Donnie Darko, de Richard Kelly (Etats-Unis, 2001)

Note :









Info : le film sera diffusé jeudi 19 novembre à 20h45 sur ARTE

« Donnie Darko » est un film captivant de bout en bout ! Si le début du film vous paraît conventionnel – l’histoire d’un adolescent qui échappe à la chute d’un moteur d’avion dans sa chambre grâce
à une crise de somnambulisme et à un lapin géant nommé Frank qui lui indique le temps qu’il reste avant la fin du monde –, vous ne pourrez qu’être emballé par la suite, qui va de surprises en
surprises, d’aventures rocambolesques en chemins de traverses… Tout ça pour dire que dans le premier film de Richard Kelly (dont « The box » est actuellement à l’affiche), il semble impossible de s’ennuyer une seconde !
Dès ce premier coup de maître, le cinéaste sait imposer son style étrange et particulier, souvent complètement foutraque et déjanté. Il sait faire naître le bizarre au sein de ce qui semble être un
quotidien des plus tranquille, à la façon d’un conte fantastique d’une inquiétante étrangeté… Alors que le film commence un peu comme un « teenage movie », il se précipite ensuite assez vite dans
tout un tas d’autres genres et influences en tout genre : fantastique, science-fiction, conte, drame psychologique, voire carrément psychanalytique… On sent flotter sur « Donnie Darko » l’ombre de
nombreux grands auteurs, de Steven Spielberg à David Lynch, auxquels Kelly rend divers hommages sans que cela ne soit nullement appuyé… Le jeu des influences demeure effectivement très subtil et le
réalisateur ne souffre jamais de la comparaison, tant son talent est immense pour nous présenter une œuvre parfaitement originale et personnelle ! Une œuvre qui ne manque pas d’humour par ailleurs,
notamment lors d’une séquence où l’on entend quelques théories étonnantes et très argumentées sur la vie sexuelles des schtroumpfs…
Donald Darko, interprété par le jeune et déjà très fringant Jake Gyllenhaal (qu’on retrouvera plus tard et plus grand dans « Brokeback mountain », entre autres), est presque un archétype, avec tout
ce qu’il faut d’exagérations dramatiques, de l’adolescent perturbé, étranger aux autres et à soi-même… On assiste finalement à une forme de psychothérapie du personnage principal et chaque étape de
son aventure s’associe en fin de compte assez finement aux épreuves que les jeunes héros de contes de fées doivent subir et traverser victorieusement pour accéder à l’âge adulte...
Au casting, on retrouvera également avec beaucoup de plaisir Drew Barrymore, Noah Wyle (le docteur Carter de feu la série « Urgences ») ou encore Patrick Swayze (paix à son âme !) dans un rôle
étonnant de gourou new-age pédophile… Délectable !
La fin du film, pour terminer (héhé), perturbe et remet en cause tout le déroulé du film qui a précédé… On peut alors se demander à quoi exactement nous venons d’assister : un rêve post-mortem ?
une alternative à la réalité ? la vision d’un monde parallèle ou d’un futur conditionnel ? Est-ce une façon pour le réalisateur de nous prouver que la fatalité n’est pas une option nécessaire en ce
monde ? Quoiqu’il en soit, on reste subjugué par ce déballement d’images purement jouissif de la première à la dernière prise de vue… Les yeux scotchés à l’écran, on en redemande quand le générique
de fin apparaît et on gardera probablement encore longtemps en mémoire ce sourire inquiétant que Donnie Darko arbore tout au long de son aventure aussi fascinante qu’étonnante…