vendredi 23 janvier 2009

Le père de mes enfants, de Mia Hansen-Love (France, 2009)

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Note :
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Le film s’ouvre et se ferme sur des plans de circulation dans la ville de Paris. Quand les premiers sont sursaturés de signes, d’enseignes et de couleurs, au point que l’on ne distingue finalement
plus rien dans un univers oppressant, les derniers semblent plus ouverts, plus libres et moins anxiogènes, au moment justement où les personnages quittent la capitale… « Le père de mes enfants »
est un film prenant d’un bout à l’autre, grâce à la mise en scène précise et intelligente de Mia Hansen-Love, qui nous immerge parfaitement dans cette intrigue circulaire, construite sur les
nombreux aller-retour entre Paris, la province et même l’étranger… Un long métrage qui joue en somme sur la géographie et qui parvient à en tirer un sens pertinent et percutant.

L’exploitation spatiale parcourt d’ailleurs tout le film, à commencer par les aléas incessants de ce très beau personnage de Grégoire Canvel, incarné par le charismatique Louis-Do de Lencquesaing,
en mouvement perpétuel, se débattant constamment avec la vie… C’est bien simple d’ailleurs : à partir du moment où il s’arrête, où il se permet une sieste dans son bureau, où il se retrouve face à
son propre reflet dans l’écran éteint de son ordinateur, c’est là que rien ne va plus et qu’il décidera très soudainement d’en finir avec la vie. La scène du suicide est filmée très brutalement et
en même temps furtivement, ce qui ne la rend que plus inattendue encore… Durant toute la première partie du film, on découvre pourtant sous ses traits un personnage alerte et bon vivant, heureux en
ménage et exerçant un métier qui lui plait. Il est producteur indépendant de films et l’on découvre à travers lui un métier passionnant et surtout très prenant. L’homme est attentif à tout et à
tous, ce qui le rend bien sûr un peu moins disponible pour sa petite famille, mais il est pourtant loin d’être un père ou un mari absent… Ce personnage remarquablement écrit et interprété s’inspire
en outre d’un producteur ayant réellement existé et que la réalisatrice a côtoyé juste avant sa disparition brutale en 2005 : Humbert Balsan.

Dès le début du film, on découvre donc un homme qui respire la joie de vivre et tâche du mieux qu’il peut de la communiquer aux autres. Il va même jusqu’à dire à sa fille adolescente : « J’aimerais
beaucoup que tu te décides à être heureuse ». Comme si le bonheur, au fond, n’était qu’une question de volonté. Pourtant, on sent que l’étau, surtout financier (sa maison de production est au bord
de la liquidation), se resserre sur cet homme qui s’est peut-être épuisé à tout donner aux autres… La grande subtilité de la réalisatrice est de ne pas nous donner d’explication très nette sur la
mort soudaine et désespérée du personnage. Dans la seconde partie du film, on sent bien que chaque personne de son entourage cherche à savoir pourquoi il a fait ça : est-ce la ruine qui le guettait
? ce tournage d’un film suédois qui n’en finissait pas et auquel il tenait si fort ? un sentiment d’échec ? un passé plus trouble qu’on ne le pensait ? un geste inconsidéré ? Si l’une de ses filles
se sent abandonnée et trahi par son père, une autre va se retrouver à enquêter sur un secret familial ressurgi… La mère, de son côté, va chercher à conclure en beauté le travail inachevé de son
mari. Chacun, au fond, va chercher à se reconstruire et à aller de l’avant à travers sa quête de sens… C’est beau et subtil, jamais appuyé, et l’on sort de ce « film double » ému ou bouleversé…






























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