consentement, et en commençant par son pénis, avant de lui prélever et de se délecter de 30 autres
kilos de son corps… En adaptant cette affaire au cinéma, Martin Weisz s’est heurté à une forte censure dans son pays, où le film a du attendre trois ans avant de pouvoir sortir.
Oscillant entre film d’horreur et (mélo)drame psychologique, il faut bien commencer par reconnaître que « Grimm love » est un film très dérangeant. On y suit le parcours de Katie Armstrong, jeune
étudiante fascinée par le fait divers sordide, qui décide d’enquêter sur les lieux du crime en vue d’en faire sa thèse. Parallèlement, on suit toute l’histoire du cannibale et de sa « victime
consentante » en flash-back, depuis leurs enfances respectives très perturbées jusqu’à l’acte fatidique… On est captivé comme la jeune femme par la vie de ces deux personnages et par leur rencontre
sous le signe de l’horreur, pourtant filmée comme une véritable histoire d’amour. On éprouve comme elle un mélange de curiosité malsaine et de profond dégoût, qui ne nous empêche pourtant pas de
vouloir en savoir toujours plus… Le film se double ainsi d’une profonde réflexion anthropologique sur nos propres pulsions enfouies et souterraines, sur le voyeurisme propre à chaque être humain et
sur les tabous fondamentaux des grandes civilisations.
Mais en plus de parvenir à nous troubler profondément sur un plan réflexif et psychologique, le film possède en outre un intérêt cinématographique évident. Parvenant à un mélange des genres
étonnant et détonnant, le réalisateur soigne sa mise en scène et réussit des images vraiment impressionnantes, notamment dans le traitement de la couleur, de la lumière ou encore la distinction
entre les différentes époques évoquées… Superbe dans sa forme, on pardonnera ainsi quelques légers ratés à « Grimm love », notamment la scène dite de « la dégustation de la bite », qui frise le
grand guignol, lorsque le personnage émasculé goutte son propre pénis cuit à la poêle par son hôte cannibale et regrette que ce soit « trop dur » alors même que « tout devait être parfait »… On
sourit ainsi quelques secondes avant de replonger dans une atmosphère oppressante et glauque, ce qui n’est peut-être en fin de compte pas plus mal.
Le film n’est hélas pas sortie en France pour le moment, ni en salle ni en DVD. Il existe cependant une version canadienne du DVD pour bénéficier des sous-titres français. Avis aux amateurs…






























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